lundi 12 novembre 2012

Gabriel & Gérald

Une certaine justice a trouvé Gabriel Nadeau-Dubois coupable d'outrage au tribunal et il est maintenant passible d'un mois en prison ou de 150 heures de travaux communautaires.

Le 2 mai dernier, date du triste premier anniversaire de la majorité républicaine au pouvoir au Canada, l'étudiant en arts* à l'université Laval Jean-François Mollasse a obtenu un injonction pour contraindre l'institution et l'association étudiante à prendre les mesures pour qu'on le laisse entrer en salle de cours. Devant les salles de classe il y avait de la graine de syndiqué avec des pancartes qui faisait de bruits de jungle.

11 jours plus tard, sur le plateau de Radio-Canada, Gabriel Nadeau-Dubois disait en ondes ceci:
«Ces décisions-là, ces tentatives-là de forcer les retours en classe, ça ne fonctionne jamais, vu la solidarité étudiante, il est tout à fait légitime pour les étudiants de prendre les moyens pour faire respecter le choix démocratique qui a été fait d'aller en grève».

C'est cette phrase en italique qu a été traduite par le juge Denis Jacques par "Foncez!, étudiants et défiez l'ordre d'injonction!".

Quand Léo Bureau-Blouin, assis à ses côtés avec sa face d'enfant chéri, a rajouté "Il faut respecter les ordres d'injonction" au lieu d'y comprendre un complément à ce que Nadeau-Dubois avait dit, le juge a plutôt compris, avec une malhonnêteté intellectuelle pénible, que Bureau-Blouin ramenait Nadeau-Dubois à l'ordre.

En tant que traducteur je me dois de souligner l'erreur.

Comme l'a aussi souligné avec éloquence Yves Boisvert:
L'injonction obtenue par cet étudiant interdit d'obstruer l'entrée. Pas de piqueter. GND parle de piquetage. Il ne dit pas qu'il faut empêcher les gens d'entrer, et certainement pas dans le cas précis de ce département (lézard).
Il dit 1) que le recours aux tribunaux est un moyen déplorable, ce qui est une opinion parfaitement légitime qu'on peut encore, j'espère, exprimer publiquement.
Et 2) qu'il trouve «légitime» le recours au piquetage pour faire respecter le vote de grève. Il prend bien soin de ne donner aucune recommandation, ni aucun encouragement, ni de défier ouvertement l'ordonnance. Il exprime l'opinion de son groupe. Il se tient astucieusement sur la ligne mince qui sépare la liberté d'expression de l'encouragement à l'infraction.

Nadeau-Dubois, on a beau ne pas lui aimer la face, n'a pas fait ce qu'on lui reproche. Ce sont de multiples foyers d'incendies que pourrait faire naître le juge Jacques avec sa décision plus-que-louche. Ça sent la revanche Libérale.

Ça ressemble beaucoup à J.Edgar Hoover qui s'organisait pour faire lançer des rumeurs d'infidélité conjugale contre l'intouchable Robert F. Kennedy simplement à partir d'une photo où il y apparaissait aux côtés de Marilyn Monroe.

Tu nous fait chier, maintenant baigne dans notre marde.

Cette marde, elle a plusieurs visages.

Gérald Tremblay en est une motte.

Boisvert encore:
Inciter quelqu'un à commettre une infraction est une des formes de la complicité. Si on encourage quelqu'un à commettre un crime, on peut être déclaré coupable au même titre que si on l'avait commis.

GND est menacé de faire un mois de prison. Il n'en a pas peur et ne devrait pas non plus. Il n'est pas le genre. Mais la complicité, qu'est-ce qu'elle convient bien à l'ancien maire du 514.

Gérald Tremblay, à qui le chapeau convient COMPLÈTEMENT à cette citation de Boisvert inspirée du code civil du Québec, n'est (pour l'instant) menacé de rien.

Quand on quitte une pièce en soulignant qu'on n'avait pas besoin de savoir ça, quand il est su de tous et chacun que le maire, le boss, ne doit pas être tenu au courant des magouilles et que rien par la suite ne se produira, la traduction correcte est "c'est correct on peut faire comme on veut tant que le boss n'est pas au coeur de l'affaire".

Je n'ai aucune difficulté à imaginer Tremblay dire à quelques reprises lors de réunion: "Faites ce que vous avez à faire". L'entendre en témoignage à la commission Charbonneau ne me ferait pas tomber en bas de ma chaise.

Mais cette condamnation à Gabriel Nadeau-Dubois, dont le juge Denis Jacques n'a prouvé en rien la culpabilité, est un sérieux outrage au bon sens. Une tentative de censure qui ne fonctionnera pas.

GND va en appel, ce qui devrait renverser la mauvaise décision.

Si tout ça est maintenu contre Nadeau-Dubois, attendez vous à du chaos, les amis.

Nadeau-Dubois, 22 ans, au bagne
et Tremblay, 70, rien sinon une prime de départ?
Chaos obligatoire...

La justice des Boomers a quand même des osties de limites.
*C'est connu il n'y a pas d'égoïstes qui étudient en arts...c'est GND qui ne pensaient qu'à lui...

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