mercredi 19 mai 2010

Taignoagny et Domagaya


Quand Jacques Cartier fait son deuxième voyage exploratoire en Nouvelle-France (ici) en 1535, il fait la rencontre du chef du village iroquoien du village de Stadaconé: Donnacona.

Ils se comprennent par signe et Donnacona accepte mal que Cartier et ses hommes s'installent sur leur territoire et traitent leur terre comme si c'était les leurs.

Toutefois la confiance s'installe entre les marins et les autochtones, par des échanges de colifichets, de couteaux, de tissus et d'autres babioles contre des peaux d'animaux.

Les Français appellent les indiens "les andouilles". Avec une résistance justifiée, Donnanona finit par accepter que Cartier ramène deux des fils du chef indien en France. Cartier veut les montrer au roi comme des "spécimens de l'endroit". La rentrée à Saint-Malo sera une courte traversée de 21 jours. Toutefois Cartier reste en France 6 mois. Ce qui est suffisamment long pour que les deux fils indien apprennent la langue française. Cartier a des projets pour les deux garçons, Taignoagny et Domagaya.

Quand les navires de Cartier abordent de nouvelles rives, ils y rencontre des tribus indiennes qui ont souvent peur des ses blanc dans de drôles de tenues. Les deux fils, parlant aussi le dialecte indien servent d'interprètes et établissent un lien de confiance rapidement. La confiance de cartier envers les deux interprètes s'effrite peu à peu. Taignoagny et Domagaya sont plus que content de revenir parmi les leurs et frayent beaucoup plus avec les indiens qu'avec les Français. Cartier essaie de leur faire prendre part à toutes sortes d'activités gérées par les blancs mais Taignoagny et Domagaya refusent et préfèrent célébrer avec les leurs.

Quand Cartier leur rappellent qu'ils avaient promis de l'accompagner jusqu'à Hochelaga, ils acceptent mais à contre-coeur.

Pendant que les hommes de Cartier remplissent le bateau pour l'expédition, Taignoagny et Domagaya restent tous les deux parmi les indiens à regarder les blancs opérer. Taignoagny annonce à Cartier que son père, Donnacona et la tribu trouve particulièrement hostile de voir tout ses blancs armés alors que personne dans la tribu ne l'est. Cartier lui répond que c'est ainsi que fonctionne les blancs.

Le lendemain Cartier reçoit 500 indiens pour un grand festin avant le départ. Taignoagny, interprète, lui fait part que son père est triste de savoir que ses fils quittent encore avec lui. Il lui dit aussi qu'il ne croit pas que le voyage en vaille la peine et annonce qu'il n'en fera pas parti. Donnacona va même jusqu'à offrir sa nièce et deux de ses neveux afin que Cartier ne fasse pas le voyage avec ses deux fils. Cartier refuse poliment.

Comme le dialogue et les offrandes ne fonctionnent pas, Donnaconna et ses hommes choisissent de jouer la carte des forces surnaturelles pour faire dérailler les Français de leur projet. Les indiens chantent cachés dans le bois des chants destiner à faire peu. D'autres entourent le navire en canot et attendent comme si quelque chose allait se produire. Trois indiens déguisés en diable apparaissent dans un canot qui fonce sur le navire. Les Français assistent à ce spectacle plus amusés qu'appeurés.

Taignoagny et Domagaya sortent finalement des bois vêtus de leur tenues indiennes et prétendent avoir parler aux Dieux. Cartier leur demande ce qui se passe et Taignoagny et Domagaya lui réponde que les Dieux leur ont dit que quiconque s'aventurerait en direction d'Hochelaga mourrait par le froid en restant pris dans la glace et la neige.

Cartier s'est moqué gentiment de leur allégations et leur a demandé de reprendre leur sens et de monter à bord de l'équipage.

La véritable crainte de Donnaconna était que si Cartier et ses deux fils quittaient pour Hochelaga, il ne reviendrait plus jamais à Stadaconé.

Mais son inquiétude était non-fondée.

Personne ne quitte Québec pour Montréal afin d'y rester.

C'est connu...

1 commentaire:

Unknown a dit...

Taignoagny et Domagaya ont joué un rôle de toute première importance en tant que guide de Jacques Cartier: ils l'ont convaincu de prendre la bonne direction depuis Anticosti pour rejoindre le fleuve Saint-Laurent, sinon Cartier l'aurait sûrement raté, il voulait monter vers le nord. Les deux guides désignèrent le fleuve comme le "Chemyn de Canada", c'est-à-dire la route qui menait vers le lieu dit "Canada" qui était leur terre à Stadaconé. Cartier mis par écrit ce mot et "Canada" apparaît à 22 reprises dans son journal de voyage (1535-1536). De retour en France, le roi François Ier ainsi que les cartographes français (à partir de 1541) adoptèrent ce mot et illustrèrent sur leurs cartes le pays de la vallée du Saint-Laurent comme étant "Canada". Le nom demeura, les colons l'adoptèrent, et le traité de Paris (1763) a fait en sorte que le roi de France céda "le Canada et toutes ses dépendances" au roi de Grande-Bretagne...