dimanche 22 janvier 2012

Le Lapin de la Lucarne

Je suis nu comme un ver.

Ça semble m'arriver souvent.

Je suis dans la chambre des maîtres à l'étage.
Et je remarque les desesperate housewives italiennes avec leur caméra et leur cinécaméra de l'autre côté de la rue.

Revenons en arrière.

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Août 2010.

La belle, dans un premier grand élan de folie du design choisit de faire changer la porte de l'entrée. C'est vrai qu'on sent quelques fois l'air passer au travers des vis qui tiennent la vitre de la porte. Rien de grave, mais maintenant, de l'intérieur autant que de l'extérieur, le cadrage lui-même est en train de lentement se décomposer. Pas qu'il tombe en lambeaux mais si on tire dessus, on peut faire comme on ferait avec des bretelles sur sa poitrine.

Donc rendez-vous pris avec une bande de minables pour une couple de 1000 piasses avec un premier versement de 800$ dès septembre. Promesses de livraison/installation au plus tard à la mi-décembre...

HA!

19 décembre: appel de Hunter Jones à la dite compagnie d'abrutis pour leur demander, maintenant que nous sommes officiellement passé la mi-décembre et que le froid entre amplement dans la maison comme si il n'y avait pas de porte, "Quand passerez-vous?". Le proprio de la compagnie de me jaser des retards qu'ils ont pris et gnagnagna...Le traducteur en moi comprends "On gère très mal, la vie est difficile, on en a plein le cul".

"Je pourrai même pas cette semaine!" conclut-il.
"Oui mais nous on gèle dans la maison pendant ce temps-là, et on surchauffe!"
"Pas tant que ça" me dit-il effrontément.
Je ne peux que rire de son affirmation. Qu'en sait-il? Il me propose de passer "exceptionnellement" entre Noël et le jour de l'an. Nous n'y serons pas, est-ce possible de venir le faire quand même? non, si il n'y a personne pour payer, les gars ne se présentent pas. Suivant ce raisonnement de bottine je pourrais lui dire que si les gars viennent pas installer je ne paie pas non plus, please gimme my 800$ back, mais bon, je me garde une petite gêne.

Le moron poursuit:
"Nous sommes en vacances jusqu'au 16 janvier fa'que on comptera pas le 16 janvier le temps de r'venir dans nos affaires..."
Ses gens sont d'une efficacité ministérielle.
"je vous mets en priorité le 17 au matin ça vous va?"

Ça fait chier.
En fait, même pas.

Car la salle de bain de l'entrée est condamnée puisque son bol est glacé. Les petites vis qui tiennent mal le cadrage de la porte d'entrée sont aussi blanches de glace et de neige de l'intérieur tellement le froid y passe. En fait c'est un peu comme si il n'y avait pas de porte du tout. L'air y circule énormément. Une seconde porte qui démarque le salon et l'entrée est maintenant en permanence fermée.
Le 17 janvier, ils doivent donc venir mais cette belle compagnie de champions me soulignent que c'est moi qui doit les rappeller le lundi 16 pour confirmer.
Vous ne serez pas dégrisés bande de pochtrons?

Donc le 16 je rappelle mais entretemps, puisque pour eux c'est la fête mais pour nous le train est en marche depuis le 6 ou le 7 et il file à vive allure, depuis donc, un important rendez-vous s'est placé le mardi matin à 8h30. En les appelant je demande si c'est grave que je m'absente une heure ou deux. L'idiot au bout de la ligne reprend ses effronteries.
"Ben là on peut pas jouer à 'cachette...faut qu'i' ait que'qu'un les gars peuvent pas..."

CALISSE FAUT TU QUE JE LEUR PRENNES LA MAIN?!

Mais je ne fais que penser ceci, reste zen, la petite neige est si belle dehors. Je leur affirme que je reporterai ce rendez-vous impossible à reporter (Maria n'est disponible pour la baise que les mardis matin) et que je serai sur place sans faute. Ils doivent m'appeller en premier entre 8 et 10 AM.

Dans ma routine du matin vers 8h25 je commence à respirer. C'est aussi l'heure où je vais faire mon jogging et mes 100 redressements assis au sous-sol. Une fois ceci terminé je lance tout mon linge dans la salle de lavage (au sous-sol) et monte, nu, vers la douche. Nécéssitant un passage devant la porte d'entrée vitrée. Mais là, comme j'attends de la visite, je n'ose pas commencer mes exercices. Même habillé, tout suitant, la situation serait plus ou moins agréable si ils arrivaient au beau milieu de ma demie-heure ou des mes redressements assis. Je ne leur fait plus confiance, je suis assuré qu'il se pointeront sans jamais s'annoncer. Le gambler en moi flirte avec l'idée de tenter de coincer un 45 minutes d'exercices suivi d'un 15 minutes de douche quand même.
Je tergiverse dans l'indécision une bonne dizaine de minute avant de finalement choisir que, non, je ne prendrai pas cette chance, mais je vais quand même prendre ma douche, ce miroir est trop infect pour mon oeil torve. Je me déshabille.

9h55 toujours pas de nouvelles. J'aurais eu le temps de me rendre à mon rendez-vous et d'en revenir. De faire mon jogging et de prendre ma douche aussi.
Je suis nu, dans la chambre des maîtres. Je m'apprête à aller prendre ma douche. Je regarde quand même par la fenêtre qui donne sur l'entrée : un gros camion DANS mon entrée. Deux gars en haut des marches, devant la porte à remplacer, qui sonnent chez moi.

Étrangement je n'ai AUCUNE réaction.

Ils sonnent à nouveau. Cette fois j'ouvre la fenêtre et grimpe comme un singe dans son cadrage.
Nu toujours.

Il neige dehors. C'est féérique. On annonce toutefois de la pluie aussi aujourd'hui. Wach!

Les deux gars ne savent pas trop quoi faire à la porte. Peu débrouillards, ils se regardent. Les deux ont un téléphone et personne ne songe, une seule seconde à m'appeller, pas plus qu'à lever la tête d'ailleurs. Au contraire, ils appellent leur boss, désemparés, pour savoir ce qu'ils font. Celui-ci leur conseille de rebrousser chemin. Je les aide un peu en pissant de la fenêtre directement sur leur tête.

"Fuck i' commence à pleuvoir en plus, boss, on revient d'abord!" dit l'un d'eux au téléphone.
Ni l'un ni l'autre ne lève la tête et tous les deux déduisent que c'est de la pluie qui leur tombe sur le dos et les épaules.
"C'est ben de la pluie salée ça christ!" dira l'un d'eux avant de quitter dans son camion. Double Wach.

Inspiré je tente d'écrire en jaune dans la neige sur mon terrain "minables" mais ne réussi qu'à écrire "mina...".
Qui est aussi le nom de la voisine d'en face qui prend ceci pour une invitation et viendra honorer la matinée à sa façon même si on est pas jeudi (son jour à elle-je vais semer la pagaille dans les desesperates housewives de ma rue...).

Ils repasseront ces eunnuques.
Aujourd'hui c'est moi qui en avait plein le cul.
...Et Mina...

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