lundi 25 juillet 2011

Le Monde en Boîte de Galloway

Galloway ouvrit la lumière de sa cave.

Il y gardait dans un placard, une boîte dans laquelle s'y trouvait un monde miniature. Une ville, un centre-ville rappellant New York, des édifices, quelques habitants en petits bonhommes aussi.

Concierge de son état, c'était son hobby. Ce monde miniature qu'il s'était recréé en achetant des articles en provenance d'un peu partout sur l'internet était pour lui une manière de s'évader. Il y plantait son visage quelques instants, observait les détails de ce petit monde de Gulliver et plongeait alors dans un plaisir total. Le même type de détente que pouvait offrir un bon café pour certains ou un bon bain chaud.

De jour, ses tâches de concierge du six logements dont il avait la responsabilité,  le faisait bien saluer quelques voisins de temps à autres mais dans l'ensemble, son quotidien était bien terne. Les gens l'aimait bien car il était utile, mais rien pour nouer de grandes amitiés. Quand il n'y avait pas de menues réparations à faire sur un logement, on ne se souciait guère de sa présence.

Galloway ne s'en formalisait pas, il avait son univers à la Jonathan Swift dans une boîte de la cave comme ultime refuge.

Mais ce soir là, notant qu'il devait peut-être planter ce mini décor dans autre chose qu'une bête boîte de carton brun, il remarqua du même coup deux bonhommes miniatures en train de monter une échelle. Peut-être n'avait il jamais remarqué ses deux petits bonhommes mais bon, il trouva tout de même curieux de les remarquer pour la première fois, sur le toit d'un de ses édifices de son faux centre-ville, comme si ils tentaient de fuir la ville reconstituée.

Il n'en fit pas un plat et ce n'est que le lendemain, en soirée, qu'il réalisa ce qui se passait dans sa boîte du placard de la cave. Les petits bonhommes, supposément inanimés bougeaient. Dès qu'il ouvrit la boîte, les voitures se mirent à rouler, à s'arrêter aux lumières, des bonhommes sortaient et entraient des commerces, d'autres traversaient la rue, la ville s'activait sous ses yeux comme si il était Dieu d'un nuage regardant ses créations. Il en était si stupéfait qu'il ne remarqua que tard que les deux bonhommes au bout de leur échelle étaient presqu'en train d'escalader le contour du haut de la vieille boîte de carton brun dans laquelle la ville était prisonnière.

Il fût si soudainement troublé qu'il en échappa la boîte au sol. Celle-ci se brisa de partout et sa ville fût légèrement démolie. Une grosse agitation fît vibrer quelque peu le morceau de carton difforme et des voitures miniatures en sortirent comme un troupeau d'insectes fuyant un poison. Galloway, sans réfléchir les ramassa d'un large geste du bras, les lança dans la boîte, ferma la boîte et la remis dans le placard qu'il s'empressa de fermer. Il resta un temps à se demander ce qui venait de se passer. À qui pouvait-il confesser ce qu'il venait de vivre?

Il monta à l'étage afin de reprendre ses esprits. Dans le corridor du hall d'entrée deux locataires masculin et une jeune femme s'y tenaient, légèrement secoués eux aussi.

"Que se passe-t-il" demanda Galloway sans trop s'en rendre compte, encore ébranlé.

"Vous avez vu Monsieur Galloway, les deux cadavres en haut du building en face?" dit l'un d'eux

Effectivement, il y avait bien deux draps couvrant deux corps au sommet d'un édifice.

"Qu'es-ce que c'est?" demanda Galloway.

"Deux hommes ont été retrouvés morts sur le toit du building, comme écrasés, ils avaient une échelle avec eux"

"Peut-être voulaient-ils sauter et se suicider?" dit la jeune femme.

"Mais non puisque je te dis qu'on le as vu monter l'échelle en regardant de l'autre côté!" lui répondit l'un d'eux

"Mais il n'y a rien de l'autre côté que voulaient-ils faire?" fit-elle.

"C'est le grand mystère" dit l'autre.

Galloway remarqua soudainement beaucoup de bruit vers la gauche à l'extérieur dans la rue. Une cohue venant de la ville. Ce sont toutefois les trois jeunes locataires qui sortirent les premiers.

"Oh mon dieu t'as vu?" fit la jeune femme
"Aïe Aïe Aïe quel carambolage en ville!" fit l'autre
Le troisième prit son téléphone pour rejoindre quelqu'un.

Galloway resta stupéfait.

De la ville se dégageait une épaisse fumée noire provenant d'un amoncellement de carcasses de voitures.

Galloway avait du ménage à faire dans le placard de son sous-sol.
Et pas n'importe comment.

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