mardi 16 novembre 2010

N'importe Quoi

La semaine dernière, la patronne de l'équipe des Carabins de Montréal a pris la décision de remercier l'entraineur Marc Santerre.

Elle a refusé d'expliquer son geste.

Dans rare geste de solidarité, TOUS les joueurs des Carabins ont alors fait une conférence de presse afin de souligner à quel point Santerre avait changé leur vie. Pour dire, souvent avec émotion, à quel point cet entraineur avait été un frère, un père, un guide, un mentor. À quel point il trouvait beaucoup plus indigeste la perte de leur entraineur chéri que la fin de leur saison de football.

La proprio n'a rien rajouté sur le sujet sinon que l'équipe ne faisait que "suivre le programme".

Devant le manque d'explication toutes les théories sont devenues possibles.

Zont salivé devant la possibilité que Danny Maciocia, ancien entraineur de la CFL, soit intéréssé par l'équipe.
Peut-être
Zont aimé que Maciocia soit plus axé sur l'importance de la réussite scolaire que Santerre ne l'était lui-même.
Peut-être
Santerre et la patronne ne s'aimaient pas.
Peut-être
Santerre a fait un enfant illégitime à la patronne et ne reconnait pas la paternité
Peut-être
La patronne est en fait un ancien homme qui vient de se faire faire la grande opération et Santerre menaçait de tout raconter.
Peut-être.

Sans explication, son congédiement peut s'expliquer n'importe comment. On peut alors raconter n'importe quoi. Avec l'embauche hier de Maciocia, on devine que le gars avait eu la promesse d'être embauché avant la fin de la présente saison.

Si je me faisais accuser d'être un escroc je lançerais : "Prouvez-le".

Entre autre parce que je n'ai rien à me reprocher.

"Jones est un crosseur". Go ahead, make my day. Mettez-moi sur la table comment et en quoi je serais un escroc et j'assumerais absolument mon titre. Je donnerais les explications nécessaires sur ce en quoi on m'accuse.

La semaine dernière, la chef du parti de l'opposition a demandé ce que des centaines et des centaines de Québécois se demandent depuis plus de 40 ans.
"Quand cesserons-nous de faire vivre la Mafia en fermant les yeux sur ce qui se passe dans le milieu de la construction?" .  Elle a eu le courage de dire clairement  le mot "mafia" alors que les membres en règles eux-mêmes ont si peur du mot qu'ils utilisent le terme plus noble de Cosa Nostra.

Plus courageux encore, un héros, un vrai celui-là, Martin Drapeau, un membre du parti libéral, a profité du rassemblement du parti du week-end pour aller au micro et réclamer une commission d'enquête sur la question. Quand on a demandé si un autre membre allait seconder la proposition. Le plus grand malaise de l'histoire des malaises s'est installé dans la salle. Un silence désertique a meublé l'espace sonore de l'assemblée. 499 têtes frémissant dans le silence de la peur. Des dizaines (dont quelques un à la caméra!) qui avaient dit "oui" à une commission d'enquête en coulisse qui maintenant pissaient dans leurs culottes. Le pauvre Drapeau était bien seul dans le halo de lumière qui l'abrillait au micro. À la télé, même un zoom-out l'a montré bien petit dans cette mer rouge (quoique très jaune aussi).

Maintenant Drapeau, laissé dans la ruelle par ses "amis", craint les représailles, il craint maintenant pour sa vie.

Quand Gérard Deltell, leader de l'ADQ, a associé le têtu premier ministre au parrain, il ne faisait qu'une association que des milliers de Québécois, des centaines de Canadiens, peut-être une poignée d'Européèns et au minimum deux caricaturistes avaient déjà faits.

Une association 100% légitime si le premier ministre refuse de manière injustifiée de s'expliquer sur les questions sur le milieu de la construction .
Encore plus si celui qui en a le pouvoir refuse de faire une commission d'enquête sur le sujet.
On ne peut que se perdre en conjectures.

À ce moment-là, à cours d'explications, à cours d'éclaircissements, à cours de lumières, on peut imaginer n'importe quoi.

Et en parler.

On est plus de 6 millions, faut ben se parler.

Contrairement à ce qu'en pense notre frisé national, quand on nourrit le brouillard, on a cette chance dans notre pays, on peut supposer n'importe quoi.

Si on nous laisse dans le noir, on a pas de raison de ne pas lancer des hypothèses.
Parce qu'on veut s'en sortir.

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