vendredi 19 décembre 2014

Aokigahara: La Forêt des Suicidés

Il y a de ces endroits sur terre qui vous donnent la chair de poule.

Parmi ces endroits habités par des esprits malsains, se trouvent des lieux presque paradisiaques.

La forêt d'Aokigahara au Japon est un de ses endroits d'une beauté toute naturelle, mais aussi teintée de malveillance glauque.

Au pied du Mont Fuji se trouve l'une des plus majestueuses forêts mondiales. Si grande et feuillue qu'on l'appelle l'océan des arbres.

On l'appelle aussi la forêt des suicidés...

Approximativement d'une étendue de 35 kilomètres carré, l'endroit est à couper le souffle à bien des niveaux. La première chose qu'on y remarque c'est cet absolu silence qui y préside. La densité et la proximité des arbres entre eux est telle que, avec ou sans feuilles, il est possible de ne pas être en mesure de voir le ciel. Le soleil n'y passe pas partout et le vent non plus. L'absence de vie animale, d'oiseaux par exemple, ce qui ne serait pas anormal dans une forêt contemporaine, étonne. Comme si l'endroit où vous vous trouviez était un secret qu'il fallait garder pour soi.

Certains y découvrent une certaine forme d'étouffement qui leur rappelle leur propre suffocation dans la ville.

Ils choisissent alors cette forêt pour se donner la mort. Par pendaison, par ingestion de pilules, par lacérations fatales.

Les boussoles refusent d'y fonctionner correctement, désorientées elles-aussi. La forêt semble inspirer le dérèglement. Mental et mécanique. Plusieurs marcheurs ont exprimé leur confusion à y marcher, même les plus petite distances.

Le sol y est tout à fait non conforme et extrêmement trompeur. Il a évolué au travers des époques sur de la lave du volcan du Mont Fuji. Ce qui fait que de très profondes crevasses apparaissent ici et là, sans s'annoncer. Si vous y marcher seul et que vous y tomber, il n'y a souvent aucun moyen d'en sortir. Et vous y mourrez de faim...aux côtés de cadavres d'autres égarés...

Un peu partout on y trouve des souliers, des accessoires, des poèmes, des lettres d'adieu plantés dans des arbres, des photos de temps heureux, parfois sur un arbre qui tient...un pendu...

Malgré ce parfum macabre et sordide, des milliers de touristes s'y aventurent chaque année, découvrant quelques fois des cadavres, malgré les affiches interdisant certains sentiers. La réputation de la forêt est telle que d'autres affiches affichent des messages d'espoir, de beauté de la vie ou tout simplement "Pensez-y sérieusement, voulez vous vraiment tourner le dos à la vie?".

Un très irresponsable auteur japonais a écrit dans les années 50 un guide du "parfait parcours pour suicidés" à propos de cette forêt, et c'est précisément aux endroits qu'il recommandait les meilleurs "spots à suicides" que certains choisissent de se donner la mort. Son livre est celui que l'on retrouve le plus dans la forêt.

Après le Golden Gate de San Francisco, il s'agirait du second endroit favori pour les suicidés afin de mettre un terme à leurs jours.

Affreux.

Un pauvre responsable de la forêt doit s'improviser aussi psychologue et "repéreur de cadavres" alors que sa tâche est principalement celle d'un conservateur de la nature et non un gardien de la vie humaine.

Le nombre de décès sur place est imprécis car certains restes humains ne sont retrouvés que des années plus tard tellement certains endroits sont difficiles d'accès.

Les gens de l'endroit y distinguent trois types de visiteurs: ceux qui y viennent pour simplement y faire de la marche au risque de tomber sur un cadavre ou des restes humains, des gens attirés par le lugubre et qui veulent trouver des morts ou des indices de mort et ceux qui ne prévoit jamais revenir.

Dans la culture japonaise on y raconte que les gens qui y meurent sont inexorablement attirés par une force surnaturelle les poussant à en finir avec la vie. Leurs âmes habiteraient tous la forêt désormais donnant des allures vivantes à certains arbres. La forêt serait hantée et pleine de démons.
On raconte aussi que par le passé, on y amenait d'encombrants aînés ou de lourds malades pour les y abandonner et que leurs esprits, pour se venger, s'en prendraient aux vivants mélancoliques sur terre.

La beauté tranquille de l'endroit cache des idées morbides.

Et des centaines de cadavres année après année.





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