dimanche 20 avril 2014

Festival de Cannes

Du 14 au 25 mai prochain se tiendra le 67ème Festival de Cannes, festival soulignant pendant 12 jours, le travail international dans le domaine du cinéma.

Seulement 8 réalisateurs ont déjà gagné deux fois la prestigieuse Palme d'Or.

Bille August
En 1988, Le réalisateur Danois remporte, sous la bannière du Danemark, une première palme pour son adaptation du roman de Martin Andersen Nexo racontant l'histoire de Pelle et de son vieux père qui lui promet une meilleure situation lors d'un voyage les menant de la Suède au Danemark. Ambitions ternes et rêves brisés au rendez-vous.

Quatre ans plus tard, sous la bannière de la Suède cette fois, Bille August remporte à nouveau en tournant un scénario du réalisateur Ingmar Bergman, d'abord pour la télévision, puis remonté pour le cinéma. Bergman raconte dans Les Meilleures Intentions, l'histoire de son père et de sa mère, les hauts et le bas de ce jeune couple, tout juste avant la naissance d'Ingmar, en 1918. Max Von Sydow, acteur récurrent de Bergman tourne sous la caméra d'August et Pernilla August rafle aussi le prix d'interprétation féminine.

Françis Ford Coppola
Le réalisateur des États-Unis fait souvent les choses par deux. Il aura 2 enfants. Ses 2 premiers Godfather seront deux grands chef d'oeuvre. Il adaptera 2 nouvelles de l'auteure S.E.Hinton pour deux films lancés la même année en 1983. Quand il rafle la palme d'Or à Cannes, les deux fois, il les gagnent ex-aequo avec un autre candidat.  En 1974, c'est l'histoire signée de sa main d'un spécialiste du son, saxophoniste, engagé pour enregistrer secrètement les conversations d'un couple qu'il découvre en danger, qui le fait gagner la Palme d'Or. La Villa Della Morte de l'italien Vassilia Sarta, partagera l'honneur.

5 ans plus tard, c'est Le Tambour de Volker Schlöndorff, adaptation brillante du roman de Günther Grass, qui gagne pour l'Allemagne la Palme d'Or. Copolla partage cette Palme aussi grâce à cet autre chef d'oeuvre que fût Apocalypse Now, adaptation (très) libre du roman de Joseph Conrad et au tournage aussi célèbre que le film lui-même. Coppola présente le film comme n'étant PAS sur le Vietnam, mais plutôt étant bel et bien LE Vietnam.

Coppola ne s'en remettra d'ailleurs jamais.

Luc & Jean-Pierre Dardenne
Le style naturalise, sec, nerveux, presque documentaire des frères Belges plaît à l'unanimité lors de la remise de la Palme d'Or de 1999. Émilie Duquenne dans le rôle d'une jeune femme en mode survie, vivant dans une roulotte avec sa mère alcoolique, portrait vivant et agité d'une femme au bord de l'implosion et parfaitement inadapté à l'univers qui circonscrit son quotidien, charme. La signature Dardenne est maintenant griffée.

Ils répètent l'exploit en 2005 avec L'Enfant, l'histoire d'un jeune couple aux prises avec un bébé conçu inconsciemment, qu'ils se convainquent ensuite de vendre sur le marché noir afin de s'assurer des moyens de subsister. Toutefois l'un des membre du couple se ravise et veut racheter le bébé. Mais les choses ne se passent pas aussi facilement dans la banlieue de Liège. Fabuleux.

Michael Haneke
L'Autrichien dérange. Et plus il dérange, plus il aime ça. Ses présentations de Funny Games en 1997, où la violence et la cruauté répulse une large partie de l'auditoire, le fait jubiler. Les sujets odieux, Haneke aime. Et quoi de plus odieux que la guerre?: Les racines de la guerre. Un vieil homme raconte son village à la veille de la Première Grande Guerre mondiale. Latent d'une cruauté mondiale. Merveilleux noir et blanc. Subtil dans la démence. Haneke gagne la palme avec Le Ruban Blanc en 2009 et l'Oscar du meilleur film étranger l'année suivante pour ce même chef d'oeuvre.

