mardi 9 novembre 2010

Donner et Offrir

En écoutant le gala du Poulet St-Hubert, celui que l'on appelle aussi le gala de l'ADISQ je pensais au sigle.

A.D.I.S.Q.

Il n'y a pas de "M".

Normal car, contrairement à ce qu'on pense, se ce ne sont pas les artisans de la Musique que l'on honore dans ce gala ce sont les artistes de la scène du Québec. Les artistes de la scène francophone de surcroît. De la scène francophone Québécoise bien sûr. Si on voulait vraiment honorer la musique tricotée ici on ne ferait pas de chichi sur la langue utilisée pour chanter.

Arcade Fire ne sera jamais honoré même si ils sont internationalement remarquable.
Coeur de Pirate en était peut-être à sa dernière année aussi car depuis 6 mois elle enregistre en anglais avec son nouveau chum. Son blog est aussi en anglais.

En regardant le gala animé par Louis-José Houde j'avais l'impression qu'on avait lancé beaucoup de jeunesse dans un party de gens trop vieux. Houde jouait sa carte d'humour habituelle mais d'inombrables gags sont tombés à plats. Coeur de Pirate a gagné une paire de billets d'avion et a lancé un spontané "Ça a pas rapport". C'était la deuxième fois en moins d'une semaine qu'elle faisait déshonneur au micro après avoir annoncé, sur scène,  que Radio Radio aurait dû gagner le prix du meilleur album hip-hop et non Manu Malitari.
Donner une paire de billets d'avion à un artiste pour honorer la commandite d'un gala, c'est pas un peu épeurant? Donnerons nous d'ici quelques années du poulet sur scène? ou une prescription de pharmacie? Béatrice Martin/Coeur de Pirate avait raison. "Ça  a pas rapport".

Mais au gala de l'ADISQ, ça pleut ce qui n'a pas rapport. Entre autre le système de votation. C'est le public qui décide.
WACH!
Le public. La masse. La foule sentimentale.

Dans le très intelligent film Quiz Show, Robert Redford racontait l'histoire vraie d'un quiz télévisé des années 50 où on avait truqué les résultats et où le concurrent gagnant connaissait déjà les réponses aux questions posées. On l'avait fait gagner pendant plusieurs mois créant un effet de sensation et de larges cotes d'écoutes. Les gens s'étaient identifié à Charles Van Doren et voulait le voir gagner. Quand le secret a été éventé, on a amené les producteurs du Quiz en cour. Ils se sont défendu en posant la question "Qu'aurions-nous dû faire?donner n'importe quoi au public ou leur donner ce qu'ils veulent voir?, nous leur avons donné ce qu'ils veulent voir, l'histoire d'un jeune homme poursuivant le rêve américain, un rêve partagé par notre auditoire".

Ils ont gagné leur cause.
Mais le débat reste immortel.
Dans une oeuvre créatrice, devrions nous donner au public ce qu'il s'attend à voir/entendre/découvrir ou devrions-nous les surprendre de notre créativité?

L'ADISQ a choisi la première option: Donnons aux gens ce qu'ils veulent. Nous nous retrouvons donc avec des gagnants excessivement étonné d'avoir gagné (Mes Aïeux avec un disque sorti il y a deux ans...)ou des artistes dont le public a déjà le moteur de "votation" bien rodé (les Stars Épidémiciens). Attention je n'ai rien contre Marie-Mai, au contraire je trouve qu'elle mérite tout ce qui lui arrive et qu'elle fait un travail remarquable. Sa musique ne me plait pas autant que tout ce qui grouille autour de l'artiste. Elle a un effet sur les jeunes indéniable, elle a eu le culot d'avoir sa propre équipe de mise-en-scène pour travailler son numéro de dimanche au gala (de loin le numéro le plus réussi), elle a très bien étudié son "Lady Gaga Fashion Guide" dans sa tenue vestimentaire et sa réaction lors de la remise de son prix était un vent de fraicheur.
Mais Maxime Landry...
Qui?

Je ne doute pas qu'il travaille très fort lui aussi, mais ostie c'est qui?
Il chante?

Quand on ne peut pas identifier une seule chanson de l'artiste masculin de l'année, n'y a -t-il pas erreur chez le diffuseur?

Fred Pellerin a été très touchant dans ses remerciements. Son album l'est encore plus d'ailleurs. Un total bonheur à écouter de Novembre à Mars. Un vrai album d'hiver dans sa cabane de bois. Réchauffe les moments frettes. Ce que j'arrive à peine à comprendre c'est que ça fait deux ans que j'ai ce disque en ma possession. Pourquoi l'honorer cette année?

Adamus (voté par les pros au moins) a gagné, chapeau! Voilà du mérite!

Donner au public ce qu'il veut ou tenter de leur offrir quelque chose d'unique?
Je suis assurément de la deuxième école de pensée.
Le premier choix est facile et un peu loche à mon avis.
Dérivé directement des cendres du marketing.

Donner et offrir sont deux verbes très différents. Le premier exige peu de l'autre. Le second demande un minimum d'effort.

Londres, Paris, Los Angeles, Toronto, Philadelphie, ce sont les villes qu'a visité Coeur de Pirate récemment.

Air Canada lui a donné des billets d'avion.

L'ADISQ a clairement choisi son camp: give them what they want.

Dommage.

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