lundi 5 août 2013

Bernadette Lafont (1938-2013)

Pendant que l'amoureuse, Monkee, Punkee & moi nous faufilions dans le Canada d'Amérique pendant quelques furtifs jours, Bernadette nous a fait l'affront de se faufiler jusqu'au ciel rejoindre Eustache.

Mais elle, elle a vécu avant, 74 ans pleine de vie et de rayons d'exaltation.

Elle, qui fût femme de toutes ses pores, fût élevée par une mère stricte et amère de ne pas avoir eu de garçon pendant 10 ans. Elle appellera Bernadette Bernard, pendant cette étrange période. Mais elle est trop femme pour être élevée en garçon manqué et épouse dès ses 18 ans, Gérard Blain. Elle tourne avec Truffaut qui la suggère à Chabrol qui est charmé et qui la propose à d'autres avant de la faire revenir sous sa caméra*.

Le mariage avec Blain, qui n'aime pas beaucoup partager la célébrité, ne dure pas et c'est le sculpteur hongrois Djourka Medvecky qui en fera sa muse et avec lequel elle aura trois enfants en autant d'années. Chabrol la fait jouer dans deux autres de ses films pendant ses grossesses. Molinaro, Costa-GavrasMalle, Garrel et même son amoureux la placent devant leurs caméras. Plusieurs de ses rôles qui mettent en avantage son physique pulpeux, marotte des cinéastes français, lui vaudront le surnom de vamp villageoise. Elle fait alors sienne la phrase de Cocteau : Les premières places ne sont pas intéressantes, celles qui m'intéressent, ce sont les places à part. Elle devient hyper populaire en 1969. Les films dans lesquels elle apparaît se vendent bien.
Alors que la mode est aux actrices blondes (merci Brigitte Bardot) avec un petit nez et une taille de guêpe, cette brune de type méditerranéen détonne. Elle se fera par la suite teindre en blonde platine et du coup sera qualifiée de Bardot nègre par l'écrivain Hervé Guibert.

Elle signe la profession de foi libertaire de 1971, le Manifeste des 343 salopes. L'hiver suivant, Truffaut la réengage pour un de ses films avant que Jean Eustache n'en fasse une icône à jamais, puisque impeccable (et trop rare) dans le cérébral La Maman et la Putain. En 1976, Jacques Rivette la place devant sa caméra. Chabrol la ramène sous ses projecteurs deux ans plus tard. Just Jaeckin lui fait jouer la reine des Yik-Yak dans le film d'aventures érotiques GwendolyneJean-Pierre Mocky en fait sa protégée en la plaçant dans 3 de ses films et dans un 4ème en 1992. Chabrol la reprend deux fois aussi et Claude Miller lui offre un rôle dans un film qui vaudra à Lafont un César.

Sa fille Pauline, à la plastique aussi généreuse que sa mère et révélée dans L'Été en Pente Douce meurt bêtement en 1988. Elle surmontera son chagrin en travaillant sans relâche jusqu'à l'an dernier. Elle aura fait beaucoup de télévision et de théâtre parrallèlement à tout ça.

Elle nous aura éblouie la Bernadette.
On ne l'oubliera pas non plus.

Elle décède des suites d'un second malaise cardiaque en moins de trois semaines le 25 juillet dernier.

Sa pulpeuse vitalité, son énergie, sa fougue est entérée mais elle subsiste encore sur pellicule.

Merci la vie pour Bernadette Lafont.

Qui était tout, sauf un garçon.

Qui était en tout point, séduction.

La fiancée du pirate est partie naviguer sur les nuages.
  








*Ce n'est pas elle dans le clip mais je n'ai pas trouvé de clip avec la tout aussi belle B.L.

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