lundi 14 mai 2012

Conrad en Croisade

Dans le livre de Tom Wolfe The Bonfire of Vanities de 1987, le héros, Sherman McCoy, est aspiré par un système de justice cynique, corrompu et politiquement impropre.
Dans le dernier chapître, McCoy perd tout. Son entreprise de 3,2 millions, sa maison à Long Island, sa position de "roi du courtage" et pourtant, la fin du livre n'a rien d'une tragédie. Parce que McCoy refuse d'offrir à ceux qui le coule le sentiment de défaite qu'ils recherchent chez lui.

Faut-il alors s'étonner de savoir qu'en 2003, quand Conrad Black a dû choisir sa bibliothèque pour son séjour en prison, il ait choisit en premier le classique de Tom Wolfe?

Conrad Black a quitté la prison il y a 10 jours . Si il n'a pas vécu l'enfer des prisons de Turquie illustré dans le film Midnight Express ou la violence de la série Prison Break, il a, privé de privilèges auquels il avait été habitué, été endurci et est devenu plus méfiant face à un monde qu'il n'a connu que via la lunette de sa cellule pendant les 8 dernières années. Piégé par sa propre vanité qui en a fait un Lord (un "sir") le forçant à laisser tomber sa citoyenneté canadienne qui lui aurait donné une sentence bonbon, Black s'est baisé lui-même.

En tôle, Conrad Black, homme de lettres, a été extrèmement productif. Écrivant coup sur coup 1200 pages de biographie sur l'une de ses idoles, Richard Nixon, puis plus de 600 pages supplémentaires sur sa vie, ses idéologies et l'affaire Hollinger qui l'a envoyé à l'ombre pendant 8 ans.

Les idoles de Black, Nixon, Franklyn Delano Roosevelt, Duplessis ou De Gaulle ont tous en commun de semblables traits de caractère. Une autorité parfois irritante effleurant le totalitarisme qui trahit l'attirance de Black pour la hiérarchie et la flamboyance qui font les grands hommes à ses yeux. Il ne s'en cache pas. Il aime ceux qui règnent en maître. Et il compte être de ceux-là quand il aura assouvi tous ses plans de vengeance contre ceux qui l'ont fait coffrer. Car Black is back, définitement avec la vengeance dans la peau.

La prison change un homme mais Black mais a encore de l'ego. Il se compare librement à Jules César trahi par Néron, Napoleon, De Gaulle, les RomanovsJobles maquisards français. Tous victimes de gens jaloux à certains moments de leurs illustres carrières.

Black est de ceux qui fabriquent leurs propres règles et ne voient tout simplement pas celles qui régissent notre société. Ce qui reste encore dangereux aujourd'hui. Il se croit fermement innocent alors que le monde entier l'a vu sortir le matériel incriminant par la porte arrière de son bureau accompagné de son chauffeur.
Il est si habité de son personnage de martyr qu'il prépare le vengeance ultime.

Payback time. PayBlack time.
Trop sophistiqué (du moins c'est ce qu'il se fait croire) il n'exposera pas son plan en long et en large.

Mais quiconque le connait sait qu'il est train de préparer le dernier chapître du livre de Tom Wolfe.

Chapître que Wolfe n'a jamais écrit.
Et qui sera écrit par Black dans le sang des autres.
      

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