jeudi 22 avril 2010

Je Ne Vote Pas Donc Je Suis


Quand je découvre un auteur en littérature ou ailleurs (en cinéma) et que je choisis de le suivre c'est parce qu'il m'a touché d'une certaine manière.

Je retournerai communier à son oeuvre afin de voir si il serait encore en mesure d'avoir un certain impact sur ma vie.

Quelque part j'ai reconnu quelque chose qui fera de moi un homme nouveau, changé, meilleur. J'écoute la radio de Radio-Canada exclusivement car il n'y a pas de pub oui, mais surtout parce que chaque fois je me sens plus intelligent par la suite. Le poste/l'émission a activé mon moteur de réflexion et j'en suis légèrement transformé.

En amour c'est la même chose.

Quand j'ai rencontré l'amoureuse, chaque contact en sa présence faisait de moi un meilleur homme. Je me transformais afin de lui plaire, elle me transformait avec sa vision des choses, nous nous fondions l'un dans l'autre par mimétisme afin de devenir "l'army of one". Chaque jour qui passe elle est mon inspiration.

Au bout du compte deux nouvelles bêtes ont pris racine à notre amour. Nous rendant encore meilleurs, nous faisant nous surpasser.

En politique c'est un peu la même chose. Toutefois en littérature, en cinéma, en radio, en amour, on peut choisir de passer une vie entière sans s'impliquer. Une vie complète sans les vitamines de chaque catégorie et les trouver ailleurs sans trop en souffrir totalement. En arrivant à se réaliser dans un relatif bonheur. La politique toutefois, est partout. Que l'on choisisse de s'y intéresser ou non, elle nous talonne dans notre quotidien en tout temps.

Quand on paie pour prendre l'autobus, quand on fait notre épicerie, quand notre magasin préféré est ouvert, quand on fait notre déclaration de revenu, quand on s'achète une maison, quand on se stationne dans la rue, quand les enfants vont à l'école, quand on arrose notre terrain la nuit, quand on sort du pays, quand on y revient. On ne peut pas dire "moi la politique je m'en fous" elle nous suit tout partout.

Elle vous suivra dans vos rapports avec vos collègues au travail, chez les instructeurs sportifs dans les sélections de joueurs, chez les gens qui refont la rue en face de votre entrée.

Quand je dis qu'en politique c'est un peu la même chose c'est que, du même ordre qu'en littérature en cinéma ou en amour, j'ai toujours recherché le leader ou le parti en lequel je me reconnaissais le plus. Celui qui ferait non seulement de moi-même une meilleure personne mais qui ferait de mon pays-qui-choisit-de-ne-pas-en- être-un, un meilleur endroit pour y vivre. L'Inspiration avec un grand "I" comme les étatsuniens ont réussi à se le fabriquer.

Dès le jour où j'ai pu voter je me suis toujours fait un devoir de le faire. J'ai toujours voté pour le candidat qui me semblait le plus apte au poste auquel il aspirait. Je lisais tout sur les gens impliqués, je m'informais et j'en ai même rencontré quelques-uns. Mon allégeance à vite été bleue.

J'ai voté pour le PQ toute ma vie.

Puis il y eu le référendum de 1995, littéralement volé par le fédéral. J'ai compris que le Québec c'était un peu les Nordiques de Québec d'antan. Jamais les arbitres nous donneraient un break. La commission Gomery a prouvé par 1000 que Parizeau disait vrai, le Fédéral avait triché en accélérant les arrivées des nouveaux arrivants au Québec afin de les faire voter plus vite et en sortant les gros sous.

Puis il y eu Bernard Landry. Les choix devenaient les suivants: Bernard Landry pour les bleus, patapouf pour les rouges et Mario Dumont chez les Adéquistes. Le désenchantement ne pouvait pas être plus total. Landry est un homme dont l'orgueil semble aveugler le jugement. Ses projets et ses idées étaient si discutables que le Québec ne pouvaient pas en sortir gagnant. Investir massivement dans les hippodromes? Bravo Bernard, ça c'était du flair. Un musée de l'alcool géré par la SAQ? Dieu merci la grogne populaire vous as fait reculer...En rien ce petit bout d'homme ne m'inspirait quoi que ce soit d'intéressant.
Patapouf c'était pire encore. L'incompétence transpirait au travers de toutes les pores de sa peau de "conservateur égaré au Québec" et il n'était pas question que je lui donne mon vote. J'ai téléchargé le programme des Adéquistes et j'ai imprimé la brique un matin à l'aube au bureau. Nouveau parti, on s'informe. De plus le patron a relativement mon âge alors il doit comprendre ma réalité. Très rapidement j'ai vu que les programmes suggérés étaient encore plus conservateurs et qu'au nombre de fautes d'orthographes, peut-être y avait-il aussi autant de "fautes" au sein de ce parti. Le patron même si il avait presque mon âge sur papier, en avait 20 de plus dans les idées. Et pas nécessairement pour le mieux. J'ai quand même survolé les candidats en me disant que toute équipe qui débute a droit à sa chance, mais ce faisant, j'ai découvert la plus grande brochette de ratés jamais imaginée.

Comme une série de joueurs des ligues mineures rejetés de la ligue Nationale par manque de talent qui essayait de se construire un radeau avec de la paille.

Moi qui ne visait rien de moins que la Ligue nationale pour mon pays-qui-choisit-de-ne-pas-en-être-un.

J'étais donc dans un cul-de-sac.

Lorsqu'est venu le temps de voter j'ai voulu voter au moins pour mon parti mais je m'en suis senti incapable. Désoeuvré, j'ai mis mon "X" à côté du candidat qui était le plus proche de mon âge. Au fond j'étais juste, c'était lui en lequel je me reconnaissais le plus. Je crois qu'il naviguait à bord du Parti Marxiste-Léniniste.

On connaît la suite. Le résultat du vote a été catastrophique. Le taux de participation abyssale.

On en souffre encore.

Quand est venu le temps de les tasser de leur trône, je me suis dit qu'il fallait au moins que je vote pour une opposition forte afin de sortir le frisé et son équipe. Mais là, je réalisais que mon vote devenait strictement défensif. Je ne vote pas POUR quelqu'un je m'assure simplement qu'on a pas Patapouf au volant de sa guimbarde.
"Ah bon tu veux qui au volant?"
"pas Patapouf"
"Alors qui?"
"Pas...Patapouf..."

Il n'était pas question que je laisse matante Pauline runner le Québec comme la maternelle qu'elle croit avoir sous la main. Je ne pouvais même pas voter pour le parti y découvrant une quantité remarquable de têtes brûlées de la société. Les Adéquistes n'étaient même pas une option. Les Rouges? un furoncle sur un si beau visage qu'est mon pays-qui-choisit-de-ne-pas-en-être-un.

D'autant plus que note système de vote, basé sur les hasards de l'habitation, est d'une absurdité qui ne rend absolument pas justice à mon vote. Il n'y avait aucune chance que mon vote ne mette au pouvoir un candidat en lequel je me serais reconnu. Ne serais-ce que légèrement.

J'ai donc "oublié" d'aller voter.

En me disant que le meilleur moyen d'être honnête avec moi-même serait de ne pas participer au jeu.

Je vis toutefois avec les conséquences de mon geste depuis.

Mais au fond que pouvais-je gagner?

Toutes mes options étaient perdantes-perdantes anyway.
Il n'y a rien dans ces partis qui peuvent faire de moi un homme meilleur.
Un éternel payeur, mais un homme meilleur? nope.

On est dans les mineures, on ne se l'est juste pas avoué encore.

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