jeudi 17 septembre 2015

Blonde & Idiote Bassesse Inoubliable************The Shape of Jazz To Come d'Ornette Coleman

Une fois par mois, un très très personnel musée sonore des albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage du temps, vous sera offert sur ce site.

Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.

J''ai baptisé mon catalogue sonore d'incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient de l'avoir déjà fait ici trop souvent. Ils sont tous les 4 mémorables pour moi en ce sens qu'Ils ont tous les 4 changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques sont dans mon ADN, j'en connais chaque son, chaque accord, et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits continuellement nouveaux même si les notes restent inchangées. Ils atterrissent tout simplement à des lieux différents selon la météo mentale et physique des saisons.

"Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop.
"Bassesse" pour Low de David Bowie.
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2.

Par ordre de création.


Blonde et idiote bassesse inoubliable c'est aussi B.I.B.I. c'est à dire moi.
C'est aussi la terminaison du mot habibi quien dialecte irakien veut dire Mon amour.
Blonde et idiote bassesse inoubliable c'est également parce que ça pourrait évoquer une maîtresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.

Ce que le musique est très souvent.

Quand elle reste inoubliable là où ça fait du bien.

THE SHAPE OF JAZZ TO COME de Ornette Coleman

1959.

Avant de lancer son troisième album, Ornette avait surtout rencontré de l'hostilité avec sa manière d'approcher la musique avec son saxophone. Pas facile d'écoute pour les nons fans de jazz ou pour ceux habitués aux structures simples de mélodies, couplets, refrains, chute, etc. cet album allait provoquer autant qu'influencer.

Ornette avait été recruté avec son ami Don Cherry, trompettiste, pour étudier dans l'école de jazz moderne de John Lewis. À 29 ans, Coleman pensait tout plaquer et s'emprisonner dans la religion à temps plein. Mais Lewis le met en contact avec Nesushi Ertegun de chez Sony qui lui offre d'enregistrer un disque. Ce disque aura le titre le plus pompeux au monde: The Shape of Jazz to Come. Et il aura la prétention de vouloir créer un nouvel ordre musical dans le monde du jazz.

En 1959, IMMENSE année musicale dans le monde du jazz, seront lancés The Sermon par Jimmy Smith, Kind of Blue de Miles Davis, Time Out de Dave Brubeck, Back to Back de Johnny Hodges & Duke Ellington, Bags & Trane de Milt Jackson & John Coltrane, Mingus Ah Hum de Charles Mingus, Giant Steps de John Coltrane, Art Pepper+Eleven+Modern Jazz Classics d'Art Pepper, Blowin's the Blues Away d'Horace Silver, Canonball Aderley Quintet in Chicago de Canonball Aderley, Jazz in Silhouette de Sun Ra et Portrait in Jazz de Bill Evans.

OuF!
Rien que ça?
Chaque album cité pourrait faire l'objet d'une chronique ici (et le sera peut-être un jour...)

Ornette allait voir sa carrière se lancer de manière spectaculaire grâce à ses amis Don Cherry, Charlie Haden à la contrebasse et au batteur Billy Higgins.

Tout comme Gerry Mulligan, Coleman n'utilisait jamais de piano ou d'instruments à cordes pour montrer à son équipe les pièce qu'il avait imaginées. Lonely Woman lui a été inspiré par une femme peinte sur un tableau dans une gallerie d'art, qui avait tous les signes de la femme très riche, mais qui paraissait affreusement seule et en plein spleen. Le morceau commence avec Charlie Haden doucement suivi des cymbales d'Higgins. Les sons de cuivres de Cherry et Coleman arriveront simultanément ensemble avec une certaine tristesse (le spleen). Le morceau est vite devenu un incontournable du catalogue Coleman.

 C'est avec Paul Bley que Coleman fera la rencontre de Charlie Haden. Une rencontre déterminante qui changera sa vie. Haden est très actif sur le morceau suivant et la trompette de Don Cherry viendra dompter un peu le saxophone fou d'Ornette...éventuellement...:)

 Le saxophone de plastique de Coleman est tout simplement fascinant. Ce que fait Haden de sa contrebasse (vers la 50ème seconde) est hantant. Le dernier morceau de la face A est selon moi le meilleur de l'album.

La face B s'ouvre sur la batterie d'Higgins qui introduira aussi le chaos trompette/Sax. Haden se lance doucement, secondé par Higgins, puis Cherry & Coleman viennent changer le tempo avec du style libre comme une mouche dans la cuisine. Certains la laisseront volet, relax et zen. D'autres voudront la tuer.

Congeniality est probablement le morceau le plus reconnaissable d'Ornette Coleman. Sa signature est claire, le son est joyeux, lumineux, moderne, et la trompette de Cherry est tout simplement brillante. J'étais au secondaire un joueur de trompette (minable) dans le stage band et je reprendrai de la trompette pour tenter de jouer du Don Cherry. Cette chanson a des thèmes récurrent et pourrait être la plus abordable de l'album pour l'oreille néophyte. 

 Le morceau final me fait penser que je ne comprend pas trop pourquoi les gens sont devenus hystériques quand on a envoyé des hommes sur la lune dix ans plus tard, alors que dès 1959 Coleman, Cherry, Haden & Higgins étaient carrément issus d'un tout autre système planétaire!

Le quatuor allait se dénicher, un mois après la sortie de cet album, une place permanente au Five Spot Café de Bowery à New York

Pour amateurs d'audace, de jazz, de jazz moderne, d'improvisation, de jazz, de basse qui prennent beaucoup de place, pour chats de nuits, chats de ruelle et chiens de faïence.





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