vendredi 5 novembre 2010

La Dolce Vita

50 ans déjà qu'Anita Ekberg a invité Marcello Mastrionanni a se baigner avec elle dans la fontaine de Trevi.

Peut-être 25 ans que je l'ai découvert pour mon propre bonheur personnel.

Et 12 ans qu'il trône fièrement dans dans ma vidéothèque.


Ce film de 180 minutes ne m'a jamais paru long. Et j'ai dû le voir 13 fois.

Quand Fellini décide d'écrire son film il est d'abord inspiré par une robe de Balenciaga lancée en 1957. En voyant un défilé dans lequel des femmes peut-être jolies de l'extérieur mais épouvantables de l'intérieur lui font un douloureux effet miroir. Les italiens l'aime mais lui, amoureux de plusieurs femmes à la fois, incertain de la direction que devraient prendre ses films et ne s'aimant pas moralement de l'intérieur. En relation avec l'actrice Giuletta Masina depuis un bon bout de temps, ils choisissent ce moment pour s'accorder une pause. Frederico Fellini doit choisir entre sa vie de famille ou une vie hédoniste de dandy.

Il donnera au monde du cinéma non seulement un bijou mais une vision qui altérera celle des autres cinéastes à venir à jamais.

La construction narrative de Fellini et de ses deux co-scénaristes Ennio Flaiano et Tullio Pinelli était tout ce qu'il y avait de plus risqué. Abandonnant la traditionnelle histoire et le développement de personnage, les scénaristes ont choisis d'instaurer une narration cinématographique rejetant la continuité, les explications non nécéssaires et la logique narrative de sept rencontres atemporelles avec le Dantesque personnage de Guido et 120 autres personnages.

Cette succession de rencontre oblige le spectateur à faire face à un sentiment de disparité entre la vie souhaitée, celle passée et celle qui se déroule réèllement sous nos yeux.

Sous une impression de film sans structure, de film composé de moment cinématographique, le film est en fait minutieusement écrit en 7 tableaux évoquant la décadence morale romaine et se terminant sur une décision étonnante du réalisateur.

(En prologue, une statue géante de Jésus survole l'Italie, transportée par un hélicoptère, Guido les suit en hélicoptère lui aussi, jusque là derrière Jésus, respectable).
1er tableau:  Guido passe une soirée avec une riche héritère (jouée par Anouk Aimée). Il flirte avec la bourgoeisie et cède à la luxure. C'est une prostituée qui leur fournit le gîte de leurs ébats.
2ème tableau: Il passe une nuit blanche avec une actrice de passage en Italie, ils terminent leur ballade, suivi par plusieurs badeaux, dans la fontaine de Trevi. La luxure, cette fois fortement tentante mais pas consommée. (inspiré d'une réèlle nuit de Rita Hayworth en Italie, terminée dans une fontaine aussi)
3ème tableau:  Guido est envoyé en reportage pour couvrir deux enfants dans un village qui aurait vu la vierge. Il croit peu à ce grotesque spectacle religieux, il se rend chez un ami intellectuel, auteur à succès qui fait un party dans lequel les gens semblent complètement détachés du monde. Même les sons de la nature sont entendus via des radios. On y récite de la poésie, l'absurde et la superficialité est totale. L'ami auteur qui semble s'accomoder de cet univers cache une ombre sur l'ensemble (inspiré de Cesare Pavese). Guido est dubitatif.
4ème tableau:  Le miracle de la vision de la sainte vierge est éventé. C'était une arnaque. La religion est une arnaque. Guido est encore sans repères.
Guido écrit sa nouvelle dans un restaurant et parle pour la première fois avec une jeune fille, qui pourrait représenter la famille.
5ème tableau: La mort de la jeunesse. Guido passe une soirée avec son père qui joue encore les jeunes coureurs de jupons, ce qui n'est définitivement plus de son âge. Passant la nuit avec une danseuse, le père de Guidosubit une légère attaque cardiaque. Guido est méditatif.
6ème tableau: Guido, guidé par Nico dans son propre rôle, participe à un party d'aristocrates dans un château dont la grandeur ne fait que marquer le vide. Il reçoit une demande en marriage dont les propos se perdent dans les échos de l'endroit et pendant que la femme qui propose se commet avec d'autres hommes. Dans les ruines du château, Guido est séduit par une riche croqueuse d'hommes des États-Unis.
7ème tableau: La déchéance. Guido est à la tête d'un groupe de fêtards qui envahi une maison et qui tourne uen soirée de buverie en orgie. Guido, plus aigri que jamais termine cette soirée de débauche en clamant le choix de la déchéance morale. Le réel striptease de la mannequin Aiché Nana qui avait fait scandale en 1958 la forçant à quitter l'Italie y est honoré.

En épilogue sur la plage, Guido recroise la jeune fille symbolisant la famille et n'entend pas son appel, enterré par les vagues.

Le film a été si majeur qu'un de ses personnages (Papparazzo) a donné naissance au mot Papparazzi.

C'est grossièrement résumer trois heures de grand cinéma que je viens de faire mais le meilleur aperçu serait de vous taper ce film.

Un chef d'oeuvre de scénarisation, réalisation, photographie (Otello Martelli), musique (Nino Rota) et de casting.

Un chef d'oeuvre à voir et à revoir.
De jour comme dans le noir.

Le film a eu 50 ans, le lendemain de ma fête en Février cette année.
Il n'a pas pris une ride.

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