mardi 7 avril 2015

Ce Que Eyes Wide Shut Nous Cache (et Nous Révele Peut-Être Aussi) -Première Partie

Stanley Kubrick était très intelligent, mais aussi très secret.

Il ne sera jamais clair si il était secret par choix ou si on l'avait forcé de se taire sur certains sujets.

Si vous n'avez pas vu Eyes Wide Shut, son dernier film, celui que Kubrick jugeait son plus accompli, peut-être que les trois prochains jours vous serons d'un ennui mortel.

En revanche, si vous avez vu le dernier film de Kubrick, auquel il n'a pas survécu. peut-être que les observations des trois prochains jours mettront en lumière différemment un film dont vous n'aviez peut-être pas compris toute les subtilités.

Eyes Wide Shut mettait vedette le couple de l'heure en 1999 : Tom Cruise & Nicole Kidman. C'est aussi tout ce qui se déroulait autour de ces deux êtres au quotidien que racontait l'histoire de Kubrick. Le souci maladif du détail de Kubrick, son symbolisme, trop évident pour ne pas être volontaire, donne une toute autre dimension à ce film qui ne peut être compris...si on garde nos yeux bien fermés...

Première partie de trois chroniques sur ce qui est caché, mais pas complètement, dans Eyes Wide Shut.

Comme la plupart des 12 films de Kubrick, un livre entier pourrait être écrit sur ce seul film. Eyes Wide Shut n'est pas simplement un film sur une relation homme/femme, mais plutôt sur toutes les forces extérieures et les influences qui définissent cette relation. C'est un film qui va et vient sans cesse sur les principes masculins et féminins dans un monde de plus en plus décadent et confus.Plus important encore, le film traite de ces groupes qui tirent les ficelles de ce monde décadent, une élite secrète qui contrôle les déchirements entre hommes et femmes d'une manière spécifique, presque ésotérique. Le film ne dévoile rien ouvertement, comme Kubrick le fait tout le temps avec grand talent, il déploie ici et là des indices et des traces de vérités qui se trouvent ailleurs.

Explorons les thèmes du film:
Le couple moderne:
Tel que déjà mentionné, le film mettait en vedette le couple le plus hot d'Hollywood en 1999: Cruise et Kidman. Ceux et celles qui croyaient entrer dans la chambre du couple afin d'y trouver des scènes sexy seront restés déçus, on y découvre plutôt un couple plus ou moins austère l'un à l'égard de l'autre, froid, égoïste, insatisfait, lié ensemble non pas par amour pur, mais plutôt superficiellement pour garder les apparences. Bien que le couple paraisse très moderne, il est lié de manière primitive presque par comportement animal. Si on regarde les comportements instinctifs de l'Homme, on remarque que les mâles recherchent des femmes ayant des qualités de bonnes mères porteuses tandis que les femelles recherchent des mâles qui seraient de bons approvisionneur de moyens. Des traces de ses comportements sont encore très visibles de nos jours alors que les hommes ont toujours tendance à faire valoir leur richesse et leur pouvoir, ce qui séduit mesdames qui se mettent jolies afin de les attirer. Dans EWS, le couple suit parfaitement cette tangente.

Le personnage de Tom Cruise se nomme Dr.Bill...comme dans Dollar Bill. À plusieurs reprises, Dr.Bill ou bien brandit son argent, ou bien sort son titre de docteur pour arriver à ses fins ou pour tenter de se sortir du pétrin. Les relations entre Dr.Bill, de la classe bourgeoise et les gens de la classe moyenne se soldent toutes avec de l'argent. Afin de s'assurer que le chauffeur de taxi l'attende devant le manoir secret, il lui fend un 100 $ en deux et lui promet l'autre moitié à son retour. La logique de Dr.Bill doit être "tout le monde a un prix". Est-ce que sa femme à un prix?

InCarnée par Nicole Kidman, Alice a perdu son travail dans le monde des arts et est dès le début du film complètement dépendante du salaire de son homme. Bien qu'elle soit d'apparence aisée, elle semble très ennuyée par sa vie de femme au foyer. Le choix du prénom d'Alice n'est pas sans rappeler celui d'Alice au pays des merveilles, cette petite fille, ennuyée par sa vie trop plate, qui passe dans un autre univers "au travers d'un miroir". Alice (Kidman) se regarde fréquemment dans le miroir. L'affiche du film nous montre aussi Alice embrassant Bill tout en se regardant elle-même dans le miroir, comme si elle y voyait une autre réalité.
Même si le couple montre d'évident signes de fatigue, ils se présentent tous les deux avec leur visage heureux quand vient le temps de plonger dans la socialité du party de leur ami Ziegler.

