mardi 28 janvier 2014

Causez

M. avait aimé G. Ils avait été un couple. Ils s'étaient tous deux connus au Camping Mercier plus jeune et étaient tombés amoureux avec le temps.

Mais M. voulait être policier. Il savait qu'il en avait les aptitudes physiques. Et ce n'était pas en habitant aux bordures du Lac Whitton qu'il allait faire son chemin jusqu'à Nicolet. Il avait donc réuni ses sous pour s'acheter une voiture qui en valait le trajet et avait choisi de se louer un appartement dans le bout de Trois-Rivières. G. n'avait pas les mêmes ambitions. Elle rêvait d'une carrière dans la Grand' ville: Montréal. Elle y avait été à quelque reprises et la ville semblait carburer au rythme de son caractère.

M. à Trois-Rivières,
G. à Montréal.
Comment s'aimer?

Allait-il s'attendre?
Ils se l''était promis, mais si Montréal a son rythme, Trois-Rivières aurait aussi le sien. M. allait découvrir la vie d'appartement et se ferait de nouveaux amis. Des amiEs aussi.  Marlène, une fille incroyable, comme on en voit dans les magazines de sport. Une fille, qui, avec la seule promesse de se laisser toucher, pouvait faire obéir au doigt et à l'oeil n'importe quel homme. Les hommes comme les femmes la déshabillait des yeux tellement ses formes étaient parfaites. Et M. était un jeune homme de terrain, qui avait beaucoup travaillé physiquement sur les terres de son père au Lac Whitton. Il était tout en muscles et l'oeil de Marlène n'avait pas manqué de le remarquer aussi.
Ils allaient échanger beaucoup l'un et l'autre avant de se commettre.
Elle, sortait d'une relation longue et déchirante. Elle avait quitté son amoureux quand celui-ci lui avait avoué qu'il avait été aux putes pendant son service militaire à l'étranger, alors en couple avec elle. Elle s'était sentie trahie. Elle hésitait avant de repartir une aventure en couple. M. savait qu'il avait promis à G. de l'attendre, mais voilà, déjà ils s'appelaient moins. Elle s'occupait beaucoup à Montréal, peut-être même plus que lui à Trois-Rivières. M. passait son temps à se dire "combien de femmes du genre de Marlène rencontrerais-je dans ma vie? combien de femmes aussi désirables aurais-je la chance de rencontrer? et de tous les jeunes hommes, c'est moi qui semble l'interresser? wow!" M. était en lune de miel, mais vierge de toute tromperie.

Jusqu'à ce soir où l'alcool, le ciel doux, la cuisse de l'une et le torse de l'autre semblaient s'être associés pour enligner les astres en leur faveur.

M. et Marlène s'étaient embrassés avec beaucoup de passion.
Et plus encore.
Ils avaient fait tous ce que deux amoureux font. Avec passion toujours. La lune de miel pouvait être incarnée.

G.?
Il n'y pensait même plus. Elle non plus de toute manière. Elle ne s'informait plus de ses projets de devenir policier. Marlène s'y intéressait, ou feignait de le faire au moins. Elle était vraie, palpable, de pleines mains et M. se gênait si peu de la toucher que Marlène avait dû le freiner à quelques occasions car elle se sentait envahie par ce nouvel homme dans sa vie. Marlène ne serait jamais pleinement convaincue de ce nouvel investissement amoureux. M. allait échouer son test d'entrée à Nicolet. Physiquement, il était apte mais mentalement il ne passait pas la rampe. Il ne suffit plus de faire plus de 6 pieds pour devenir policier. M. avait pris cet échec très durement. Il était tombé dans une légère dépression. C'est à ce moment qu'il avait choisi de faire savoir à G. que leur "relation" devait prendre une pause. La proposition avait été accueillie avec si peu de résistance de la part de G. que M. lui avait demandé à plusieurs reprises si il y avait un nouvel homme dans sa vie. Ce que G. avait nié. M. s'était trouvé ridicule de se sentir jaloux d'une fille qu'il trompait. G. lui avait renvoyé la question et M. avait menti. Il s'était trouvé plus con encore. Sa dépression devenait lourde.

Pour Marlène aussi. Qui, elle, ignorait tout de l'existence même de G.

Quand M. a fait savoir à Marlène qu'il retournerait vivre dans son village natal, Marlène avait quand même choisi de l'accompagner. Elle s'était trouvé rapidement un emploi dans une fromagerie et le rythme d'un village semblait, au début, lui plaire. Mais l'ennui la gagnait peu à peu et bientôt, elle aurait envie de plus d'envergure. M. était devenu pompier volontaire et travaillait aussi comme mécanicien comme son père l'avait fait avant lui.

Quand les tristes événements du Lac-Mégantic se sont produits, il avait été appelé en renfort pour aider aux fouilles du tragique site. De toutes les dépouilles possibles, il avait trouvé celle de G., avec laquelle il avait eût si peu de contact depuis 8 mois qu'il ignorait même qu'elle était de retour (de passage?) au Lac Mégantic ce soir-là, lieu de leurs premiers ébats à eux deux.

G. était morte.
G. était morte.
G. était morte brûlée vive.
Et c'est M. qui la découvrirait dans les ruines du village.

Des images qui allaient le hanter jusqu'à le faire plonger dans la plus profonde des dépressions.

Marlène, découvrant l'importance de G. dans la vie de M., allait le supporter un peu au début mais se sentit, utilisée et le poids de cette dépression, dont elle était un personnage très en marge, allait la faire quitter M.

Marlène irait vivre non pas à Trois-Rivières mais à Montréal cette fois. Célibataire.

Et M. plongerait dans une dépression cauchemardesque si lourde qu'il finirait par s'enlever la vie.

S'enlever la vie.
S'enlever la vie.
S'enlevez la vie comme dans "Je n'ai plus de solution à ce qui envahit ma tête"

La solution c'est les autres.
Causez aujourd'hui.

Causez pour la cause.

C'est toujours le bon jour pour le faire.

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