lundi 9 décembre 2013

La Saveur Des Glaçons au Fond de Nos Verres

Bon j'ai un peu ambitionné sur le concept.
Pas certain que ça ait donné tant de pertinence au bout du compte.

Mes deux premières publications de décembre comprenaient, par pur hasard, un seul mot comme titre composé de 7 lettres et débutant par la lettre "S". J'ai réalisé ceci pendant la rédaction du 3 décembre. Puisque je trouvais que ça faisait joli sur le flanc droit, court, concis, unifié inexplicablement par le "s", et que l'occasion fait le larron, j'ai donc changé le titre original de ma chronique du 3 décembre pour lui donner le nom de Sofia. Et j'ai décidé de tenter une semaine complète de titres qui commenceraient par la première lettre du mot sexe et qui comprendraient aussi 7 lettres ou moins. Ça allait bien jusqu'à la mort de Mandela où là...bon...ça devenait alambiqué...J'ai changé le titre trois fois pour finir sur quelque chose de pas pertinent à 100%. Mais je suis content de vous avoir tout de même parlé de tout ce que je voulais vous jaser, sans trop me torturer.

Peut-être en vous torturant, vous, toutefois. Peu importe, trève de complaisance, ça se termine ici, aujourd'hui je veux vous discuter d'un personnage qui m'a toujours intrigué: Eric Cantona. Je ne vous parlerai pas du joueur autant que de ses humeurs.

D'origine espagnole et italienne, il était le fils du milieu, coincé entre deux frères. Comme beaucoup d'enfants du milieu, il s'impose de toute les manières possibles afin de goûter à la fois aux privilèges de l'aîné, de rivaliser avec lui, et de profiter aussi des avantages du cadet, tout en s'assurant d'être respecté par le jeunot.

Né et élevé à Marseilles, il est vite attiré par le sport national français: le football (foute-bowl).

Je vous parlerai peu de foutebowl.

Je vous le dis tout de suite, je fais plus que détester le foute-bowl, je le méprise souverainement, je m'en suis confessé assez souvent. Je trouve les pointages ridiculement bas (trois heures "d'action" pour un match de 0-0? 1-0? wach!), le spectacle m'ennuie, je trouve le public qui assiste au match parfaitement crétin (parce qu'il s'ennuie aussi?) et il me le rend bien en se comportant comme aucun autre public d'autres sports ne le fait (sinon la lutte peut-être, pas l'olympique, l'autre, avec les comédiens) je n'aime pas les joueurs manipulateurs qui tentent d'influencer l'arbitre avec des gestes de comédie, je trouve le costume éfféminé... bref! je trouve le sport en question en tout point ridicule. Je le snob et je l'assume.

Mais si je me suis intéressé à Cantona c'est surtout parce qu'un réalisateur que j'estime beaucoup, Ken Loach, s'est aussi intéressé à la bête. Et croyez-moi, Cantona est une bête.

Je ne vous parlerai pas autant de soccer (oui, il existe un mot pour désigner "le foot", contraction qui fait référence à un tout autre sport, nettement plus intéressant, en Amérique) que d'hommeries. Je trouve souvent touchant de voir la faiblesse d'un individu, les fissures dans le carrelage, les moments moins lisses, imparfaits. Les faiblesse de Cantona, je le les connais bien.

Il commence à péter les plombs ponctuellement entre 1985 et 1986, saison où il se fera expulser deux fois. En 1988, il agresse volontairement un joueur de l'équipe de Nantes, il sera suspendu trois maigres matchs. Abonné de la controverse, il clamera à propos de son propre club (Auxerre): " La France ne mérite pas Auxerre, l’Angleterre sans doute, mais pas la France." Toujours en 1988, il traitera le sélectionneur de l'équipe de France Olympique Henry Michel de sac de merde quand celui-ci ne le considère pas dans ses choix. Il est suspendu 10 mois et pour 5 matchs.
Cantona sera limogé de son club de Marseilles l'année suivante quand, lorsque sorti du terrain par son entraîneur, il remet en question sa décision, exprime vivement et bruyamment sa décision, retire son gilet et le tire au sol en gueulant sa rage.

Dans son nouveau club, le club est divisé en raison du bouillant Cantona. Suite à un match perdu 1-0, un défenseur (photo) se plaint que l'adversaire n'a eu qu'une chance de marquer et qu'ils l'ont prise, alors que leur club, malgré tout le talent à l'offensive, n'a rien mis au tableau. Cantona prend cette remarque pour une critique personnelle et frappe son coéquipier à coups de crampons...Il ne ratera qu'un match (suspendu par le club) et sera réintégré au club.

Deux ans plus tard, impulsif, il réagit mal à une décision de l'arbitre et lui botte le ballon dessus. Devant les comité de discipline qui lui annonce une suspension de 4 matchs, il les insulte et en rajoute, ce que fera aussi le comité de discipline en le suspendant maintenant 2 mois supplémentaire.

Deux ans plus tard, de manière cyclique donc, il repique une colère contre un officiel et il sera suspendu 4 autres matchs. En mars, en 1994, pour se venger d'une action irrégulière d'un défenseur, il le piétine, 4 autres matchs dont ceux de la Coupe d'Europe. Avant même qu'une décision ne soit prise sur cette sanction, il a le temps de brûler d'autre fusibles, et il est à nouveau impliqué dans un incident qui le suspend deux autres matchs.

Finalement, en 1995, il est expulsé du match, et lorsqu'insulté par un spectateur, il saute dans la foule et le cramponne au visage. Il est suspendu 8 mois et est condamné à 120 heures de travaux d'intérêt général.

Malgré ce tempérament de feu qui vient obscurcir ses belles performances, ce joueur, foncièrement antipathique, ira se réfugier dans une après-carrière étonnante. Alors que moi je le trouvais "intéressant" parce que j'avais l'impression de voir un homme "vrai" avec tout ce que ça comprend de faiblesses, athlète bouillant coincé parmi des tonnes de comédiens en puissance, Cantona ira faire l'acteur dans les films français...CHEZ LES GENS QUI FONT SEMBLANT.

Ironique, non?

Il a joué dans 28 films depuis 1995.

Ben voilà, j'ai fait mon effort sur le soccer, je ne vous en reparle plus avant 25 ans.

Si l'Homme était un verre, et qu'il héritait de quelques glaçons de la vie, il aurait encore le choix du liquide qu'il souhaiterait y verser.
Quelquefois Cantona portait de l'eau de pur athlète en lui.
Quelques autres fois, ses glaçons avaient le goût amer et toxique de la colère.

Un liquide si toxique coulant dans ses veines qu'il était capable de fissures non seulement dans la glace mais aussi dans le verre*.

C'était la pige pour les prochains mondiaux de soccer le week-end dernier.

*Soyons clairs, Cantona n'est en rien un alcoolique, mais un colérique, il s'agit d'une analogie, c'est fou ce que je ne suis pas toujours clairs dans mes analogies...

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