Amour en  2012, fera encore mieux. Cette histoire d'amour inscrit dans la durée et dans l'épreuve entre Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva raflera les 5 Césars les plus prestigieux (Film, réalisateur, scénario, acteur actrice), une première depuis Le Dernier Métro* de Truffaut en 1980. Il sera aussi nommé dans 5 catégories aux Oscars soit ceux du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice, meilleur scénario et meilleur film étranger. Il rafle ce dernier honneur. Entre 2012 et 2013 le film d'Haneke gagne à lui seul la Palme d'Or, le Golden Globe du meilleur film étranger, l'Oscar du meilleur film étranger, le BAFTA du meilleur film, L'European Film Award du meilleur film et le César du meilleur film.

Shohei Imamura
Dans un village pauvre et isolé des montagnes japonaises vers 1860, la coutume veut que les habitants arrivant à l'âge de 70 ans se rendent a sommet de la montagne aux Chênes afin d'y mourir volontairement. Orin-Yan se sent encore jeune à 69 ans, mais doit se préparer à se soumettre au rituel et à plier bagages vers un autre monde. À la fois drôle et cruel. Fascinant. La Ballade de Narayama gagne en 1983.

En 1997, l'histoire d'un japonais, assassin de sa femme qui a fait son temps en prison et qui tente de refaire sa vie en se partant un salon de coiffure et en se confiant à une anguille trouvée pendant son séjour en prison séduit le jury de Cannes qui partagera la Palme entre le réalisateur japonais et le réalisateur Iranien Abbas Kiarostami qui, avec Le Goût de la Cerise, nous raconte la quête d'un homme qui se magasine un fossoyeur pour l'enterrer après son suicide planifié.

Emir Kusturica
Lorsqu'un homme est envoyé en camp de travail pour ses affinités avec Karl Marx dans la Yougoslavie de Tito en 1950, les membres d'une famille présentent l'absence du père au plus jeune des fils comme un long voyage d'affaires. Introduction au merveilleux fou qu'est Emir Kusturica, dans la folie, le délire, la débauche et l'humour. Palme d'Or yougoslave de 1985.

10 ans plus tard, Kusturica adapte la pièce Le Printemps en Janvier de Dusan Kovacevic racontant l'histoire de résistants clandestins enfermés dans une cave de la seconde guerre mondiale aux années 90, croyant que la guerre fait toujours rage. Les tribulations amoureuses d'un trio burlesque sont à la fois comiques, dramatiques, intenses et sensuelles. Son meilleur film à mon avis et le seul de Kusturica dans ma vidéothèque (en VHS!).

Alf Sjöberg
Le réalisateur Suédois a gagné avec L'Épreuve en 1946, mais il faut souligner que lors de cette seconde remise de la Palme d'Or, on avait bizarrement choisi d'offrir 10 Palmes à 10 films, ce qui fait à mon avis quelques perdants plutôt que beaucoup de gagnant. Sjöberg, avec son histoire de jeune homme multipliant les fâcheuses décisions, partage la Palme en 1946 avec The Lost Weekend de Billy Wilder, La Terre Sera Rouge de Bodil Ipsen & lau lauritzen Jr du Danemark, La Ville Basse de Chetan Anand d'Inde, Brief Encounter de l'anglais David Lean, Maria Candelaria du mexicain Emilio Fernandez, Le Tournant Décisif du Soviétique Fridrikh Ermler, La Symphonie Pastorale du Français Jean Delannoy, La Dernière Chance du Suisse Leopold Lindtberg, Les Hommes Sans Ailes du Tchèque Frantisek Càp et Rome, Ville Ouverte, splendide film de l'italien Roberto Rossellini (avec un certain Fellini au scénario).

En 1951, Sjöberg ne gagne pas encore tout seul. Il partagera sa Palme avec l'Italien Vitorrio De Sica et Miracle à Milan. Mademoiselle Julie du Suédois, raconte l'histoire d'une jeune fille qui profite de l'absence de son réputé père, comte, pour organiser une fête où se mêleront bourgeoisie et valets, et où elle en profitera pour tenter d'audacieusement passer de jeune fille à femme.

L'édition du Festival de Cannes 2014 est sur les rails jusqu'en mai.
Et sur nos écrans pour tout l'année à venir.

*Très amusant aussi de découvrir que les bandes annonces des deux films commencent par l'exacte même réplique :)



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