jeudi 5 décembre 2013

Simone

Nina.

Eunice Kathleen Waymon est née en Caroline du Nord en 1933, 6ème enfant d'une famille de 8, extrêmement pauvre.

Dotée d'une oreille musicale parfaite, elle brille au piano dès son très jeune âge. Toutefois lorsqu'elle se donne en spectacle dans les églises ou les salles plus importantes, ses parents, sa famille et leurs amis sont refusés sur la première rangée et placés dans les dernières, puiqu'ils sont noirs. Toujours enfant, elle refuse de jouer à moins que tous ses gens soient placés en avant.

Sa révolte ne fait que commencer.

La mère d'Eunice, est une bonne dans une riche famille de blancs. C'est là qu'Eunice trouvait ses pianos. Cette famille prête l'oreille au talent de la petite Eunice et, charmée, elle choisit d'investir sur son talent de pianiste. Elle aura droit à une meilleure scolarité grâce à cet argent et à une audition à la prestigieuse Curtis Institute qui commence à recevoir des élèves de couleur. Elle est refusée, un refus dont elle ne se relèvera jamais complètement.
"L'avantage qu'auront toujours les blancs est que si ils ont 0, ils savent qu'ils ont été nuls, si ils ont 100%, ils savent qu'ils auront été les meilleurs, nous, on se posera toujours la question si la couleur de notre peau n'y était pas pour quelque chose" dira-t-elle.

Elle emménage à New York et étudiera à la Julliard School of Music dans les années 50. Afin de financer ses leçons privées de musique classique, elle joue au piano dans des restaurants d'Atlantic City. Toutefois, le propriétaire insiste pour qu'elle chante aussi de sa voix profonde et grave. Travestissant ce qu'elle aime le plus au monde (le piano classique) elle se choisit un pseudonyme: "petite fille en espagnol": Nina et un clin d'oeil à cette actrice française que tout les gens trouvent si belle en 1954, Simone Signoret. Bien qu'elle aurait toujours préféré jouer Bach, Chopin ou DeBussy, elle mélange Jazz, blues et un zest (forcément) de musique classique et la clientèle est impressionnée.

Elle épouse un beatnick Don Ross en 1958 mais le regrette aussitôt. Cette même année, elle enregistre, une faveur pour un ami, qui deviendra son seul morceau à apparaître dans les 20 meilleurs tubes sur le palmarès Billboard. Mais bien qu'elle enregistrera souvent du Billie Holiday, Simone n'aimera jamais y être comparée car elle la sait soumise aux tourments de l'héroïne. L'attention est toutefois captée et son premier album suit peu de temps après. L'album est un immense succès mais elle vend ses droits pour 3000$ qui lui feront perdre plus d'un million de dollars quand l'album ressucite sa carrière dans les années 80.


Elle enregistrera tout plein d'albums pop dans le seul but de financer ses cours de musique classique, investie comme elle le sera toujours de sa mission de devenir une grande pianiste classique. Elle épouse en seconde noces un policier qui deviendra son gérant. Elle a une fille dès 1962.

À partir de 1964, Simone s'empare de sa tribune d'artiste pouvant diffuser du message partout au pays et à toute heure du jour et choisit de politiser ses propos. Elle enregistre une réponse au meurtre de Medgar Evers et à l'assassinat de 4 jeunes enfants noirs dans un attentat à la bombe dans une église. le morceau est boycotté dans certains États du Sud des États-Unis, les plus ségrégationistes. Elle deviendra sévère militante des droits des afro-américains. L'armertume de ses rejets passés se transforme en ardent militantisme. Elle sera non seulement présente mais aussi souvent intervenante et conférencière lors des mouvements de masse en faveur des droits civiques aux États-Unis. Agressive, elle se discociera de l'approche non-violente de Martin Luther King qui la déçoit. C'est toutefois lui qui meurt violemment. Elle chantera sa mort, très affectée. De plus en plus politisée, elle se fait autant d'amis que d'ennemis.

Elle enregistre beaucoup dans les années 60 et avec beaucoup de succès. Elle quitte pour la Barbade en septembre 1970 et s'attend à ce que son mari/manager la contacte quand elle aura un nouvel engagement artistique. Mais avec une très très mauvaise communication et laissant sa bague de mariage sur le comptoir de la maison, son mari comprend qu'elle souhaite divorcer.
En guise de protestation contre l'engagement des États-Unis au Vietnam, Simone cesse de payer ses taxes. Elle reste donc aux Barbade afin de fuir les autorités qui la talonnent maintenant en Amérique.

Bohème, elle a une longue affaire avec le premier ministre de la Barbade, puis vivra au Liberia, en Suisse et aux Pays-Bas. Elle s'installera en France à partir de 1992.

Elle n'enregistre que 3 albums studios dans les années 70. Bowie enregistre une de ses plus belle inteprétation avec brio en 1976.

Dans les années 80, elle se produit régulièrement au Ronnie Scott's Jazz Club de Londres pour son plus grand plaisir. Sa popularité renaît après l'utilisation d'un de ses morceaux pour une pub de parfum.

Elle est atteinte du cancer du sein et lutte contre cette sale maladie longtemps avant de s'éteindre en avril 2003 à l'âge de 70 ans.

Cette année marque le dixième anniversaire de la mort de la grande prêtesse du soul en France.
Une femme qui aura jeté un sort sur plusieurs d'entre nous.

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