vendredi 29 octobre 2010

Paraplégique Pour Son Entreprise

Quand j'ai quitté mon emploi en juin 2009 c'était parce que c'étais devenu dangereux pour ma santé. Mentale et physique.

Je travaillais 60 heures par semaine, de 5h45 le matin à 17h00 le soir, étais payé 37h et 1/2, on m'en demandais toujours davantage et on ne cessait de mettre à la porte les gens de notre département. Je ne dormais plus. C'était invivable.

Je me suis mis à la porte moi-même quand ils ont refusé de le faire.

Je dors à peine plus aujourd'hui mais je me soigne tranquillement. Entre autre je me suis promis de ne plus jamais jouer au soldat qui se donne corps et âmes à son entreprise inconsciemment sans rien reçevoir en retour.

Mon corps se remet tout juste de cette extrème mauvaise expérience dont la source était l'abus d'un employeur. J'ai perdu 25 livres, je suis en très bonne santé physique, mon mental est toujours légèrement douteux mais bon, je survis à mes délires.

Mais au fond c'est bien peu.

Une employée de la SAQ de Baie d'Urfé a été laissée seule pour s'occuper du commerce la semaine dernière. La SAQ c'est une fortune d'argent. Pas seulement un paradis d'alcool de toutes sortes mais des caisses toujours bien remplies. Sans être une banque, le niveau de sécurité devrait y être important. Il y a toujours quelques gueux qui trainent à la porte pour y glaner des sous. Quand on se plante à la porte pour demander de l'argent, le pas ne serait pas énorme pour passer à l'intérieur et se servir. La clientèle peut être extrèmement sophistiquée (moi) tout comme elle peut être totalement dépravée (moi).

Deux désespérés d'à peu près 25 ans ont scruté les lieux et ont remarqué que la petite femme de 58 ans opérait le commerce seule. L'un des deux gars est passé pour faire du repérage. Ils sont revenus plus tard, vers midi, des manteaux à capuchon montés sur la tête, et ont tenté de faire un hold up.

Je ne sais trop si elle a resisté, probablement, car le hold up a été raté. Ce que les deux jeunes ont toutefois réussi fût toutefois de lui tirer une balle dans le cou. Une balle qui a rendue la femme de 58 ans paraplégique pour le restant de ses jours.

La SAQ est une entreprise riche. Très riche. C'est une entreprise gouvernementale. Étonnamment, c'est un don anonyme de 5000$ offert par jeunesse au soleil qui a été mis de l'avant aussitôt afin de trouver les jeunes lâches qui courent toujours. Mardi la récompense était à 8000$ pour toute information permettant de mettre la main au collet des deux monstres. L'argent provenant toujours de dons afin de tenter de réparer cette (irréparable) extrème injustice. Mercredi matin, la récompense atteignait les 9000$.

Toujours pas un sou de la SAQ.

La SAQ a rajouté des agents de sécurité dans certaines succursales depuis, dont celle de Baie d'Urfé, bien entendu.

Suis-je trop exigeant de demander une légère contribution monétaire de la part de la SAQ? Cette femme ne marchera plus jamais et ne bougera plus jamais de la même manière pour s'être pliée aux exigeances de son employeur. Elle aura besoin d'aide pour le restant de ses jours.

Vous savez, quand les États-Unis font des téléthons pour financer le reconstruction suite à des catastrophes naturelles je me dis souvent, "Pourquoi le pays le plus riche au monde demande des sous, ne les as-t-il pas?".

Dans ce cas-ci je me demande pourquoi la SAQ, une société riche à craquer, n'avance-t-elle pas quelques sous pour leur employée dont le miroir et les photos passées la feront pleurer de toute son âme. N'est-ce pas un manque total de considération pour celle dont la vie a été altérée pour le pire?

Et qui a toutes les raisons de se dire à jamais: "pourquoi je travaillais ce jour-là?"

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