dimanche 5 juillet 2015

Gâteau & Tradition

L'an dernier pour la fête à Punkee, je revenais d'une nuit fort chargée au travail et d'une semaine de livraison de traduction assez lourde.

Ça ne nous as pas empêché d'organiser un anniversaire avec 10 petites filles autour de la piscine par une radieuse journée ensoleillée. 

Mais j'étais physiquement et mentalement crapou.

Quand est arrivé le moment d'apporter le gâteau, on a réuni tous les enfants autour de la table dehors et j'ai allumé les chandelles dans la cuisine pour ensuite entamer la traditionnelle marche vers l'élue d'un pas lent et cérémonial.

J'ai commencé à chanter:

"Bonne fête Punkee..."

Seul. Peut-être que je ne chantais pas assez fort.

"Bonne fÊTE PUNKEE..."

Toujours seul.

"BONNE FÊT-EUH! BONNE FÊT-EUH!..."

Comme je chantais parfaitement seul, mon léger sourire devenais peu à peu un visage fermé, j'appuyais davantage sur les mots avec un mélange de rage, une invitation d'urgence à chanter (christ!) pour tous ces enfants autour de la table et une fatigue certaine.

"BONNE FÊTE PUNKEEEEEEEEEEEEE!"

On m'a laissé chanter tout ça 100% tout seul, marchant au début d'un pas lent, puis en accélérant le pas afin de mettre fin au supplice, en chantant d'abord assez bas, progressant en crescendo et terminant avec pratiquement un falsetto d'opéra,

SEUL.

Mon fils, Monkee, pleurait de rire dans la verrière.

Tabarnak.

Que c'était-il passé?
-Je chantais comme une véritable casserole et il était impossible d'entrer dans ma cacophonie?
-C'était des fillettes de 10 et 11 ans, étaient-elles devenues trop vieilles pour ce genre de rituel?
-Il y avait une musulmane dans le groupe d'enfants, avait-elle lavé le cerveau des autres pour saboter ce moment? 
-Étais-je dans un mauvais rêve?
-On avait prévu me niaiser?
-Tout ça?

Et pourquoi l'amoureuse, qui observait tout ça, un sourire toujours plus grandissant, entre le sadisme et le plaisir maternelle pur, n'était-elle pas entrée dans mon chant?

"Ben tu le sais que je chante mal! T'as commencé...t'étais bien parti pis..." et elle n'a pas pu terminer sa justification éclatant d'un rire incontrôlable à son tour.

J'étais fru je voulais me tirer dans la piscine tout habillé.

Ça m'est revenu cette année quand j'allumais les bougies du gâteau d'anniversaire de Punkee, avec sensiblement le même groupe de petite filles à quelques têtes prêt, autour de la même table, ayant le même fun noir autour de la piscine.

Cette fois, on ne m'aurait pas. Je ne chanterais pas du tout.

J'ai toutefois commis une erreur stratégique. J'ai commandé instinctivement l'attention de tous de la cuisine au patio.

"O.K. TOUT LE MONDE ATTENTION!"

Attention quoi christ? depuis quand je joue au leader syndical?

Et là tout le monde s'est tu, j'ai marché d'un pas (trop) lent et cérémonial, dans un silence de moin, fixant obssessivement les bougies afin qu'elles ne s'éteignent pas, et dans un rituel obscène où on aurait cru que j'apportais le cadavre d'un bébé à un médecin. 
Devant la grossièreté qui s'étirait dangereusement, j'ai voulu accélérer le pas et ce faisant, j'ai éteint presque toute les bougies. C'était comme si quelqu'un avait réservé tout l'espace pour la chanson et le rythme chanté de l'air de "Bonne Fête" et y aurait laissé un silence obligé. 

Une marche dans le désert des sons,

J'étais prisonnier d'une cassette TDK dont on avait effacé 25 secondes importantes au milieu d'une chanson.

Dans le silence qui a suivi le dépôt du gâteau, un peu grisé d'une ivresse se rapprochant de la folie, j'ai lancé le commentaire officiel du parent écarté de la prochaine génération par manque de "coolness" en disant:

"Bon! Qui qui va manger ce gâteau là?"

Ce à quoi quelques enfants ont répondu "moi! moi! moi!", mais ceci n'a pas empêché mon fil Monkee, de se rouler par terre dans le verrière et de pleurer des larmes de pur bonheur.

Je me suis tiré dans la piscine tout habillé.



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