dimanche 9 janvier 2011

Le Prince de Montenevoso

Gabriele d'Annunzio est né de parents extrèmements riches à Pescara en Italie en 1863.

Élève en Toscane, à seize ans il publie son premier recueil poétique, Primo Vere. Son écriture est influencée par les poètes Carducci et Stecchetti alors à la mode.

À l'université La Sapienza, à Rome, il fréquente différents cercles littéraires et écrit des articles de critique (littéraire toujours) pour la presse locale. Dans la fouge de la jeunesse, il publie Canto Nuovo en 1882, Terra Vergine et L'Intermezzo di Rime en 1883 et Il Libro Delle Vergini en 1884. Toutes ses nouvelles seront regourpées en 1886 sous le titre San Pantaleone. Très vite il devient l'enfant chéri des critiques littéraires.
Son égo déjà facilement gonflable prendra de l'expansion
Son premier roman, Il Piacere parait en 1889 et sera ausitôt suivi de L'Innocente deux ans plus tard et Giovanni Episcopo en 1892. Ces romans font une forte impression sur le public, d'Annunzio est encensé par les critiques littéraires étrangers. Il s'était marié en 1883 mais divorce en 1891 pour vivre la dolce vita.
Il tombera amoureux de l'actrice Eleonora Duse pour laquelle il écrira des pièces de théâtre. En 1897, il est élu à la Chambre des députés pour un mandat de trois ans. Il y siège parmi les indépendants.

En 1910, criblé de dettes, il doit fuir en France pour échapper à ses créanciers. Bien entendu il n'est plus intéressant pour son amoureuse. En France, afin de gagner des sous, il collabore avec Claude Debussy et Léon Bakst pour Le martyre de saint Sébastien, opéra écrit pour Ida Rubinstein. 

Peu après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il retourne en Italie, et fait de nombreux discours publics en faveur de l'entrée en guerre de l'Italie dans le camp allié. D'Annunzio s'engage volontairement dans l'aviation, et perd l'usage d'un œil dans un accident de vol. Lors d'un de ses vols, il largue au-dessus de vienne des milliers de prospectus disant:





« Viennois !

Apprenez à connaître les Italiens. Nous volons au-dessus de Vienne, nous pourrions larguer des tonnes de bombes. Nous ne vous lançons qu'un salut tricolore : les trois couleurs de la liberté. Nous autres Italiens ne faisons pas la guerre aux enfants, aux vieillards et aux femmes. Nous faisons la guerre à votre gouvernement, ennemi de la liberté des nations, à votre gouvernement aveugle, obstiné et cruel, qui ne parvient à vous donner ni la paix, ni le pain, et vous nourrit de haine et d'illusions. Viennois ! Vous êtes réputés intelligents. Mais pourquoi donc avez-vous revêtu l'uniforme prussien ? Vous le voyez, désormais tout le monde est contre vous. Vous voulez continuer la guerre ? Continuez-la, c'est votre suicide. Qu'en attendez-vous ? La victoire décisive que promettent les généraux prussiens ? Leur victoire décisive, c'est comme le pain en Ukraine : on meurt en l'attendant.»

La Première guerre mondiale renforce ses idées nationalistes et il fait ouvertement campagne pour que l'Italie devienne une puissance européenne de premier plan. Aventurier, il s'empare notamment de la ville de Rijeka, chassant Français, Britanniques et Étatsuniens. L'Italie est alors dans l'axe Allemagne-Russie (avec le Japon pas loin derrière). fasciste au pouvoir à partir de 1923.
D'Annunzio offre la ville de Rijeka à Rome mais Rome n'a rien à foutre de cette ville (aujourd'hui en Croatie).


D'Annunzio s'en trouve véxé et fonde l'État Libre de Fiume en 1920. Il est tellement irrité qu'il déclare la guerre aux italiens! Ceux-ci s'intéressent alors à la région et en prenne possession facilement forçant d'annunzio à fuir les lieux et à se réfugier dans une maison du Lac de Garde.

Quoiqu'il ait une influence notable sur l'idéologie mussolinienne, il ne s'implique jamais directement dans le gouvernement

En 1921, il est élu « Membre étranger littéraire » de l'Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique, et le restera jusqu'à sa mort, bien que n'y ayant jamais siégé.

Il est créé Prince de Montenevoso en 1924, et nommé président de l'Académie royale italienne en 1937.

Fondamentalement antinazi et détestant Hitler, il s'oppose au rapprochement de l'Italie avec l'Allemagne nazie. Mussolini lui accorde cependant des funérailles nationales après son décès, survenu le 1er mars 1938 à la suite d'une hémorragie cérébrale.

Ses écrits comme sa personne ont été âprement discutés : ils méritaient de l'être.  Ses détracteurs auront beau jeu de lui reprocher son érotisme, son amoralité, son dilettantisme, ses poses, les outrances de sa pensée et le danger de conceptions qui ont fini par faire de lui une sorte de chantre du nationalisme. Néanmoins, l'étendue de sa culture, la diversité de son talent, les ressources inépuisables de son imagination, la puissance de son verbe, la perfection de sa langue lui assignent une place à part, celle d'un écrivain exceptionnel. Il a voué son génie au culte de la beauté : il est poète et artiste, et il l'est souverainement.

Curieux personnage sensuel, impatient, lyrique et scandaleux à la fois, son itinéraire est fait de provocations, de maîtresses, de reflexions et de dandysme.

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