vendredi 8 janvier 2010

La Grande Bouffe


Mastroianni palpe la fesse parfaite d'une statue, Piccoli fouette de ses gants une autre statue, tout aussi nue, Noiret a une collection de photos de femmes nues qu'il projette en diapositives pendant l'un des multiples repas.

Mastroianni, en voyant Piccoli valser avec une tête de cochon, dit sans conviction aucune, le regard plein d'apréhension: "Que la fête commence!"

On devine une tension intérieure.
Le train de la débauche est en marche.

Je ne sais trop pourquoi mais ce film était toujours sorti de mon radar.

L'oeuvre de de Marco Ferreri de 1973 été destinée à choquer. Sinon on aurait pas fait appel au dialoguiste Françis Blanche. Le film avait causé tout un émoi à l'époque au festival de Cannes à l'époque étant copieusement hué par les critiques sur place. Toutefois le public, une fois le film mis sur le marché, avait choisi de faire de ce film l'un des plus grands succès du box-office.

Le film raconte l'histoire de 4 amis se réunissant dans une maison luxueuse le temps d'un week-end afin de se suicider collectivement par suralimentation.

Ça vous rappelle quelque chose? Leaving Las Vegas oui, même histoire mais un seul homme, Nicolas Cage, qui se suicide par surconsommation d'alcool. Il est certain que l'auteur de la nouvelle Leaving Las Vegas, John O`Brien, eût été influencé par le film de Ferreri pour son oeuvre. Renforçant cette impression est le fait que Cage ne mange pas une seule fois dans sa chute aux enfers alors que dans La Grande Bouffe c'est tout le contraire. Toutefois le suicide de O'Brien quelques semaines après la vente des droits d'adaptation de son livre à Hollywood peut simplement laisser croire au départ fantasmique qu'il se souhaitait. Mourir dans son sommeil auprès d'une belle femme intoxiqué au maximum.

Intoxiqué au maximum...
C'est ce que sont nos quatres protagonistes dans La Grande Bouffe. Ugo, le restaurateur, Marcello le pilote d'avion, Phillipe, le juge, Michel, le réalisateur #télé et Andréa, l'institutrice se gavent à n'en plus finir de plats préparés par Ugo. Remarquez que les 5 comédiens, Tognazzi, Mastroianni, Noiret, Piccoli et Férréol ont tous gardé leur réèl prénom pour ce film. Et la chimie entre les 5 comédiens est tout simplement extraordinaire.
On commence à manger dans la dixième minute dans la voiture qui mène à la luxueuse maison de retraite (où ils seront tous sous de faux prétextes)et on n'arrête tout simplement plus. Pendant 120 minutes. Tel un robinet que l'on aurait ouvert et laissé sans surveillance. Tognazzi bosse dans les cuisines, Piccoli erre du piano au vin qu'il picole sans cesse avec ses bruyants intestins, Mastroianni tombe en amour avec une vieille voiture Bugatti, la bricole, et fait venir trois prostituées car il doit baiser à tout prix ce qui ne plait pas à Noiret, qui rêve d'un peu de romantisme devant sa collection de photos de femmes nues de son adolescence. Il invitera Andréa Ferréol l'institutrice qui passera d'un homme à un autre sans distinction une fois les putes apeurées par leur projet collectif.

Cette critique de la société de consommation est encore plus pertinente aujourd'hui.

Elle ne donne définitivement pas faim car la nature du film est tout à fait orgiaque. D'ailleurs si vous tapez "La Grande Bouffe" sur imdb.com on vous suggère comme film du même genre Salo: les 120 jours de Sodome de Passolini.

Ce film reste une grande oeuvre où la démesure évoquée n'est pas sans rappeller la nôtre en 2009.

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