jeudi 26 décembre 2013

Mao Tsé-Toung

Mao Tsé-Toung est le fils aîné d’une famille relativement prospère du Xiangtan, province de Hunan en Chine. Né en 1893, il aura aussi 2 autres frères et 4 soeurs.

Ses ancêtres étaient venus de la province du Jiangxi sous la dynastie Ming et s’étaient installés comme paysans. Sa langue natale était non pas le mandarin mais le xiang, dialecte en grande partie compris des autres chinois et qui restera caractéristique de ses discours. Mao ne maîtrisera d'ailleurs jamais le putonghua, la langue standard chinoise que son propre régime mettera en place.

À 14 ans, son père le marie à une cousine qu'il déteste et dont il ne consommera jamais le mariage et avec laquelle il ne vivra pas en concubinage. Elle décède en trois ans plus tard et Mao devient alors un adversaire acharné de ces mariages traditionnels. Il deviendra aussi, à l'âge adulte, consommateurs de courtisanes et entretiendra des relations multiples jusque très tard dans sa vie.

Il est soldat pendant 6 mois pendant la révolution chinoise de 1911 et débarrassée de la tradition dynastique, la Chine tombe dans une vive confusion. Le nouveau gouverneur du Hunan, libéral opposé tant à l'impérialisme qu'au pouvoir centralisé de Pékin fait cesser la culture du pavot et interdit l'importation de la drogue. Pendant un certain temps, une presse libre est autorisée, fustigeant les excès des Puissances, à la grande consternation du consulat britannique.

En 1917, Mao fonde la Société d’étude du peuple nouveau avec son nom à consonance radicale, presque révolutionnaire, a la prétention de "rénover le peuple chinois". Au même moment en Union Soviétique, la révolution de février suivie de la révolution des Bolcheviks changent cette partie du monde à jamais ce qui aura aussi un large impact sur les visions du jeune Mao Tsé-Toung.

Universitaire, Mao voyage avec un de ses professeurs, son futur beau-père, jusqu’à Pékin où il assiste au mouvement du 4 mai 1919. Ce professeur, en plus de le conseiller sur les cours à suivre pour faire de ce paysan un bon intellectuel, lui trouve un emploi à la bibliothèque. Tsé-Toung plonge dans les livres afin de se défaire de ce complexe de fils de paysan.
La plupart des étudiants de son âge vont étudier en France mais les langues, autres que le dialecte Hunan, seront toujours une difficulté pour Tsé-Toung. De toute sa vie, il ne sortira de Chine d'ailleurs qu’une seule fois, en novembre 1957, en Union soviétique.

En 1920, Mao Tsé-Toung adhère définitivement au Marxisme.

 À 28 ans, Mao participe à la première session du congrès du Parti communiste chinois à Shanghai. Deux ans plus tard, il est élu comme l'un des cinq commissaires du 3e bureau central du Parti au cours de la session du troisième congrès.

Lors des deux premiers mois de 1927, Mao retourne dans la province du Hunan et voyage pendant un mois à travers le Xiangtan et quatre autres districts ruraux. Il expose ses conclusions dans un fameux document : le "rapport sur le mouvement paysan au Hunan". Ce travail est considéré comme le point de départ décisif vers l’application de ses théories révolutionnaires violentes. La même année, Mao lève une armée appelée l’armée révolutionnaire des travailleurs et des paysans. Il déclenche en septembre le soulèvement de la récolte d’automne. Ses troupes seront défaites, et elles seront forcées de quitter la province du Hunan. Mao réorganisera ses forces dans les montagnes.

Il organise au sein de chaque compagnie une cellule du parti avec un commissaire politique qui puisse donner des instructions politiques sur la base d’instructions supérieures. Ce réarrangement militaire initie le contrôle absolu du Parti Communiste Chinois sur ses forces militaires et est considéré comme ayant eu l’impact le plus fondamental sur la révolution chinoise. Il créé l'armée rouge des travailleurs et des paysans de Chine qui ne fait pas l'unanimité au Parti. Mao supprime "à la soviétique" toute forme d'hostilité à ses visées, le nombre des victimes oscillent autour de 186 000 chinois. Ce terrorisme intérieur assis une certaine autorité autour du nom de Mao Tsé-Toung. Ce sera 700 000 victimes, soit 20% de la population d'alors que le communisme éxécutera. Mao ne monte pas dans les grades puisque ses choix stratégiques sont toujours pris en fonction de son intérêt personnel, au risque de milliers de morts inutiles. Il est alors déconsidéré par ses pairs mais découvre une méthode soviétique qu'il n'oubliera plus jamais: les purges.

Élu président d'une petite république dans les régions montagneuses du Jiangxi, c’est là qu’il se remarie (pour la troisième fois) avec une épouse officielle- sa précédente épouse ayant été arrêtée et exécutée en 1930. Il crée une armée modeste mais efficace, et entreprend des expériences de réforme rurale et de gouvernement, en offrant un refuge aux communistes qui fuient les purges droitistes dans les villes. Les méthodes de Mao sont considérées comme celles d’une guérilla. Sa guérilla repose sur une armée rouge, munie d'armement et de formation dérisoires, mais constituée de paysans pauvres, encouragés par des passions révolutionnaires et ayant foi dans l’utopie communiste.

