samedi 8 décembre 2012

B.A.D.

Sean, un ancien collègue dans une ancienne vie, m'a envoyé via les réseaux sociaux, une invitation à une évènement de l'église pentecotiste.

Tabarnak.

You should know me better, Sean.

La religion est le poison de ma vie.
Le poison de NOS vies.
Pas plus tard qu'hier, un illuminé ne prétendait-il pas entendre l'appel de Jésus pour tuer du franco?

Et de toute façon, je suis Born Again Dylan.
B.A.D.

La religion c'est du venin déguisé en vin divin. Je ne le suis pas le seul à le penser. La scénariste, actrice, réalisatrice Nadine Labacki doit le penser un peu aussi.

J'ai visionné son délicieux film Et Maintenant On Va Où?

Le film franco-libano-égypto-italien, un peu bollywod pour trois chansons et quelques mouvements chorégraphiques dont une fabuleuse idée en ouverture, à la fois triste et séduisante, nous présente l'histoire des femmes d'un petit village libanais vivant pratiquement toutes des deuils des hommes de leur vie, aux prise dans de perpétuels conflits confessionnels entre musulmans. Seuls le prêtre chrétien et l'imam semblent être en mesure de tenir ce village en harmonie. Quand la femme du maire introduit une télévision dans le village, les hommes réclament de voir les actualités où on y parle de multiples tueries entre musulmans et chrétiens. Les femmes ont le réfléxe de simuler des chicanes impromptues qui enterrent les nouvelles.

À partir de ce moment, elles sont en mission: il faut que nos hommes aient la tête ailleurs.
Elles mutiplieront les subterfuges, des messages soudain de la vierge Marie, des signaux de télévision qui se perdent dans les collines et la présence de danseuses russes "exotiques".

"On dirait qu'on ne peut plus que compter sur des étrangers maintenant" dira un homme à un certain moment. Peut-être serait-ce une solution.

La tension revient rapidement entre musulmans et chrétiens, souvent pour un rien.
Au chapitre 8, le personnage incarné par Nadine Labacki livre un vibrant playdoyer aux hommes du village des deux confessions, les séparant d'une rixe sur les conditions des femmes perpétuellement trempée dans le veuvage.

Elle leur dit en quelque sorte que ces femmes ont besoin, elles aussi d'avoir la tête ailleurs.

C'est un film extraordinairement rempli d'amour pour les femmes et qui est justement dédié à nos mères. Comme si les filles s'excusaient de ne pas être en mesure de gérer les haines de leurs hommes. Ce film est d'une générosité bouleversante. Qui croise tragédie et comédie avec brio.
On y pleure autant qu'on y rit. Les actrices y sont fantastiques. Vraiment.  Un très très beau film que je recommande à tous et à toutes.

Une histoire de femmes qui essaient de faire comprendre à leurs religieux hommes qu'on ne peut plus les menacer de l'enfer puisqu'elles y trempent jour après jour.

C'est ça selon moi aussi l'enfer: la religion.

I've seen it all
I've seen it all now
I've seen it all,
I've seen it all now I swear to god
I've seen it all nothing shocks me anymore after tonight
I've seen the light but not the kind I would have liked


Ce sont les mots de ma confession.
Born Again Dylan.
B.A.D.

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