Frayer avec l'élite:
Bill & Alice se rendent à une soirée chez leur ami Ziegler qui ne semble pas riche, mais tout simplement multimilliardaire. L'ultra-elite. Bien que tout semble élégant, distingué et très chic, il faut peu de temps avant de réaliser des côtés nettement plus sombres, dégoûtants et malsain chez Ziegler. Des indices, dans cette soirée d'élite montrent un côté occulte qui nous sera dévoilé plus tard dans les rituels presque sectaires du manoir dans la nuit. Une large étoile à 8 pointes jaunes est placée à l'entrée du party quand Bill & Alice y entrent. L'étoile rappelle beaucoup l'étoile d'Ishtar que l'on appelait aussi Venus, la déesse babylonienne de la fertilité de l'amour, de la guerre mais surtout de la sexualité. Son culte impliquait entre autre chose de la prostitution et des actes rituels tels qu'on les découvrira plus tard au manoir. Inspirée au lit, Ishtar était aussi supposément cruelle avec ses amants. Une distinctions que l'on pourra prêter à Alice un peu plus tard aussi vis-à-vis Bill lors de la narration de son fantasme avec des marins.
Pendant la fête, ET Bill ET Alice seront tenté par le diable de la tromperie, séparément. Alice rencontre Sandor Szavost qui lui parle de la série de livres Art of Love. Cette collection a été écrite dans l'ancienne Rome et était en somme, un guide du "comment tricher votre partenaire amoureux" très populaire chez les élites de l'époque. Sandor boit directement dans la coupe d'Alice, un truc du Art of Love qui voulait dire "je veux échanger des fluides avec vous" dans l'ancienne Rome. Le choix du nom de Szandor n'est peut-être pas innocent non plus. Est-ce la manière de Kubrick de nous dire que cet homme fait partie de l'occulte élite décadente?
Anton Szandor Lavey a été le fondateur de la Church of Satan.
Pendant ce temps, Bill flirte avec deux mannequins qui lui disent qu'elles l'amènerait bien "là où l'arc-en-ciel se termine".
Cette phrase n'aura pas besoin d'être expliquée, les images parleront d'elles-mêmes...

(notez les lumières dans les deux scènes de flirt)

Les arcs-en-ciel partout:
Les aRcs-en-ciel et les multiples couleurs apparaissent partout dans le film. Le nom du magasin où Bill loue son costume se nomme Rainbow et le magasin tout juste en dessous Under the Rainbow. Presque toute les scènes nous montrent des lumières de Noël, offrant un éclairage diffus. Chaque scène où Bill entre en quelque part, nous offrent des lumières de Noël de toutes le couleurs. Là où il n'y a pas tant de couleur dans la lumière c'est au manoir de Somerton où la société secrète opère. En opposition avec la réalité extérieure, tout, incluant la lumière, est en complète opposition avec le vrai monde. Dans EWS, il y a deux mondes: l'univers de Noël avec ses lumières rappelant les arcs-en-ciel qui rend tout le monde gaga, et l'autre monde où l'arc-en-ciel se termine. Où on y performe peut-être des rituels, là où l'élite se rassemble, Le contraste est frappant. La différence entre les deux mondes semblent offrir un impénétrable mur. Plus loin nous verrons que les gens de l'arc-en-ciel ne peuvent pas nécessairement franchir la frontière simplement comme ça vers l'élite.
Quand les deux mannequins parlent de se rendre là où "l'arc-en-ciel se termine" elles font peut-être référence à leur statut d'Esclave Programmée Beta dans le Monarch Mind Control Program. Les femmes qui prennent part aux rituels de l'élite sont souvent des produits de l'Illuminati mind control. Dans le vocabulaire de ses programmes, "going over the rainbow" signifie se dissocier de la réalité et incarner un nouveau personnage.

Bill est interrompu dans son flirt par son ami Ziegler, l'hôte de la soirée, qui l'appelle d'urgence à la salle de bain. Premier regard sur le côté sombre derrière l'arc-en-ciel.

Derrière le rideau:
Quand Bill & Alice font leur entrée dans la soirée, ils sont accueillis par Ziegler ET SA FEMME. Il sont tous respectables, dans une lumière colorée de Noël, et tiennent des propos respectables. Tout le monde est enchanté dans une lumière enchanteresse. Quand Ziegler traîne Bill dans la salle de bain, il entre "là où l'arc-en-ciel se termine". Lumière blanche, maîtresse, réalité. Son esclave est en train d'overdoser. Quand elle reprend conscience, Ziegler la sermonne et lui parle d'un ton paternel comme si il lui rappelait que c'est lui le maître et elle l'esclave. Kubrick nous dit que la richesse extrême n'égale en rien l'élégance ou la digne hauteur de la morale. Ziegler presse ensuite de ne rien révéler nulle part, tout ceci doit rester secret. Le monde derrière l'arc-en-ciel doit rester dans l'ignorance de la masse. Il opère dans son propre espace avec ses propres règles. C'est l'élite.

Questionner le Mariage:
Quand Alice rejette les avances de Szandor, elle était toutefois touchée par celles-ci. Elle raconte par la suite à Bill qu'elle aurait pu facilement le tromper au party. Quand Bill lui dit qu'il l'aime et lui fait totalement confiance, elle le prend personnel et perd la tête. Elle lui raconte cette fois où elle était tout à fait disposée à le tromper avec un officier de la NAVY croisé dans un hôtel. Cette histoire détaillée cruellement, souligne son côté Ishtar alors qu'elle fait naître en Bill la jalousie, le sentiment de trahison, l'insécurité et l'humiliation. Bill embarque alors dans une randonnée nocturne au travers de New York qui le mènera dans le contraire de la monogamie, soit la copulation anonyme avec des étrangères masquées dans des rituels.

Cette première partie parle d'un couple de privilégié frayant avec des échelons supérieurs de l'élite de New York. Bien que tout semble lisse en surface, Kubrick nous prévient de ne pas se laisser tromper par les apparences et de ne pas se laisser impressionner par l'exposition de la richesse. Derrière cet arc-en-ciel qui nous fait faire "aaaah! wow!" se trouve une réalité sombre et dérangeante que le reste du film nous présentera.

Bill & Alice sont "invités" à ce party de l'élite. Ils n'en font pas complètement partie, mais restent tous deux fascinés et attirés par cet univers qui pourrait répondre à leur part d'ombre.

Plus de détails demain...  



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