Quatre des armées nationalistes de la République de Chine sont repoussées par l’armée rouge conduite par Mao. Tchang Kaï-Chek, leader adverse à Mao Tsé-Toung est très incommodé par l'ascension de Mao. La 5e charge contre Mao et son armée demandera un an et un million de soldats aux troupes de Tchang Kai-Chek pour le forcer à se retrancher.

Mao Tsé-Toung entreprend la longue marche qui le confirmera comme le chef des communistes chinois.

Tsé-Toung expose sa Nouvelle Démocracie pour la Chine, largement calquée sur le marxisme-léninisme adapté auc conditions chinoises. Entre 1941 et 1945, le "mouvement de rectification" élimine 800 000 membres du parti. Cette épuration est plus ou moins noyée à l'internationale, dont l'actualité est occupée par la Seconde Grande Guerre. Mao est établi comme théoricien quasi exclusif du parti et assurent de manière définitive son autorité. En juin 1945, Mao est en outre porté à la présidence du Comité central, poste créé à l'occasion, à celle du Bureau politique et à celle du secrétariat du PCC, et est ainsi consacré seul et unique chef du parti.

Le prestige de Mao grandit alors que Tchang Kaï-Chek est de plus en plus critiqué par le peuple à cause de ses liens avec les États-Unis et les puissances occidentales. En effet Mao jouit de l’image du combattant de l’impérialisme (japonais comme européen) tandis que les nationalistes sont dénoncés par les communistes comme des valets de l’impérialisme au sein d’une population qui souffre encore de l’humiliation de la guerre de l’opium.

Le 1er octobre 1949, à Pékin, du balcon de la Cité interdite des anciens empereurs, Mao Tsé-Toung proclame l’avènement de la République populaire de Chine. Cette prise de pouvoir met fin à une longue période de guerre civile marquée par l’invasion japonaise et la Longue Marche, le parti des nationalistes de Tchang Kaï-Chek s’étant exilé à Taïwan.

En 1957, avec la campagne des Cent Fleurs (symbolisant cent écoles, cent opinions qui s’expriment), Mao encourage la liberté d’expression de la population, exhortant en particulier les intellectuels à critiquer le Parti. Mais le mouvement prend rapidement une ampleur qu’il n’avait pas envisagée : les critiques explosent littéralement, échappant bien vite à son contrôle et le menant à une violente campagne de répression. Certains analystes politiques, chinois notamment, pensent que cette campagne ne fut qu’un piège : laisser s’exprimer les intellectuels dissidents pour mieux les réprimer. La même année il participe à Moscou à la Conférence des partis communistes.

Jusqu’au milieu des années 1950, la République populaire de Chine a copié avec zèle le modèle soviétique, puisqu’elle a consacré la plus grande part des investissements au développement militaro-industriel. Toutefois, dès 1955, Mao est partisan d’une voie spécifiquement chinoise du socialisme, qui s’appuierait sur la paysannerie (plutôt que sur la classe ouvrière) et passerait par une collectivisation accélérée.
Ainsi, entre 1958 et 1960, Mao met en œuvre le Grand Bond en avant, mouvement de réformes industrielles censé permettre de "rattraper le niveau de production d’acier de l’Angleterre" en seulement 15 ans.

Mao place dans la force du peuple, du « prolétariat » des espoirs démesurés : les paysans seront surexploités, on leur demandera de tout faire en même temps, des récoltes à la production sidérurgique.
Cette politique entraîna à la fois une grande croissance industrielle et une grande famine dans les campagnes, près de 50 millions de morts. Le Grand Bond en avant engendre une famine d’une ampleur désastreuse. Mao dira étonnament dans cette triste gestion "Quand il n’y a pas assez de nourriture, des gens meurent de faim. Il vaut mieux laisser mourir la moitié de la population, afin que l’autre moitié puisse manger suffisamment.".

En URSS, Staline avait aussi imposé le Grand Tournant de 1929 à 1934 provoquant de lourdes famines, en Ukraine entre autre (toutes effacées des livres d'histoires).

La confiance du peuple en l’idéologie de Mao est fortement ébranlée. Il doit quitter son poste de Président de la République, mais demeure Président du parti. Le culte de l'image que Staline a établi avec succès en URSS est le même outil de propagande que Mao met en place et qui lui vaut une quasi immortalité.

La révolution culturelle de 1966 à 1976 le réhabilite un temps, le temps de former ses gardes rouges qui exerceront une violente représssion et seront les auteurs de massacres sanglants contre les "ennemis du peuple". L'impact de sa révolution culturelle trouve beaucoup d'échos dans le monde en Europe, entre autre.

En 1972, Tsé-Toung change sa stratégie et se rapproche des États-Unis afin d'en faire un potentiel allié vis-à-vis de l'URSS.

Par la suite, la politique idéologique extrême menée par Mao Tsé-Toung fera l’objet de critiques ouvertes au sein du Parti communiste chinois, qui met fin au culte de la personnalité et à l’idolâtrie qu’il avait lui-même organisée et intensifiée à la fin de sa vie.

Dans l’historiographie officielle chinoise, il reste néanmoins considéré comme le grand libérateur de la Chine et le constructeur de la Chine moderne. Mao étant le fondateur du régime chinois actuel, son image continue d’être honorée, bien que la politique économique suivie aujourd’hui par ses successeurs n’ait plus guère de points communs avec le maoïsme.

Mao Tsé-Toung meurt le 9 septembre 1976 de la sclérose latérale amyotrophique à l'âge de 82 ans.
Vivant, il aurait eu aujourd'hui 120 ans.

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