dimanche 15 juillet 2012

La Vague IrrésoLUE

"I know what the boys want, I'm not gonna play"
       -Lolita, Lana Del Rey

Il y a ce livre qui fait jaser les petites madames depuis quelque temps. Je serai aujourd'hui cette petite madame. En fait il cartonne comme dirait les franchouillards puisqu'il a vendu plus de 20 millions de copies à travers le monde, dans 37 pays.

Si vous croisez cet été des femmes les joues rosées avec un livre ou une tablette entre les mains, peut-être seront-elles en train de lire Fifty Shades of Grey de l'auteure britannique E.L.James.

Le livre (qui se déclinera en trois tomes de 500 pages) raconte l'histoire d'Anastasia Steele, 21 ans, jeune et jolie diplômée en littérature très fleur bleue. Le jour où elle croise le milliardaire (et extraordinaire pétard ) Christian Grey, 27 ans, patron d'une multinationale, sa vie bascule.

Il la soumet à ses jeux: soumission, fessée, ligotage, jeux de rôles, sadomasochisme, suspension, et plus, Christian adore imposer ceci à Anastasia. Il possède même un donjon secret dans son penthouse surplombant Seattle. Christian offre la vie des gens riches et célèbres à Anastasia: vol en hélicoptère, jet privé, voiture de luxe, etc. En échange, Anastasia devra cependant se soumettre entièrement à Christian et assouvir le moindre de ses désirs sexuels. Même les plus pervers.

Croisement entre TwilightIndecent Proposal et les histoires du marquis de Sade, le livre de E.L. James fait un malheur présentement dans le lectorat féminin. Mark Wahlberg, Warner Brothers, Sony Paramount et Universal Pictures étaient sur les rangs afin d'acquérir les droits de production cinématographique et ce sont ces derniers, Universal par le biais de leur boite Focus Features, qui en a gagné les droits. Angelina Jolie a fait savoir son intérêt pour être la réalisatrice d'un futur film et l'auteur Brett Easton Ellis a aussi fait savoir son intérêt pour adapter la chose à l'écran. L'acteur Ian Somerhadler et l'actrice Ashley Benson ont fait savoir leur intérêt pour les deux rôles principaux.

L'idée de la femme soumise à tous les caprices sexuels d'un homme riche et séduisant n'est pas nouvelle. C'est une xème version du déchirement entre l'indépendance et l'asservissement.

D'Histoire d'O à L'Uomo Che Guarda en passant par Pretty Woman, il y a eu des dizaines d'exemples de femmes, déchirées ou volontaires dans l'avilissement pour un bel homme ou pour une fortune réèlle ou imaginée.

L'idée du bel et riche adonis qui tient sa belle en laisse semble un fantasme aussi féminin que masculin.

Après des années, voire des siècles, à vouloir atteindre une certaine parité entre les sexes, je ne suis pas certain que ce type de fantasme ne démontre un réèl progrès. Quel est notre rapport à l'humiliation ? Est-ce sain de la rechercher, l'humiliation ?

Qu'est-ce qui détermine le plaisir sexuel de l'abus pour la soumise ?
C'est cette fine ligne qu'on explore toutes les fois.

C'est assurément excitant. Autant pour les femmes que pour les hommes. Peu importe qui joue le rôle du dominant et du dominé. Est-ce sain? Si c'est fait dans le respect, surement. Mais le corps ne devient-il pas simplement un objet alors? N'est-ce pas un concept, se battre contre l'idée de la femme-objet, contre lequel il faudrait se lever? Les femmes sont dures à suivre quelque fois...

Madonna, Janet Jackson, Angelina Jolie, Evan Rachel Wood, Christina Aguilera, Rihanna, Eva Langoria, Lady Gaga, ont toutes manifesté publiquement un intérêt pour le rôle de soumise. Ce sont toutes des artistes assez actuelles. On peut presque parler de tendance. 

Chez les acteurs ou les artistes, souvent marionnettes de leur entourage, ce n'est pas une pomme qui tomberait très loin de l'arbre, disons. Mais chez monsieur et madame tout le monde?

Personnellement si ce type de littérature encourage la vie sexuelle, je ne vois pas en quoi il faudrait s'objecter. Après tout il peut effectivement y avoir 50 formes de gris dans la vie.

Mais ça reste du gris. Pas une couleur très en santé.
Est-ce un regard que les femmes souhaitent vraiment que les hommes portent sur elles?
Peut-être.

Faut vivre dans des pays résolument riches pour vouloir se priver de ses libertés pour le plaisir alors qu'ailleurs, pour beaucoup moins, on vous tire une balle dans la tête alors que déjà restreinte à peu près partout simplement pour avoir été femme.

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