mardi 28 juin 2011

Stonewall

Dans les années 50 et 60, les gays en Amérique s'affichaient autant que les juifs en Pologne en temps de guerre.

La mentalité de l'époque était plutôt répréssive face aux différences sexuelles et il n'existait pratiquement pas de mouvement ou de lieu de reconnaissance officiellement gay. Être homosexuel voulait dire vivre en tentant de passer complètement innaperçu. La condition des gens de couleurs n'étaient guère mieux.

La dernière portion des années 60 aux États-Unis a vu se dresser de nombreux groupes de citoyens. L'African American Civil Rights Movement, les rassemblements anti-guerre du Vietnam, Woodstock. En 1968, Marti Luther King et Robert Kennedy étaient assassinés. Un an plus tard Charles Manson et ses disciples allaient mettre fin aux rêves hippies et semer la terreur sur la côte ouest.
Une grande frénésie et une certaine agitation régnait aux États-Unis.

  Les gays, comme toute minorité, aimaient se rassembler. Un bar de New York où ils pouvaient vivre leur sexualité en toute franchise leur en offrait la chance. Le Stonewall Inn était situé dans le Greenwich Village, un quartier, avec Harlem, où on pouvait retrouver beaucoup d'homosexuels. Les poètes Allen Ginsberg et William S. Burroughs, tous les deux gays, y habitaient et écrivaient sur le sujet.
En prévision de l'exposition internationale de 1964 à New York, le maire Robert F. Wagner Jr avait des soucis par rapport à l'image de sa ville. Le Stonewall Inn était tenu par des gens de la mafia et était reconnu pour y accueillir des travestis, des transgenres, des homosexuels, des hommes effeminés, de jeunes sans-abris et des femmes masculines. Quelques sales bouilles de la mafia aussi assurément. Un cocktail déshonorant aux yeux de Wagner. Voulant faire le ménage chez tous les homosexuels de la ville, dès 1960, des missions de policiers tendant des pièges à des hommes afin de les coffrer pour solicitation étaient monnaie courante.

Tous les bars étaint tenus pas des non-gays. Ils étaient pratiquement tous sous la gouverne du crime organisé. Les clients étaient traités sans respect, l'alcool versé y était douteux, les drinks étaient démesurément honéreux et les proprios soudoyaient la police afin qu'elle n'effectue pas de descente dans leur lieux de commerce.

Le Stonewall Inn était tenu par la famille Genovese. Une fois par semaine, la police newyorkaise encaissait une forte somme afin que les proprios puissent opérer sans tracas...et sans leur permis d'alcool. L'endroit n'avait pas d'eau courante si bien qu'on réutilisait les verres mélangeant souvent des alcools non compatibles. Il n'y avait pas de sortie de secours en cas d'incendie et les toilettes fuyaient perpétuellement. Toutefois le bar était le seul endroit ouvertement gay où ceux-ci pouvaient danser.
L'endroit est vite devenu populaire chez les homosexuels. La clientèle du Stonewall Inn éait à 98% mâle.

Généralement, les proprios étaient avisés par un policier d'une descente à venir. Mais pas ce soir du 28 juin 1969...

À 1h20 AM, 4 policiers, deux patrouilleurs en motos, un detective et l'inspecteur en chef du district sont entrés et ont hurlé qu'ils prenaient contrôle de l'endroit en allumant les lumières et en barrant les portes. 200 clients et employés s'y trouvaient alors emprisonnés.

Le plan était de mettre en ligne les patrons, de mettre dans deux autres lignes les gens "en apparence normales", mâles d'un côté et femelle de l'autre, puis de faire une quatrième ligne avec les transgenres et les drag-queens afin d'identifier leur sexe. C'est d'abord cette ligne, ne voulant pas coopérer, qui a donné du fil à retordre aux policiers. Puis la tension est montée d'un cran quand les policiers ont semblé, aux yeux des clients, abuser de leurs mains sur la fouille des femmes sur place. Attendant des renforts qui n'arrivaient pas, les policiers ont libérés la moitié des gens. Toutefois, ceux-ci, au lieu de quitter sont restés devant le bar en guise de protestation. Bientôt, il y aurait plus de 1000 personnes sur la parvis devant le Stonewall Inn quand les renforts sont arrivés.
L'hostilité grandissante, les mots d'esprits sont vite devenus des mots de haine. Témoins d'une parade de gens menottés, les 1000 personnes autour des policiers qui regardaient leurs amis se faire coffrer dans des panier à salade ont spontanément choisi de s'attaquer aux policiers et aux panier à salade. La confusion fût totale. Le refoulement d'années de répréssion a pris le dessus.
100 personnes furent arrêtées plus ou moins au hasard. Dave Van Ronk qui jouait dans un bar tout près et qui s'était approché pour voir ce qui se passait était parmi ceux-ci. Dix policiers se sont barricadé barricadé dans le Stonewall Inn lorsqu'assaillis par la foule.
N'ayant pas prévu de résistance de la part d'hommes effeminés, l'humiliation est devenue plus grande encore pour les policiers sur place qui mangeaient une raclée. Les policiers étaient prêts à tuer. Formant une ligne afin de siperser la foule, le réflexe des gays fût de former eux aussi une ligne et de faire des folies bergères dans l'esprit des danses de cabarets. J'avoue que c'est très méprisable mais ça n'aurait dû inspirer qu'un grand fou rire. Au contraire, c'est à ce moment que la police a chargé les danseur(euses) pour les matraquer et tenter de les coffrer pour leur routine et leur jeu de jambes.

Mais surtout pour exorciser leur humiliation et appliquer leur mépris de ces gens du bout de leur gourdin.

Dans la confusion, la plupart des gens arrêtés réussirent à prendre la fuite, souvent menottés. Seulement 13 personnes ont été emprisonnées quand vers 4 heures du matin la poussière retombait sur la Christopher Street.

Une rue que les homosexuels, ce soir-là, s'étaient gagnée.

Certains ont avancé que si la police a fait une decente ce soir-là c'était parce que l'amoureux d'un policier s'y trouvait et que ce policier était jaloux qu'il le trompe avec d'autres. D'autres, plus près de la vérité, ont stipulé que les patrons avaient refusés de payer la police leur pot-de-vins hebdomadaire.

Avant ce soir-là les homosexuels devaient cogner aux portes et s'identifier par code au travers d'une porte. Maintenant ils étaient, dans le jubilatoire chaos du fracas de leurs chaines, libres et publics .

4 jours après la légalisation du mariage gay à New York, ça me semblait à propos.
Mais surtout ça se passait à cette heure-ci, le 28 juin 1969.

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