jeudi 11 août 2011

Hitch

Sa mère avait décidé dès son jeune âge que si il existait une classe supérieure d'être humains en Angletterre, son fils ainé en ferait parti.

Christopher Hitchens a été au Leys School de Cambridge au Balliol College d'Oxford d'où il se spécialisera en politique, en philosophie et en économie. À l'Université, il expérimente avec les relations homosexuelles et quand deux de ses conquêtes deviennent ministres du gouvernement Thatcher, le britannique comprend le sens du mot "pouvoir". Il détient un secret qui peut anéantir les carrières de ses deux anciens partenaires.

Dans les annés 60, il joint le Labour Party mais en est rapidement expulsé puisqu'il s'inscrit en faux sur l'occupation au Vietnam. La moitié de l'aile jeunesse est alors aussi expulsée du Labour Party.

Au seuil de la vingtaine, il travaille comme correspondant pour le magazine International Socialism puis comme éditeur de la section Science Sociale dans le London Times Higher Education Supplement. Limogé de ce dernier poste, il travaille comme journaliste au New Statesman où il se lie d'amitié pour la vie avec Martin Amis et Ian McEwan. Dans ce journal il a de la dent et attaque régulièrement Henry Kissinger, la guerre du Vietnam et l'église catholique romaine. Le sordide Amis et l'insolent McEwan déteignent sur sa personalité qui est d'un naturel fielleux.

En Novembre 1973, la mère d'Hitchens s'enlève la vie dans un pacte de suicide avec son amant dans une chambre d'Hôtel de Grèce. C'est Christopher Hitchens qui va chercher sa dépouille. Sur place, il publie sur la junte militaire Grecque et sur la crise constitutionnelle de l'époque. Ses deux articles le lancent dans le monde journalistique. Il sera correspondant de Chypre pour son journal.

Après avoir marié sa femme à Chypre et avoir eu deux enfants d'elle, il choisit de vivre aux États-Unis en 1981 où il écrira pour The Nation. Il y critiquera régulièrement George Bush Père et les multiples manipulations malsaines en Amérique Centrale et en Amérique du Sud de l'adminisitration Reagan.

Il est qualifié de "toan avec des couilles" soit un fouille-merde toujours apte à brasser le statu quo pour faire réagir (et penser) les gens. Gore Vidal le qualifie de digne héritier de sa personne et comme son dauphin pendant un temps. Hitchens écrit des essais sur le Tchad, l'Ouganda, le Darfour et la région du Soudan. Il devient un portraitise/polémiste des situations en politique étrangère. Avide lecteur il sera aussi critique littéraire pour The Atlantic et contribue aussi ponctuellement à diverses magazines.

En 1987, il est tout-à-fait parmi le jet-set littéraire, politique et journalistique. Plusieurs croient même que le personnage de Tom Hanks dans The Bonfire of the Vanities dans le film tiré du livre de Tom Wolfe est inspiré de Hitchens (C'était plutôt Anthony Haden-Guest). Hitchens fait la rencontre de l'auteure Carole Blue qu'il mariera dès 1989. Ils auront une fille ensemble.

Hitchens est un grand adepte et de la cigarette et de l'alcool. Il quittera la première habitude du jour au lendemain alors qu'il fumait trois paquets par jour et avoue se servir de la deuxième "pour tenter de tuer ou de mater la mûle qui se cache en lui". L'auteur ressemble parfois à un cerveau voulant se faire passer pour un muscle. Il perçoit le monde de manière fortement intellectuelle mais y répond de manière brutalement physique. Spontanée et honnête. Il a beaucoup d'amis, McEwan, Amis, Salman Rushdie dans sa garde rapprochée, et ses textes le font travailler dans plus de 60 pays. Il est aussi un invité populaire qui fait toujours réagir sur les ondes télés.

Au travers des années, il est devenu célèbre avec de longs textes contre la religion, un ennemi de toujours pour Hitchens. Il sera de toutes les tribunes qui débatteront de la nuisance religieuse. Ses livres et ses écrits sur la religion font de lui une figure de proue du nouvel athéisme.

Mère Téresa, Bill Clinton et Henry Kissinger deviennent les cibles préférées de Hitchens et seront les sujets de trois livres. The Trials of Henry Kissinger est un impressionant portrait des crimes politiques (jugés par Hitchens, plus tard réalisé en sérié télé) commis par le secrétaire d'état des présidents Nixon et Ford, plus particulièrement en Indochine, au Bangladesh, au Chili, à Chypre et dans le Timor Oriental.
Il est impliqué indirectement dans l'affaire Monica Lewinsky quand Hitchens et sa femme sont forcé de placer un afidavit en cour jurant que leur (ex)ami Sydney Blumenthal a bel et bien parlé de Monica Lewinsky comme d'une harceleuse. Cette affirmation contredisait celle de Blumenthal en cour et a mené à une série d'article acrimonieux entre le deux hommes dans les journaux et dans un livre (de Blumenthal, The Clinton Wars).

Acrimonie: voilà un beau terme pour décrire Hitchens en un mot.

Par rapport au conflit Israëlo-Palestinien, il se déclare anti-sioniste, puisque de descendance juive, jugeant que le sionisme serait une erreur même si les Palestiniens n'existaient pas.

Ses idées sont si importantes et ont tant d'impact qu'on lui demande son avis sur des questions pressantes comme l'avortement ou la légalisation du cannabis. En ton de gris sur le premier sujet, clairement pour sur le second. Il a écrit sur la réunification de l'Irlande, L'abolition de la monarchie britannique, il a condamné les crimes de Slobodan Milosevic et Franjo Tudman en Yougoslavie et dans la guerre en Bosnie avant qu'ils ne soient mis à jour.

En 2005, il est nommé parmi les 100 intellectuels publics les plus influents par le magazine Foreign Policy et le Prospect Magazine. Deux ans plus tard il rafle le National Magazine Award pour ses articles du Vanity Fair (qu'il signe depuis 1992) dans la catégorie "Chornique d'Opinion et Commentaire". En 2009 il est cité dans le magazine Forbes parmi les "25 esprits libéraux les plus inlfuents des médias des États-Unis"

Partisan d'une intervention militaire musclée en Irak, il se fait de nombreux ennemis mais aussi de nombreux nouveaux adeptes. La droite républicaine entre autre. Vanity Fair, son employeur, l'invite alors à tester les méthodes de tortures interrogatoires des prisonniers de guerre. Hitchens tient 15 secondes. Indécrottable fan de George Orwell dont il admire le génie anticipatoire, il tentera toute sa vie de l'imiter en tentant de voir toujours deux ou trois coups plus loin que ses adversaires de point de vue. Il écrira d'ailleurs un livre sur Orwell.

Il ne tente jamais de convaincre mais au contraire tente d'expliquer pourquoi il n'est pas d'accord avec son interlocuteur. Avec un flegme tout ce qu'il y a de plus britannique. Il croit en l'homme et en rien d'autre. Il ne tourne jamais le dos à ses faiblesses, il les expose.

Christopher Hitchens a le cancer de l'oesophage, un cancer si important qu'il s'est propagé dans sa poitrine et son thorax et offre une importante prépondérance sous la clavicule de son épaule droite. On peut la voir et la sentir au toucher.

Son père est mort de ce cancer à 79 ans. Hitchens en a 61.
Il ne se donne pas 5 ans de vie encore à faire.

Ses écrits resteront.
Même si il n'aura jamais complètement atteint la classe supérieure des humains.
Laissant cette caste à un Dieu qui n'existe pas.

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