vendredi 15 mai 2015

Deuxième Génération (ou autre chose)

Guy Laliberté a vendu ses parts dans ce qu'il avait créé avec magie et succès: Le Cirque du Soleil.

Quand on lui a demandé ce qu'il pensait des nouveaux acquéreurs, sans vouloir les vexer, il a dit qu'il ne croyait pas en une seconde génération dans l'entreprenariat.

Sans être complètement d'accord avec lui, je crois comprendre ce qu'il veut dire par ne pas croire en la seconde génération.

L'émission de radio de Catherine Perrin de mercredi dernier amenait en studio quatre entrepreneurs de chez nous, de seconde génération qui prouvait, en nettement plus modeste et beaucoup moins milliardaire, le contraire.

Gilles Fortin a fondé les magasins Tristan avec sa femme dans les années 70. Il y a 20 ans, sa femme et lui ont transféré la propriété de la chaîne de magasin de vêtements à leurs enfants, Enfants qu'ils avaient préparés à la chose dès leur 5 ans. À 25 ans, ils connaissaient l'outil qui leur tombait entre les mains.

Louis Leclair a repris les rênes de l'entreprise Fourgons Transit fondée par sa mère en 1978. Ça ne s'est pas fait sans heurts, car si maman n'était plus capitaine du bateau, elle était encore et restera toujours "maman". Ce qui peut devenir parfois embêtant. Mais qui reste toujours sous le chapiteau de la bienveillance amoureuse. Les affaires vont toujours bien pour Fourgons Transit.

Julie Lefort est directrice de l'innovation et du développement chez Les Serres Lefort, entreprise fondée par papa en 1984. Son ombre est encore très forte aux serres mais Julie, 25 ans, taille sa place avec beaucoup de succès.

Caroline Thuot a repris la direction de l'entreprise Techno Diesel fondée par ses parents il y a plus de 35 ans. Elle y travaille avec ses soeurs et l'harmonie rêgne autant que le succès. Les parents avaient soigneusement préparé le transfert.

On aurait pu rajouter les Coutu ou les Péladeau aussi.

Mais ces 4 exemples sont des exemples d'entreprenariat. Le bébé de Laliberté avait aussi une saveur artistique. Et c'est là que je comprends ce qu'il veut dire quand il dit qu'il ne croit pas en une seconde génération.

En art, les secondes générations ne sont pas toutes heureuses.

Genesis
Fleetwood Mac
The Rolling Stones
INXS
Van Halen
Marillion

Pour ne nommer que ceux-là, on tous eu un second souffle qui fût un succès relatif, mais qui était nettement autre chose par rapport au produit original.

Genesis sans Peter Gabriel et Steve Hackett : autre chose.
Fleetwood Mac avec Peter Green : Blues underground, avec Lindsay Buckingham & Stevie Nicks: King of pop!
Les Rolling Stones avec Brian Jones étaient axés sur le blues, avec Mick Taylor mêlait habilement blues, rock et harmonies à cordes et avec Ronnie Wood sont plus rock à l'état brut.
INXS avec Hutchence était phénoménal, avec J.D.Fortune, plus confidentiel.
Van Halen avec David Lee Roth était animal et très sexuel, avec Sammy Haggar, plus rock & blues.
Marillion avec Fish était tout ce qu'il y a de plus emo, avec Steve Hogarth, plus conventionnel.

Et là, je ne vous cite que quelques exemples en musique pop, les arts c'est aussi le cinéma ou la littérature et bien d'autres choses.

Scorcese avec DeNiro et avec Di Caprio, Woody Allen avec Diane Keaton, Mia Farrow ou Scarlett Johansson, American Horror Story saison I, II, III et IV.

Autre chose.

Mais pour chaque exemple, on pourrait citer un contre exemple.

Depeche Mode avait Vince Clarke à la voix sur le premier album. Dave Gahan a habilement pris le relais dès le second album.
AC/DC, à la mort de Bon Scott, n'a surtout pas ralenti en 1980. L'arrivée de Brian Johnson a même offert les meilleurs ventes à vie du band australien dès 1980.

Et je pourrais continuer longtemps avec un peu de recherches.

Je crois que c'est ce que voulais dire Laliberté quand il parlait de "seconde génération" dans ses affaires.

Il parlait de second souffle pour son entreprise et si Laliberté vendait son produit, c'est probablement, justement, parce qu'il croit que son produit à pas mal fait le tour du jardin.

Je ne peux pas être complètement d'accord avec Laliberté car chez certains de mes artistes préférés, lorsqu'on prend l'idée de la seconde génération au premier degré, celle-ci était aussi intéressante, parfois plus, que celle de leur parents.

Charlotte Gainsbourg m'intéresse autant que son père et m'intéressera toujours plus que sa mère.

Les garçons de Dave Stewart (ex-Eurythmics) et Siobhan Fahey (ex-Bananarma/Shakespeare Sister) sont trrrrrrrrrrès intéressants.

Et là je tombe des nues avec les enfants de Catherine Ringer et Fred Chichin.
Wow!
Simone à la voix et Raoul à la guitare.
Wow!

...si je me livre à ce petit jeu, cette chronique s'éternisera...

C'est bon, mais ce sera toujours autre chose.

Il le faut de toute façon.

La réinvention est toujours un défi.

C'est là que le Cirque anciennement à Guy, est rendu.
À se réinventer.
Et Guy n'y croit plus,

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