mardi 25 juin 2013

Routes (Une Guerre à Défendre)

"Est-ce que ton appétit sexuel a diminué?"

La jolie jeune femme qui m'a posé cette question m'a fait sourire.
Elle a rougi elle aussi.
Je devais répondre à son interrogatoire avant de passer ma nuit sous observation au laboratoire du sommeil LLN*.

"Non...ça va plutôt bien à ce niveau" j'ai finalement répondu. J'ai vu qu'elle baissait les yeux, intimidée par son propre questionnaire, ou par ma réponse. Le rosé de ses joues s'agenceait fort bien aux indices roux de sa chevelure.

"Je vais t'observer toute la nuit avec la caméra ici en haut, quand la lumière rouge est allumée, c'est que je te regarde"

Elle parlait d'une voix douce. J'étais fatigué et plus je lui répondais que quelques fois, sans vraiment m'endormir, je me retrouve dans un état de grâce où je suis si relax et détendu que j'arrive à peine à croire que j'ai déjà été cette brute de hockeyeur, plus je me rendais compte que je lui disais que peu à peu, je goûtais la mort.

J'ai des fois l'impression d'être au crépuscule de ma vie, je lui ai dit, et que tout juste avant de perdre la tête complètement, la vie me propose de faire durer les périodes d'éveil afin de ne pas m'abandonner trop brusquement.

Elle a semblé touchée par ma réponse.
Elle a posé les yeux sur le livre que j'avais emporté avec moi.

"T'aimes ça?"
J'ai répondu que oui. Beaucoup. Je ne sais trop si elle a compris que je lui disais que j'aimais le livre de Mo Yan ou si encore si je lui répondais que j'aime beaucoup les beaux seins et les belles fesses. De toute façon, je lui répondait pour les deux.

"T'auras pas beaucoup le temps de lire, on se couche dans cinq minutes"
"on ?"
"..."

Je ne sais trop pourquoi cette réplique m'a échappée, c'était bête. Elle m'a regardé par en dessous, mi-outrée, mi-charmeuse, avant de me dire de me mettre en tenue de nuit. Elle est sortie de la chambre pour me laisser me changer en privé mais une fois presque nu, j'ai vu la lumière rouge s'allumer dans le coin gauche sur la caméra. Là c'est moi, le petit rat, qui a rougi.

Elle est revenue me poser des électrodes sur une poitrine qu'elle caressait longuement. Un peu avant, elle avait ramassé un billet qui était tombé de mon jean. Un billet de spectacle que j'avais vu dans la semaine: Sexe Illégal. Décidément, Beaux Seins, Belles Fesses, Sexe Illégal...je me couvrais d'huile érotique bien malgré moi...

Elle m'a longuement palpé et j'ai eu très peur d'avoir une réaction tout ce qu'il y a de plus naturel dans mon caleçon. Puis m'est venu cette pensée que, durant la nuit d'observation, peut-être que mon corps se relacherait un peu trop et que je lâcherait quelques gaz gênants. Qu'entends-tu seigneur de la nuit, quand le sommeil est supposé faire taire le bruit?

Elle était assise sur mes cuisses comme une danseuse l'aurait fait en privé dans une danse contact dans un isoloir.
"Tu sais mes clients...sont toujours vieux, obèses...ou tout ça en même temps..." a-t-elle dit d'une voix chaude, la bouche à quelques centimètres de la mienne.
"J'ai 41 ans...je me trouve plutôt balaise..." j'ai commencé à dire avant qu'elle ne me saisisse les cheveux derrière le crâne pour me plaquer contre elle et me soumettre à des élans passionnels que ne je ne partagerai qu'avec le fantôme de San Antonio.

"Tu baves..." a-t-elle dit
"Hein? la nuit? peut-être...un peu...des fois...je ne sais pas..."
"Non je veux dire tu baves en ce moment, ça va?"
Le dernier paragraphe ne s'était déroulé que dans ma tête. Si elle avait regardé ce qui jouait sur mon Ipod, elle aurait trouvé plus intense encore.

C'est con j'ai super bien dormi cette nuit-là. Comme très rarement. Ils ne trouveront rien sur mon (manque de )sommeil. Ma dégénération mentale restera à nouveau un mystère pour la plupart. Ma guerre est encore active.

Elle m'a confirmé le lendemain que j'avais beaucoup rêvé, vraiment beaucoup et qu'elle en avait été impressionnée.

Si seulement elle savait à quoi j'avais rêvé...

  "Non...ça va plutôt bien à ce niveau"



*Lancinante Luxure Nocturne


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