jeudi 21 mars 2013

101

Avant juillet 1974, au Québec, on pouvait travailler ou en anglais ou en français, c'était selon, au choix, puisque le Québec avait le statut de province bilingue.

Toutefois, on a vit réalisé que l'apprentissage du français était ardu pour les étrangers et que le glissement vers l'anglais devenait inévitable. On s'est inquiété davantage quand on a réalisé que les inscriptions dans les institutions scolaires anglophones étaient en hausse. Le gouvernement de Robert Bourassa a donc instauré la loi 22, sur la langue officielle.

Cette loi faisait du français au Québec la langue officielle des communications dans les domaines de la justice, de l'administration publique, des entreprises, du travail et de l'enseignement.

La loi mettait aussi sur pied des Commissions de terminologie, chargées d'assister le gouvernement et les entreprises dans leurs efforts de francisation secteur par secteur, ainsi qu'une Régie de la langue française qui, en plus de posséder un mandat de recherche et d'enquête, conseillait le gouvernement et administrait le programme de certification à la francisation.

Tout le monde au Québec devait maintenant légalement se faire offrir des services en français partout chez nous.

Trois ans plus tard, le Parti Québécois est maintenant au pouvoir sous René Lévesque qui est né et a grandi à New Carlisle en Gaspésie, au coeur d'une communauté franco/anglo. Qui connait donc excessivement bien l'équilibre et son contraire entre ceux qui parlent la langue de Molière au quotidien et ceux qui s'inspirent de Shakespeare. Son ministre du développement culturel, le brillant docteur Camille Laurin fait donc abroger la loi 22 et propose la loi 101. Dans le but clair de faire du français, la langue des affaires au Québec.

La Charte déclare que l'Assemblée nationale soit résolue à faire du français la langue de l'État et de la Loi aussi bien que la langue normale et habituelle du travail, de l'enseignement, des communications, du commerce et des affaires tout comme la loi 22 le proposait déjà.
L'Assemblée nationale entend poursuivre cet objectif dans un esprit de justice et d'ouverture, dans le respect des institutions de la communauté québécoise d'expression anglaise et celui des minorités ethniques, dont elle reconnaît l'apport précieux au développement du Québec. Finalement, l'Assemblée nationale reconnaît aux Amérindiens, aux Inuit du Québec et aux descendants des premiers habitants du pays, le droit qu'ils ont de maintenir et de développer leur langue et culture d'origine.

Dans cette première version, on souhaitait que l'affichage commercial soit uninlingue français ce que les cours légales canadiennes ont refusé validant que si le français restait prédominant, Canadian Tire pouvait rester Canadian Tire et ainsi de suite. Sur le terrain ceci veut dire que le texte en français doit être sensiblement plus grand que le texte dans une autre langue.

La loi 101 garantit aussi que les textes de lois soient publiées en version anglaise en plus de la version française, les deux textes étant reconnus officiels. Le procès de Richard Bain en ce moment en fait encore foi. La loi 101 prévoit aussi que les personnes puissent s'adresser aux tribunaux en anglais, si ils le souhaitent et que les jugements rendus par les tribunaux soient disponibles dans la langue officielle ou en anglais sur demande d'une des parties. La Charte de la langue française ne s'applique pas aux réserves indiennes.

C'est une excellente loi saluée peu importe les partis. Au local comme à l'international. Les Français, champion de la dérive vers l'anglais, nous reconnaissent une certaine admiration dans la vigilance que nous accordons autour de notre langue.

Le PQ, cette année a ramené une variation de l'idée de l'affichage commercial francophone en proposant qu'on rajoute du français à certaines bannières principalement anglophones. Second Cup est déjà devenu Les Cafés Second Cup, Dunkin Donuts, deviendrait Les Aliments Dunkin Donuts et ainsi de suite. Sage et légitime de la part de 6 millions de franco nageant au milieu de millions d'anglophones. Mais il s'est encore trouvé quelques ânes pour claironner que le PQ faisait preuve d'orthodoxie.

Là où effectivement, le PQ se trompe dans son projet de loi 14, est dans l'idée de vouloir refuser aux enfants de soldats le droit d'inscription à une école anglophone. Ça démontre une méconnaissance de la vie de ses gens dont les familles sont appelées à déménager régulièrement et à n'importe quel moment, n'importe où dans le monde.

Mais sur l'affichage commercial, quoi de plus normal?  Dans le Rest of Canada, et ici aussi, le Quebec-bashing est à on (L'OQLF ne comprendra pas cette expression...). Relisez ma dernière phrase, Rest of CanadaQuébec-Bashing, on, 35% de mots anglos dans une phrase de 14 mots quand même...

J'ai travaillé dans des grosses compagnies internationales à Ville St-Laurent, pas plus tard qu'il y a 3 ans, et croyez-moi, nous sommes encore avant juillet 1974 au boulot au Québec.
Je ne parlais jamais français.

Et le PQ serait démesuré de demander une réforme de la loi 101?
Pas sur l'affichage commercial en tout cas.
Que tous ces anglos qui ont profité des éxagérations de l'OQLF dans le pastagate en profitent pour viser le PQ me donne une certaine nausée.

En Colombie-Britannique, en ce moment même, une demande de réglementation sur l'affichage unilingue dans le quartier chinois a été faite. Certains commerces n'affichent qu'en chinois (ou en dialecte asiatique).

Tu trouves ça anormal Globe & Mail?
Welcome to our lives.

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