samedi 3 décembre 2011

Juste Une Paire de Demi-Dieux

"Soyez ma muse... et que ne durent que les moments doux, durent que les moments doux, et que ne durent que les moments doux..."
  -Maître Bashung*.

Vous avez déjà joué au rugby? Ou ne serais-ce que vu un match de rugby? C'est à mon humble avis le sport le plus dur au monde. Pas dans le sens de difficile, aussi peut-être, mais dur au sens de rude, agressif, intense. Pratiquement sans équipement on se rentre dedans, on se frappe, on se casse les dents, on se déplace des clavicules, se casse le nez, on se fait saigner comme si on descendait une montagne mal équipé en vélo. Un coup de crampon en pleine joue est monnaie courante car quelques fois on passe le ballon et quelques fois on botte le ballon. Tout le monde plonge partout. Rarement l'Homme n'est plus bestial que dans ce sport. Même la boxe semble plus protectrice du corps humain.
Après le match, victoire ou non, sale comme des robineux, on se réunit dans un bar et on boit du houblon dans le soulier, celui souillé du match. Barbare à tous les niveaux.

Viril et brutal.
100% animal.

Vous savez ce qui est aussi animal? La nudité.
Un animal n'est jamais (ou presque) habillé.

Et la nudité, contrairement à ce que certains prudes pensent, peut être belle. Je dirais même que je trouve la photo mise en tête de cette publication beaucoup plus vulgaire que la campagne de Centraide qui est actuellement affichée un peu partout, dont entre autres endroits, dans le très fréquenté métro de Montréal. Station Rosemont: Mitsou et sa soeur. Station Jean-Talon: les 5 gars de Simple Plan. Station Jarry: Joanie Rochette, qui montre toujours beaucoup plus de peau que de linge dans son art de toute façon. Ils sont 17 personalités connues qui ont posé comme ça pour Centraide. Est-ce odieux? peut-être pour certains. Mais je suis convaincu que la plupart trouvent ces photos de bons goût.
Moi ce que je trouve odieux ce sont les moines de la morale. Les ayatollah du bien des autres. Les protecteurs de nous-même. La virile équipe de rugby féminine de l'Université Laval a choisi comme moyen de financement afin d'aider financièrement leur sport, l'idée du calendrier sexy. On a engagé un photographe, il a assuré qu'il ferait de la nudité de "bon goût". Rien d'étranger à l'Université Laval puisque l'équipe de natation masculine avait fait la même chose trois ans plus tôt. Étrangement cette fois-là, il n'y avait eu aucune levée de bouclier.

Mais cette fois, deux enseignantes, outrées de voir le corps des femmes ainsi dénudé à des fins commerciales, ont forcé l'équipe à bloquer le projet aux couleurs de l'université. Soutirant du même coup les sous qu'auraient pu faire l'organisation.

Quand j'ai lu la nouvelle, j'ai cru en la réincarnation de Monseigneur Vachon, recteur de 1960 à 1972 qui ne voulait rien entendre des résidences mixtes. Ces deux pisse-vinaigre trouvent assurément qu'il est rétrograde de "réduir" le corps de la femme à sa nudité. Personnellement je trouve atrocement rétrograde de penser ainsi. Le corps humain, particulièrement dans le sport, peut élever certaines séquences au statut d'art. Ce russe qui avait raflé l'or aux olympiques de 1976 à Montréal et qui est mort la semaine dernière a, grâce à son corps, marqué l'imaginaire collectif mondial. En sport, le corps est une machine. Au rugby, c'est une succession d'accidents de voiture. Montrer le bolide et le féminiser, où est le mal? Ce qui fait qu'une femme est une femme c'est aussi la différence physique dans la découpure du corps. Vous les avez déjà vu les joueuses de rugby? Elles sont quelque fois plus viriles et plus intenses que bien des hommes.Certaines se seraient peut-être senties femmes pour la première fois de leur vie dans cette séance de photo. Le photographe, un professionnel très sérieux, les avaient même prévenues: les photos devaient être acceptables pour les membres de leurs familles, et pourraient être diffusées un jour, plus tard dans leur carrière.

L'université a paniqué. A mis sa burqua.

La nudité peut être chic. Chic et pas toujours choquante.

Mais les deux nounounes nonnes, jalouses j'imagines, ont décidé de "protéger" ces jeunes femmes d'elles-mêmes. Les joueuses auraient été les seules responsables des effets négatifs et/ou positifs de ce calendrier. Les femmes, en sport ou ailleurs,  n'ont-elles pas le droit d'être fières de leur corps? Ce n'est pas gratuit ici, le corps est l'outil principal de leur talent sportif. Si il s'agissait de membres du barreau ou de planificatrices financières je ne dis pas, là des questions se poseraient sérieusement. Mais si il est entendu que les pompiers doivent être en forme pour pratiquer leur métier et que le corps doit aussi être celui d'un demi-dieu, si il est généralement accepté que ces boys peuvent poser dénudés, pourquoi des athlètes, souvent plus en forme que les pompiers ne pourraient pas le faire? Une pub à la télé hier à heure de grande écoute nous invitait à acheter le calendrier des pompiers. Comme pour nous rappeller que pour les hommes c'est correct mais les femmes...
Les calendrier de pompiers ne se vendent pas autant qu'on le croit. Ils sont un coup d'oeil temporaire intéressant pour certains mais qui l'affiche vraiment? Peu importe, ces gens, les pompiers, sont très bien payés. Mais ces étudiantes qui jouent un sport méconnu? Peut-on leur reprocher d'avoir voulu frapper un grand coup pour attirer les sous?

Ces jeunes femmes ont été maternisées par une société "Harpeurisée".

Hou! la nudité. Quel spectre!
Le mauvais goût ne se trouve pas toujours dans les mêmes palais.

Les cheerleaders du Rouge & Or, le métier de cheerleader en général est beaucoup plus rétrograde en ce qui me concerne, et il s'agit d'un métier habillé au Québec.

Les deux membres du "corps" enseignant sont beaucoup plus humiliantes, vulgaires et grossières à sous-estimer l'intelligence des ses jeunes femmes que les joueuses de rugby ne l'auraient été nues sur du papier.

*La nudité dans ce clip, bien que j'adore l'artiste, est à mon humble avis plus ou moins justifiée et pas super chic.

1 commentaire:

Dollarablog a dit...

Je suis d'accord avec tout cet article, à part le bout "Harpeurisée": j'aurais plutôt dit "Québéquisée", car c'est le Québec qui est toujours en première ligne pour être "contre".