vendredi 4 octobre 2013

Silvio Costa Concordia

"Combien de fois faudra-t-il donc que je te tue pour que tu meures ?"
                       -Paul Féval        

Quatre fois président du Conseil, à la tête des trois plus grandes chaînes de télévision privées d'Italie, plusieurs fois sur le banc des accusés, bunga bunga pig, Silvio Berlusconi a posé la question suivante récemment (à mots couverts):  l'Italie est-il un État de droit moderne ou le fief d’un hors-la-loi institutionnel ?

Après des dizaines d'essais, l'Italie a réussi à finalement coincer Berlusconi, pour fraude fiscale, comme Capone. Le 1er août dernier, la plus haute juridiction italienne l'a condamné à 4 ans de prison, écourté à un an parce qu'il est septagénaire (?!? ça le rend moins coupable?), peine qu'il pourra "purger" chez lui dans l’une de ses luxueuses propriétés.

Seule Marie-Antoinette aurait souffert comme ce pauvre Silvio...

Mais Silvio Berlusconi ne peut toutefois pas être contraint aux arrêts domiciliaires sans que le Sénat italien ne l'approuve. Le vote sur cette question doit avoir lieu aujourd'hui. Il a déjà fait savoir que, si ce vote lui était défavorable, il sèmerait une pagaille indescriptible.

Et, sentant les appuis incertains et le tapis se soutirer de sous ses pieds, il commence à faire couler le navire. Berlusconi possède une grande capacité de nuisance. Il possède l’un des deux principaux partis de l’actuelle coalition gouvernementale. En retirant son parti comme il l'a fait le 28 septembre dernier, il a déséquilibré l’actuel Parlement, maintenant dépourvu de majorité.

L’homme est un serpent charmeur, persuasif, et impitoyable. Son empire médiatique lui permet d’influer constamment sur le débat national. Ses opposants sont essentiellement perçus à travers le miroir déformant des médias qu’IL contrôle.  Si ses opposants essaient de l’attaquer, on les présente comme obnubilés par Berlusconi ; et s’ils dénoncent ses forfaits, on les accuse de tenter de le couler par les voix légales et non par les urnes: un signe de faiblesse. Pourtant, aucune de ces raisons n’aurait permis à Berlusconi de garder le pays sous son emprise pendant si longtemps s’il n’y avait quelque chose dans la culture italienne qui prédispose les Italiens à croire les promesses de Berlusconi ou à accepter le caractère irrévocable de sa présence.

Les Italiens ont aimé Silvio Berlusconi. Le succès de Berlusconi, lié à la culture italienne, traduit cette conception très répandue en Italie selon laquelle la politique ne pourra jamais être assainie ou rendue un tant soit peu juste.

Puis, ils l'ont détesté. Humiliés de voir l'image de l'Italie ainsi terni par cet olibrius.
Non Berlusconi n'est PAS l'Italie.
C'est ce que le pays veut lui dire.

Mais le voilà qu'il fait son détestable.
À sa demande, 5 ministres ont démissionné, (re)plongeant du même coup le pays dans l'instabilité politique et économique. Ce chaos sert bien les intérêts de Berlusconi, qui peut apparaître comme le "point d'équilibre" d'un parti de plus en plus déchiré.

Depuis 1946, l'Italie a connu 71 gouvernements. L'actuel avait tout juste 5 mois.
  
On croyait Silvio Berlusconi prêt à couler son pays par simple intérêt personnel.

Et bien non! Silvio fait son show, et probablement pour montrer qu'il peut aussi être bon garçon (et influencer le vote d'aujourd'hui), il a, mercredi, fait volte-face, et proposé à son parti d'appuyer les décisions du gouvernement de coalition.

C'est aujourd'hui qu'on sait si il est exclut du Sénat.

Le quart des Italiens croient sincèrement à son innocence et à l'acharnement des juges à son égard. Une thèse largement relayée par ses quarante journaux hebdomadaires et ses trois télévisions.

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