jeudi 17 juin 2010

Le jour où l'innocence est morte en Irlande


À la fin des années 60 au Nord de l'Irlande, les tensions entre la population Catholique et les Unionistes Protestants sont si vives que le secteur où ils co-habitent a été rebaptisé The Troubles.

Des soldats de l'armée Britanniques ont été envoyés à Derby, secteur majoritairement Catholique en 1969 afin de les protéger d'attaques gratuites de la part des Unionistes.

Rapidement, la présence des soldats a empiré les choses.

Le 8 juillet 1971, deux mal commodes, Seamus Cusack et Desmond Beattie sont tués d'une balle par les soldats dans des circonstances pas complètement claires. Les soldats prétendent qu'ils étaient armés mais aucune arme n'est trouvée sur leur personne et des témoins confirment qu'il n'en était rien.

L'escalade de la violence commence. Les Catholiques réclament justice et organisent des marches de protestations.
Un mois suivant ses morts, le gouvernement introduit à la fois le droit d'emprisonner sans accusation mais aussi interdit toutes marches, parades et rassemblement. La répression est totale.

21 personnes seront tuées dans les trois jours qui suivront l'introduction de ses lois. Le 10 août, Paul Challenor devient le premier soldat a être tué par l'IRA provisoire de Derry. Six soldats supplémentaires sont assassinés à la mi-décembre 1971. Les coups de feu et les explosions de bombes à clous deviennent ponctuels dans le secteur. Avant la fin de l'année, 29 barricades que même l'armée, leur soldats et leur chars ne peuvent franchir, sont érigés par l'IRA.

Des commerces sont saccagés et incendiés dans le processus et des pertes de 4 millions de lires sont encourus.

En Janvier 1972, la Northern Ireland Civil Rights Association choisit de procéder à une marche afin de protester contre les internements sans raisons valables malgré l'interdiction de le faire. Approximativement 15 000 personnes prendront part à cette marche. l'armée est attaquée à coups de caillou par les manifestants et elle réplique d'abord avec des jets d'eau, des gaz dispersants et des balles de caoutchouc.

Vers 16h00, ça dégénère.

John (Jackie) Duddy, 17 ans, reçoit une balle dans le dos alors qu'il tente de fuir les troupes militaires.
Patrick Joseph Doherty, 31 ans, est aussi tué d'une balle dans le dos alors qu'il tente de rejoindre un lieu sécuritaire. Le soldat qui a tiré la balle témoigne qu'il était armé mais toute une série de photo prises par le journaliste français Gilles Peress, avant et après la mort de Doherty prouve le contraire.
Bernard McGuigan 41 ans, en voulant aider Doherty, brandit un mouchoir blanc mais est tué tout de même d'une balle derrière la tête. Hugh Pious Gilmour, 17 ans, est lui aussi assassiné d'une balle dans la poitrine, tiré dans son dos, alors qu'il fuyait les lieux. Kevin McElhinney, 17 ans, subit le même sort alors qu'il tente de se rendre dans un lieu sûr. Une balle dans le dos. Michael Gerald Kelly, 17 ans, meurt d'une balle à l'estomac alors qu'il se tenait debout au mauvais endroit au mauvais moment. John Pius Young, 17 ans, tout juste à ses côtés, reçoit une balle en pleine tête. William Noel Nash, 19 ans, en tentant d'aller aider un corps gisant au sol, le rejoint dans la mort en recevant une balle en plein coeur. Michael M. McDaid, 20 ans, meurt d'une balle dans le visage. James Joseph Wray, 22 ans, est d'abord blessé. Alors qu'il gît au sol, hurlant qu'il ne peut plus bouger sa jambe, il est achevé d'une balle dans le dos. On a photographié le cadavre de Gerald Donaghy, 17 ans avec deux bombes à clous à ses côtés. Gerald (James) McKinney, 34 ans, courait derrière Donaghy en criant "Don't shoot! Don't shoot!" les deux bras dans les airs mais fût tué d'une balle dans la poitrine quand même. William Anthony McKinney, 27 ans, va à sa rescousse et meurt d'une balle dans le dos lui aussi. John Johnston, 59 ans se rendait voir un ami. En recevant une balle dans l'épaule puis une autre dans la jambe, il meurt 4 mois plus tard des suites de ses blessures.


14 victimes. Toutes non armées.


L'Armée a déclaré que les soldats ont riposté aux bombes lancées par les manifestants. Il a été prouvé que les deux bombes placées sur Gerald Donaghy l'ont été après les faits.

Dix semaines plus tard le gouvernement a avalisé toute la version de l'armée qui les blanchissait de toutes erreurs.

Une nouvelle enquête dont le résultat est tombé cette semaine a conclu que les soldats ont non seulement menti sur les évènements du jour mais qu'ils ont tiré ce jour-là sur une foule non armée qui fuyait ou tentait d'aider les blessés.

Ils répondaient à l'ordre de leurs supérieurs qui leur avait dit "we want some kills".

Les Protestants et les Catholiques se supportent toujours difficilement aujourd'hui.
Mais dans toute l'Irlande cette fois.

U2 a écrit ceci en pensant aux victimes de cette haine entre les deux écoles de pensées.

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