jeudi 15 août 2013

La Guerre du Viet-Nâm

La Guerre de Corée avait convaincu les États-Unis que la guerre d'Indochine était une guerre expantioniste communiste dirigée par l'Union Soviétique.

Les États-Unis choisissent alors d'investir 1 milliard de dollars et de fournir plus de 300 000 armes à la France et au Sud du Viêt Nâm (qu'ils entraînent aussi) afin de freiner l'élan communiste du Nord. Le vice-président Richard Nixon conseille à son président Dwight Eisenhower d'y envoyer aussi quelques "good american boys" afin de gagner cette guerre. Eisenhower, en ancien militaire avisé, se méfie beaucoup de tous ses faucons qui veulent jouer à la guerre avec une attitude impérialiste et refuse. Les soviétiques en profiteront alors pour aider le Viêt Minh, les forces du Nord, dirigée par Hô Chi Minh, à sortir vainqueur de la bataille de Diên Biên Phu qui forcera aussi l'exil français.

À la conférence de Genève la France négocie un cessez-le-feu et l'indépendance du Cambodge, du Laos et du Viêt Nâm est accordée. Les États-Unis investissent alors 93 millions afin d'aider les vietnamiens du Nord craignant le communisme à fuir vers le Sud. Entre 52 000 et 130 000 vietnamiens font le trajet inverse afin de joindre les forces du Viêt Min au Nord. Toutefois si des élections avaient lieues, les communistes ne rafleraient pas la mise encore. "Inspiré" par les États-Unis, Ngo Dinh Diem, un anti-communiste est présenté et lors d'élections extraordinairement douteuses dont les résultats sont supervisés par le frère de Ngo Dinh Diem, celui-ci "remporte" le titre de Premier Ministre de l'État du Viêt Nâm avec 98,2 % des votes en sa faveur...

John F. Kennedy, alors sénateur, et Eisenhower lui-même parlent alors de l'effet domino qui ferait des pays voisins, bientôt des pays communistes: la Birmanie, la Thaïlande, l'Inde, le Japon, les Phillipines, le Laos et le Cambodge si le Viet Nâm tombait aux mains des communistes.

Diem devient président de la nouvelle République du Viêt Nâm mais il existe bien 2 Viet Nâms, celle du Nord et celle du Sud. Et Diem veut les unifier. Au nord le leader est communiste (Hô Chi Minh) tandis qu'au Sud Ngo Dinh Diem est  pro-occidental, antibouddhiste dans un pays à forte majorité bouddhiste et et anti-communiste alors que le mouvement nationaliste avait en son sein une composante communiste soutenue par l'URSS et la Chine. Suites à de nombreuses tentatives de coup d’État de l'armée sud-vietnamienne contre le régime de Diem, les États-Unis s’aperçoivent qu’ils avaient misé sur un mauvais cheval et cessent de soutenir Ngô Dình Diệm. Son assassinat  a lieu en novembre 1963, 20 jours avant la mort de celui qui l'avait avalisé.

Après la défaite amère lors de l'invasion de la Baie des Cochons, avec la construction du mur de Berlin, avec l'essor du mouvement politique Pathet Laos, une organisation politique et paramilitaire laotienne communiste, et finalement avec les Russes qui semblent nettement en avance dans leur programme spatiale, le président Kennedy voulait que les États-Unis s'affirment victorieusement sur la face du monde. Il voulait que la crédibilité Étatsunienne soit établie. Il envoie en 1963 16 000 soldats dans le sud du Viêt Nâm. Eisenhower n'avait jamais envoyé plus de 900 "conseillers" sur place. Les États-Unis remplaceront la France et saigneront dans le Sud du Viêt Nâm.

Quand Kennedy disparaît, Lyndon B. Johnson n'accorde pas une priorité au Viêt-Nâm et les communistes là-bas en profite pour gagner de l'influence. Johnson retire même 1000 troupes avant Noël en 1963.

Mais les faucons rôdent toujours autour du président des États-Unis et le font changer d'idée.  En 1964, on emplifie une attaque mineure sur un navire des États-Unis, et on scénarise une autre attaque, purement fictive celle-là, deux jours plus tard dans les moindres détails, des mensonges pour se donner un prétexte et réinvestir militairement au Viêt-Nâm. Pendant ce temps là-bas, les communistes profitent du moment de flottement entre la mort de Ngô Dình Diệm, la mort de Kennedy, le manque d'attention des États-Unis, pour recruter des vietnamiens de toutes les allégeances et former les Vietcongs. Une force qui tient à libérer le Sud de l'impéralisme des États-Unis. Ils sont en 1964 près d'un million de Vietcongs qui détruisent pas moins de 7559 regroupements du Viêt-Nâm du Sud jusqu'en 1965.

