samedi 18 mai 2013

Le Grand Gaspillage

Je n'irai pas voir The Great Gatsby 2013.
Il n'y a pas de mot pour décrire le mépris que j'éprouve à l'égard du réalisateur australien Baz Luhrmann.

J'ai croisé son "talent" pour la première fois en 1996 quand je découvrais du même coup Claire Danes. J'allais suivre Danes toute ma vie et laissez tomber Lurhmann avec toujours plus de haine année après année. J'avais détesté, mais là alors franchement détesté, son adaptation du texte historique de Shakespeare. J'avais aimé Danes et DiCaprio dont la jeunesse était rafraîchissante, aimé une scène d'aquarium plutôt réussie dans la mise en scène, aimé la trame sonore, très 90's, je l'ai encore chez moi. La chanson de Garbage surtout. Mais JUSTEMENT, tout ça c'était bon pour les vidanges!. L'idée de tremper dans les années 90 l'histoire de 1597 m'avait profondément agacé. La trame sonore était bonne mais complètement indépendante du film. En tant que galette de musique pas sur les images du drame des Capulets et des Montaigus.

Mais ce qui m'avait surtout lourdement irrité avait été (et reste) le montage de son film.
À la vidéoclip, du style 1 image à la demie-seconde. 30 plans sur un même personnage dans la même phrase. Un rythme extraordinairement agité pour un texte splendide qui demande tellement, mais TELLEMENT à se laisser coucher sur nos neurones.

Je suis un homme de mots, les images sont toutefois indispensables de nos jours et je les aime et les comprend aussi. J'ai baigné longtemps dans le cinéma, y trempe encore. Mais le parti pris de Luhrmann pour ce film m'avait profondément agacé.

Moulin Rouge, vu en salle en 2001, avait créé un haut-le-coeur pire encore. La seule scène d'ouverture m'avait tant agressé que je me souviens d'avoir poussé entre mes dents un mot d'église. Moi qui n'aime en rien les comédies musicales, je ne sais pas ce que je faisais dans cette galère de toute façon.

Inutile de dire que je n'ai eu aucune hésitation à ne jamais m'approcher d'Australia.

Ce que j'aime d'un film, d'un livre, d'une oeuvre, c'est d'avoir eu l'impression d'avoir été téléporté ailleurs. Dans The Conversation de Françis Ford Copolla, je suis en 1973 à San Francisco. Dans Partner de Bernardo Bertolucci, je suis dans l'été italien de Rome en 1968. Dans La Reine Margot de Patrice Chéreau, je VIS carrément la violence d'entre 1844 et 1845 parce que Chéreau est au sommet de son art dans ce grand film. The Cook, The Thief, His Wife & Her Lover de Peter Greenaway me plante facilement en 1989. Dead Poet Society, lancé aussi en 1989, nous transporte 30 ans plus tôt avec brio. Les frères Dardenne me trempent dans des réalités difficiles d'aujourd'hui avec beaucoup de vérité.

Quand j'ai appris que l'hystérique monteur et criminel artistique Baz Luhrmann allait s'attaquer au chef d'oeuvre de Francis Scott Fitzgerald, The Great Gatsby j'ai, légitimement, lâché un sacre.

La critique sociale de 1922 où un jeune millionnaire, Gatsby, peut tout acheter sauf l'essentiel a été adapté POUR LA QUATRIÈME FOIS au cinéma et met en vedette Leo Di Caprio, Tobey Maguire et la toute aussi excellente Carey Mulligan.
IL A ÉTÉ TOURNÉ EN TROIS D!!!!!
En visionnant la bande annonce j'ai vomi.
On a gardé que le superficiel!
SA TRAME SONORE COMPREND DU RAP ET DU HIP-HOP!
Tabarnak de tabarnak parle-t-on bien du classique littéraire qui était le reflet de l'époque du jazz?

J'ai tu dis TABARNAK?
EN AVEZ VOUS ASSEZ DES MAJUSCULES?

Baz Lurhmann représente tout ce que je hais de notre époque.
Trop de plan de coupe.
Trop vite.
Trop long.
Trop de bruit.
Tout en structure rien en substance.

Le livre de Fitz ne faisait pas 250 pages. Ça aurait dû donner 1h40 de sobriété bleutée.
Luhrman nous offre 2 heures24 d'extravagances toutes en couleurs.

C'est comme si on avait demandé à Kim Kardashian de nous (re)présenter Françis Scott Fitzgerald.
La vérité c'est que Lurhmann s'en calissait de Fitzgerald. Il tournait de l'image couleur pia$$e$.

De toute façon Fitz s'est retourné dans sa tombe et boude.
Pendant que je complote afin de trouver un moyen d'efficacement faire dérailler la carrière de cet assassin des classiques, de cet anihilateur de vortex socio-temporel.

Le style avant la substance c'est cute le temps d'une photo ou d'un clip.

Pas aussi bruyant et vide.
Ça, c'est bon pour Instagram.

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