vendredi 31 janvier 2014

Heureusement Qu'il y a la Nuit

"...Stars are never sleeping..."
-David Jones

Heureusement qu'il y a la nuit.

J'entretiens, depuis toujours, un drôle de rapport avec la nuit.

Étudiant, pour faire fructifier mon manque de sommeil généralisé, je travaillais dans les clubs vidéos 24h, la nuit. Je pouvais aussi nourrir mon amour du cinéma et me taper 3 films par nuit, un premier distraitement de 23 à 1h. Un que je voulais vraiment voir de 1h20 à 3h30 et un dernier sur lequel je pouvais m'endormir de 3h45 à 5h45. J'étais relevé à 6h. J'étais payé pour mes insomnies.

J'ai aussi travaillé dans les bars ou choisi de passer la nuit en charmante compagnie afin de contrer mes nuits blanches.

Aujourd'hui je travaille de jour en traduction et de 4h à 13h dans un entrepôt de whisky (et bientôt de différents type d'alcool) dans le vieux-port la nuit.

Dans cet entrepôt, afin de nous garder alerte, on diffuse de la radio de nuit très fort. Virgin, Radio Énergie, CKOI. Avant que les animateurs n'arrivent, donc dans la première heure et demie de travail, la musique y est souvent très bonne.

Conscients que beaucoup moins d'auditeurs ne prennent l'oreille à leur station à cette heure, on se risque à diffuser des choses qui passeraient moins de jour.

Gorilla de Bruno Mars avec le mot Motherfucker et non un bruit de ressort qui pète à 3:51.
Des hits du passé.
La version originale de la chanson d'Icona Pop.
you're so damn hard to please, we gotta kill the switch,
you're from the 70's, but I'm a 90's Chick...

wut?

On entend tous la vraie rime quand même...
Cachez ce sein de Janet qu'on ne devinerait jamais autrement...
Vous comprendrez que je suis en général contre la censure.

Puis les animateurs arrivent et c'est un peu comme si la corrosion s'installait sur votre voiture.
 la mort de la musique.
La vraie merde musicale.

Des chansons qu'on oubliera dans un an.
Aucun riff comme ceux de Keef & Mick Taylor en 1973.
Chanson tellement encore d'actualité qu'on en cite toujours les 4 premières lignes de nos jours à New York.

Mais heureusement qu'il y a la nuit quand même qui laisse parfois la bonne musique sortir la tête de l'eau.

Au bout du 5ème jour/nuit de travail avec cet horaire non conforme, je suis généralement plutôt fatigué.

Mercredi-jeudi, off...YES!

Je me regarde dans le miroir, toujours bonne mine.
Toutefois j'ai la barbe longue. J'ai fait pleurer un enfant dans le Vieux-Port simplement en lui souriant.  Je choisis donc de me raser.

Quel plaisir que de se tondre le poil. C'est comme passer la tondeuse ou racler les feuilles sur le terrain. Ou se couper les cheveux. Un sentiment de netteté. Je rayonnais sachant que mes révisions/traductions étaient livrées, que les sous s'empilaient dans mon compte, j'étais on top of my game et j'avais deux jours à regarder des films devant moi. Un nouveau Woody et une relecture d'un vieux Lynch trouvé à 5$.

Je planais.

Mais j'étais fatigué.

Donc peu concentré sur ce que je faisais.

je
ME
suis
RASÉ
les
SOURCILS!

Non mais tabarnak!
Faut tu pas être concentré?
Fuck le focus!

Les enfants, en commençant par les miens, vont tous pleurer en me voyant!

J'ai pensé me raser le reste du crâne pour reprendre ma tête de martien originale mais ça aurait été pire.

Je devrai me cacher publiquement.
Me censurer de la vie publique.

Heureusement que je travaille la nuit...
                                                          ...dans deux jours... (today)

Heureusment qu'il y a la nuit...



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