Les soldats des États-Unis, à l'insu de l'opinion publique américaine, sont finalement sur le terrain au Nord fin 1964 (Ils étaient startèges, à l'eau ou par la voie des airs auparavant et strictement "défensifs") et se battent auprès des Viêt-Nâmiens du Sud. Mais les armées Étatsuniennes sont mal préparées pour les conditions locales et perdent batailles après batailles. Défaites que l'on cachent tout autant à la population des États-Unis. Parrallèlement Johnson fera bombarder le pays de tonnes de bombes et de missiles jusqu'en 1968. Il fait aussi bombarder le Laos secrètement (puisqu'en rupture avec les accords de Genève). Ho Chi Minh lance le même avertissement qu'il avait servi aux Français "Si vous voulez faire la guerre pendant 20 ans, nous la ferons mais si vous voulez la paix, nous vous inviterons à prendre le thé dès cet après-midi". Les Australiens joignent 4000 hommes aux combats. La Nouvelle-Zélande, la République de Corée (oui, oui), la Thaïlande et les Phillipines se joignent aux États-Unis pour tenter de refouler les Vietcongs d'Hô Chi Minh. Sans succès réels. La Russie et la Chine sont derrière les Viêtcongs. Et les États-Unis sont mal adaptés, incapable de cohésion, communiquent horriblement mal, coordonnent encore plus mal et sont souvents confus.

Toutefois, aux États-Unis, avec le Vice-président Robert McNamara comme figure de proue, les relations publiques multiplient les mensonges sur les "progrès" au Viêt-Nâm avec candeur. Tout va bien au micro alors qu'au contraire le conflit s'enlise, les morts se multiplient, le chaos est absolu. La télévision, extrêmement importante dans ce conflit, présente des reportages qui contredisent tout ce qui est rapporté. Les États-Unis perdent cette guerre.

L'Offensive du Têt en 1968 le démontre clairement et fait changer une opinion publique qui doûtait déjà beaucoup aux États-Unis.

Certains Étatsuniens s'opposent alors à la guerre sur des bases morales, la voyant comme une guerre destructrice attentant à l'indépendance du Viêt Nâm, ou comme une ingérence dans une guerre civile étrangère ; d'autres s'y opposent en raison de l'absence d'objectifs clairs, et parce qu'elle apparaissait alors comme vouée à l'échec. La première guerre télévisée fait beaucoup de dommages au prestige des États-Unis. L'été 1968 est une horreur pour les candidats démocrates à la présidence des États-Unis. Eugene McCarthy choisit de ne plus se présenter, Bobby Kennedy est assassiné, et Hubert Humphrey fait patate face à Richard Nixon, élu Président des États-Unis sur la foi qu'il cesserait cette sale guerre.

Et cette guerre est de plus en plus sale.

Publiquement, Nixon retire des troupes peu à peu. En privé, il fait attaquer le Cambodge. Les débordements aux États-Unis se multiplient. En 1971, Daniel Ellsberg, ancien analyste de la RAND incapable de vivre avec sa conscience face à la boucherie à laquelle est exposée toute une naive jeunesse, photocopie tous les documents secrets qui révèlent les mensonges de l'administration présidentielle sur le Viêt-Nâm et les envoie à 19 grands journaux des États-Unis.  Entre 1965 et 1973, les B-52 américains larguent 2 756 941 tonnes de bombes, avec une intensification dans les six derniers mois. Le Cambodge sera le pays le plus bombardé. Les bombardements auront toujours été secrets. Lorsque le Congrès des États-Unis prend connaissance des destructions causées, il vote l'arrêt total des raids.

Jusqu'ici l'opinion publique en Amérique avait été affectée par les images de housses mortuaires contenant les corps des jeunes soldats ramenés au pays ; mais des images quotidiennes à la télévision montrant le conflit prouvant l'enlisement, et des photos célèbres choquent plus encore ce public malmené sur la durée du conflit.

En 1972, bien que réélu, Nixon sera bien vite dans la vase. Il ne s'en sortira pas gracieusement. Il n'y a plus qu'un tier de la population américaine qui croit que l'implication des États-Unis au Viêt-Nâm n'est pas une erreur. Pendant ce temps,  un "cessez-le-feu" en 1973 fait 25 000 victimes dans le Sud du Viêt-Nâm.

Gerald Ford, qui prend la relève de Nixon en août 1974, réduit le budget de l'implication au Viêt-Nâm de 1 milliard à 700 millions de dollars. En décembre 1974, les forces du Nord du Viêt-Nâm attaquent la capitale du Sud, Saigon, et la prennent en janvier 1975. Les États-Unis ne sont plus dans le coup. La guerre est perdue en avril 1975.

Aujourd'hui il y a 40 ans, on votait le retrait total des troupes Étatsunienne du Viêt-Nâm.

Bien qu'au début de 1975, les vietnamiens du Sud avaient trois fois plus d'artillerie et deux fois plus de tanks et de blindés que les troupes communistes; bien qu'ils avaient 1400 jets et avions de guerre et le double des combattants face à l'ennemi, le prix du pétrole grimpant et l'état des sols incertains et le climat ont empêché l'utilisation et le succès de ceux-ci. Le Sud et ses alliés ont fait face à une opposition bien organisée (par les Russes et les Chinois) et une force du Nord déterminée à vaincre. Aidée fortement du bloc communiste afin de créer le chaos, le Sud et les États-Unis s'y sont noyés. Le Viêt-Nâm du Sud, désormais unie et menée par les communistes, ne s'en remettera jamais non plus.

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