mardi 18 décembre 2012

La Rose Publique

                                              (à Claudie Archambault)
Je ne sais trop pourquoi mais je t'aurais approchée pour te parler de l'histoire du garçon qui pensait à la mort et de la jeune fille qui n'y pensait pas.

Pourquoi la "jeune" fille et non le "jeune" garçon? Parce que le garçon est toujours jeune. Il mature peu. La fille devient femme. En anglais la femme mariée devient wife et l'homme reste man. C'est sans issue, nous serons toujours plus ordinaires.

Nous sommes le gris, vous êtes toute la palette des couleurs. Toi, tu es toutes les couleurs même quand tu te sens fade. Funambule de mes rêves éveillés, tu redéfinis le mot beauté à chaque regard croisé. Tu poses sans le savoir, car même au repos, tes traits prennent toute la place. Tu es du moule du mannequin. Tu vaux beaucoup trop pour bêtement être mannequin. Tu as ce petit quelque chose des années 60, les cheveux je crois, cet air de jeune Catherine Deneuve. Années 60 que tu ne connais qu'en lecture ou en images puisque tu es née dans les années...80? 90? Tu es sans âge. Los Angeles n'a qu'à bien se tenir, tu pourrais facilement la rendre volcanique d'une seule pose plastique.

La nuit, tu ne te trouves jamais sous les étoiles, tu es toute la constellation à toi toute seule.

"Oh! mais je suis pleine de vilains défauts" dira-tu en faisant rougir tes joues pâles. Tu es la monarque parmi les chenilles. Ce sont des perles de charme qui font valser tes cils. Le lustre de ce teint européen te rend unique. Tu es la reine de coeur, nous, les valets de pique.

Tu transpire la noblesse et la grâce avec classe. Les flocons de décembre embrassent tes cheveux. Je te regarde au travers de la neige et mon monde en devient merveilleux. Un vrai conte d'Andersen. Avec un seul personnage qui en vaille la peine.

Troublante ittinérante de mon inventaire admiratif, je suis chenu à ta vue. Je suis chardon là où tu es élégance. Carré où tu es finesse. Mât où tu es éclat. Folie toute en réserve.

Tu serais la cire et moi la mêche. Nous serions chandelle dans mes fantasmes de fond de ruelle. Mais ce serait un vulgaire manque de délicatesse de ma part. Je suis la part grotesque du cirque, tu es la jolie acrobate.  Ballerine parmi les voyous, comment t'es tu retrouvée parmi nous?

Tu sais écouter, tu l'as prouvé. La finesse de ton écoute et l'acuité de ton language corporel habillent ta magnificence. Ton regard est tout en pertinence. Tu places en mode aérien tous les petits rien. Un geste, un soupir, une paupière molle, un sourire en demie-teinte.

Tu es son de toutes les enceintes.

Musique de rêves dans le beige quotidien.

Le plus joli nénuphar parmi les têtards.

Je suis hors sujet crois-tu, or voilà, pas tant que ça si tu es attentive...

Est-ce possible de discerner une personne au premier regard? Si tel est le cas j'aurai perçu le raffinement, le style, la distinction. Auras-tu su voir l'espion? Te savais tu obscur objet du désir dans l'oeil du vampire?

Aurais tu fui si je t'avais souri? Comment cours-t-on en talons hauts dans la neige?
J'ai été la bête en cage qui faisaient les cent pas mais je suis inoffensif.
De toute façon tu n'a pas peur des griffes. Tu as la tienne. Tu mises dessus afin de changer le monde à ta façon.

Tu as changé le mien.
Avec un rien.

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