jeudi 4 juillet 2013

Jim Jarmush

Je m'amourache de Jarmush.

Quand il a eu 15 ans, il a du même coup eu tous ses cheveux blancs. Il se distinguait déjà dans son Ohio natal. Enfermé dans des salles de cinéma par sa mère irlando-allemande, occasionnelle critique de cinéma et versé dans la littérature par sa grand-mère paternelle tchécoslovaco-allemande, Jarmush, bien qu'étatsunien, se sentira toute sa vie comme un immigrant. Il dira de son enfance/adolescente que de grandir en Ohio n'aura été que d'essayer d'en sortir.

Il goûte son plaisir du cinéma en trainant à la cinémathèque à Paris pendant 10 mois, il étudie le cinoche à New York avec comme amis étudiants Spike Lee, Sara Driver (qui sera aussi son amoureuse) et Tom DiCillo qui sera son premier directeur photo sur un premier film qui n'impressionne personne (si bien que l'école refuse de lui donner un diplôme). Malgré tout ce film installe plusieurs des thèmes qui seront récurrents dans ses oeuvres: la errance, le développement narratif lent sinon absent, la musique, l'envie d'une atmosphère plutôt que d'un récit, centré sur le dévelopement d'un personnage, comme on trouverait dans un roman, minimaliste, idiosynchratique et peu préssé. My kind.

Quand il présente au réalisateur Nicholas Ray un de ses essais scénaristiques, celui-ci lui renvoie et lui dit qu'il ne s'y passe suffisament pas grand chose. Jarmush le réécrit donc avec encore moins d'action et lui présente à nouveau. Ray est séduit et l'engage sur son dernier film. Jarmush y rencontre aussi Wim Wenders et lui empruntera plus tard son directeur photo (Robbie Muller) pour ses propres longs-métrages. Son premier film, avec son ami DiCillo à la caméra, est un étirement de l'un de ses courts, en 1984.

Stranger Than Paradise, avec John Lurie, Ezster Balint et Richard Edson, raconte l'ennui de trois personnages qui tentent de s'en sortir en trois vignettes. Mais c'est beaucoup moins ennuyant que 90% des films de 1985. Vu. Aimé.

En 1986, Down By Law, reprend la formule du trio avec John Lurie, Tom Waits et Roberto Begnini (et madame Begnini à la ville, Nicoletta Braschi). Trois prisonniers qui n'ont rien en commun, sinon la même cellule et une évasion qui les rapprochera. Vu. Aimé.

En 1989, trois histoires évoluent en parallèle autour d'un hôtel de seconde zone : un couple de jeunes rockers japonais en pèlerinage, une jeune veuve venue chercher le cercueil de son mari et un groupe de copains éméchés en bordée dans Mystery Train. Mon amour de The Clash était comblé. Vu. Revu. Beaucoup aimé.

Mon amour démesuré pour Tom Waits en 1991 m'a fait découvrir une trame sonore au CEGEP qui m'a ensuite guidé vers Night On Earth, film en cinq séquences en taxi et autant de pays (Los Angeles, New York, Paris, Rome et Helsinki)  mettant en vedette entre autre Wynona Ryder, Gena Rowlands, Rosie Perez, Giancarlo Esposito, Armin Mueller-Stahl, Issac de Bankolé, Béatrice Dalle, Roberto Begnini et Matti Pellonpää. Vu et beaucoup aimé.

Dead Man en 1995 est un western psychédélique postmoderne à la Cormac McCarthy ou Kinky Friedman tourné en noir et blanc avec Johnny Depp, Crispin Glover, Iggy Pop, Alfred Molina, Gabriel Byrne, Billy Bob Thornton et sous les sons de guitare de Neil Young. Il y avait donc beaucoup à aimer pour moi mais étrangement je ne l'ai jamais vu. Dernier film de Robert Mitchum.

Deux ans plus tard, son association avec Neil Young se poursuit et Jarmush présente son documentaire sur la tournée de Neil et de son band. Pas vu.

Quand Ghost Dog: The Way of The Samuraï est sorti au printemps 1999, j'allais être père pour la première fois et j'ai toujours trouvé les histoires de samouraïs un peu puériles. Kill Bill? d'un ennui mortel. Pas vu l'histoire de Jarmush, celle d'un un tueur à gages afro-américain vivant sous les codes d'honneur des samouraïs du japon médiéval. Forest Whitaker dans le rôle titre.

En 2003, je recommunie avec J.J. et bien que ne consommant ni l'un, ni l'autre Coffee & Cigarettes me séduit beaucoup avec un collage de 11 histoires autour des deux accessoires, tournées entre 1986 et les années 2000. La vie peut être ralentie. La vie DOIT être ralentie.

Broken Flowers est mon film préféré de Jarmush. La trame sonore est magique, le casting: Bill Murray, Jeffrey Wright, Sharon Stone, Frances Conroy, Jessica Lange, Tilda Swinton, Julie Delpy, Alexis Dziena, Chloë Sevigny, parfait et l'histoire délicieuse. Un homme reçoit d'une ancienne amoureuse une lettre l'avertissant que son fils, dont il ignorait l'existence, le cherche. La lettre est toutefois non signée. Bill Murray revisite donc ses anciennes amoureuses une à une afin de savoir laquelle serait la mère. Un film à voir dans la nuit. Un film parfait in my book.

The Limits of Control passe plus ou moins innaperçu en 2009. Le titre du film est emprunté à un essai éponyme de William Burroughs datant de 1975 et rend hommage à Jean-Pierre Melville et à Jean-Luc Godard. Encore-là j'aurais dû voir. Mais non, pas vu. A-t-il seulement été distribué ici? Un homme solitaire, d'origine probablement africaine, accepte un contrat mystérieux de tueur de sang-froid dans un aéroport parisien.

Only Lovers Left Alive a été présenté au Festival de Cannes cette année. Gothique histoire de vampires mettant en vedette Tom Hiddleston, Tilda Swinton et Mia Wasikowska et John Hurt, le film a encore tout pour me plaire.

Jim a aussi tourné de clips pour Talking Heads, Big Audio Dynamite, Tom Waits (deux fois), Neil Young et The Raconteurs. Il a aussi fait l'acteur avec sa haute tête blanche dans une dizaine de films ou de projet télé des autres. Il joue aussi du clavier sur quelques disques.

Je t'aime, Jim.
Parce que farouchement indépendant.
Parce qu'instinctif et rarement inintéressant.

     Merci Ohio pour Whitey.
Happy B-day, USA

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