jeudi 17 mai 2012

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable******Led Zeppelin III de Led Zeppelin

Une fois par mois, un très très TRÈS personnel musée sonore d'incontournables albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage du temps vous sera offert sur ce site.

Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.

J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.

Ils sont tous les quatres mémorables pour moi en ce sens qu'ils ont tous changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques m'habitent complètement. J'en connais chaque son et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits toujours nouveaux même si les sons restent les mêmes. Ils atterissent juste à des endroits différents selon la météo mentale et physique.

"Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2
Par ordre de parution.
J'aurais pu rajouter The Suburbs d'Arcade Fire.

(tiens je viens de vous faire un top 5 vite fait sans m'en rendre compte!)

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, ç'est B.I.B.I., c'est-à-dire: moi.
C'est aussi la terminaison finale du mot "habibi" qui, en Irak, veut dire "mon amour".

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, c'est également parce que ça pourrait évoquer une maitresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.

Ce que la musique est très souvent.

Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.

LED ZEPPELIN III de Led Zeppelin

1970, Gwynedd, Pays de Galles.

Après avoir enregistré deux albums coup-sur-coup, connu un énoooooooooooooooorme succès suivi d'une tournée en Amérique du Nord en trois maigres années qui les rendraient riches, Jimmy Page, Robert Plant, John Paul Jones et John Bonham avaient besoin d'un peu de repos en janvier 1970. Page et Plant loueront un chalet rustique qui offrait une fenêtre unique sur la paisible vallée de la rivière Dyfi. Jones et Bonham ne les rejoindraient que plus tard.

Sans électricité, sans eau, avec le strict minimum, Plant et Page se ressourcent dans la tranquilité de la vallée et l'album en gestation sera aussi leur plus tranquille. Avant de s'isoler et d'être coupé de l'électricité, Page se plaisait à écouter la musique de Davey Graham et de Bert Jansch. Plant, pour sa part, vibrait sur la musique de John Fahey qu'il découvrait. Forcément l'album ne pouvait qu'être plus folk, plus acoustique. On leur reprochera, mais pourtant le band a tout de même déjà 5 chansons sur deux albums qui sont acoustiques. Et leur plus gros hit EVER, qui sera pondu dans un an, aura sa large part d'acoustique. L'argument ne tient donc pas.

Page et Plant composent tranquillement pendant trois mois avant que Jones et Bonham ne viennent les rejoindrent pour pratiquer les morceaux et proposer leurs propres idées. L'album est enregistré entre mai et juin en studio à Londres. On branche donc un tout petit peu mais l'ensemble restera majoritairement folk. et acoustique. En juillet on enregistre encore, à Nothing Hill cette fois. En août, on mixe. Un ami de Page, Zacron, dessine une pochette originale avec un morceau que l'on peut tourner pour y mettre de différentes images dans les ouvertures(sauf pour la France qui aura une pochette différente) et l'album sera lancé en octobre.

La critique restera froide puisque les fans attendaient la suite de Whole Lotta Love et reçoit à la place du Crosby, Stills, Nash & Young qui émerge au même moment et avec beaucoup de succès depuis le mois de mars de la même année.

Led Zep III reste un bijou dont les sons de 1970 n'ont pas pris une ride encore 42 ans plus tard.

Immigrant Song. La musique de poil disait mes parents composée suite à un passage à Reykjavík, en Islande avec les sons de baleines qui sortent de la gorge de Plant et les riffs de vikings qui rament du trio Page/Jones/Bonham. Cette chanson sera la signature d'ouverture du band en spectacle jusqu'en 1972. Un petit 2:26 fort intense.

Friends offre des violons, phénomène rare chez Led Zeppelin, John Paul Jones est responsable des arrangements de violons et des effets de synthétiseurs qui feront la liaison avec la chanson suivante. Étonnament Jones n'est pas crédité comme co-auteur de la chanson.

Un technicien a effacé par erreur l'intro à la batterie de John Bohnam ce qui explique la liaison avec la chanson précédente (afin de masquer la gaffe). Sur Celebration Day, une chanson que Plant présente comme "The New York song" en spectacle puisqu'il y a écrit ses impressions sur la ville de la Grosse Pomme. L'énergie frénétique à la limite de la shyzophrénie, est une signature Jones/Page/Plant.

Since I've Been Loving You: Le bijou, tout album du band confondu (selon moi). Le blues par excellence. Plant à son meilleur, Page à la guitare à quatre mains. Assurément l'un des solos de guitare les plus intenses et des plus réussis par le sorcier Page (avec celui-ci). Jones/Page/Plant ont signé ce brillant morceau.

Out on the Tiles est une phrase que lançait John Bonham pour dire qu'il partait brosser dans les pubs. Plant réécrira le texte original de Bonham pour qu'il devienne "acceptable" pour le grand public. Bonham/Plant/Page sont auteurs du morceau qui clôturait la face A, la face "rock" du 33 tours.

Adapté d'un morceau de Fred Gerlach par Page, Gallow Poles ouvre le deuxième côté de l'album, le côté dit "acoustique". The Maid Freed From The Gallows Pole est une chanson ancestrale dont les droits sont publics.

Jimmy Page signe seul (Plant avait co-signé la précédente) la somptueuse chanson suivante. Page pige en fait dans son ancien répertoire et récupère un morceau qu'il avait écrit alors qu'il était membre des yardbirds. Deuxième chanson fruitée de Led Zeppelin après la toute aussi succulente chanson du citron sur le deuxième album.

Lumineux morceau qu'est That's The Way, (d'abord appellé The Boy Next Door) composée par Plant & Page à la suite d'une longue marche dans le décor du pays de Galles. La rumeur veut que Page ait conçu sa fille, Scarlet, avec sa partenaire Charlotte Martin, une demie-heure après que le morceau eût été écrit.

Bron-Y-Aur est le nom du chalet qui accueillait Page et sa partenaire, Plant, sa femme Maureen et leur fille Carmen. Jonh Paul Jones joue de la base acoustique à 5 cordes et se retrouve co-auteur avec Page et Plant sur le morceau. Bonham joue des castagnettes et de la cuiller.

Le dernier morceau est un hommage à l'ami du band Roy Harper (aussi ami de Pink Floyd puisqu'il fait la voix ici). C'est aussi un clin d'oeil à Bukka White auquel le morceau emprunte beaucoup d'accords. Mais Led Zep n'en est pas à un emprunt* près...

Mais prendre des cailloux pour en faire des diamants, le mal est moindre.

Cet album, leur troisième, est comme un grand souffle de vent frais avant les désastres qui viendront 5-6 ans plus tard dans la carrière du band.
Pour nostalgiques, amateurs de folk, amateurs de blues, amateurs de guitare, amateurs de chalet rustique à odeur de patchouli.

*Pour quelques uns de ses morceaux, Babe I'm Gonna Leave You et I Can't Quit You Babe entre autre, Led Zep n'a jamais caché qu'ils faisaient une reprise mettant le nom des auteurs originaux sur les pochettes.

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