mardi 8 mars 2016

Feminis

"Je ne suis pas féministe" a dit la ministre de la condition féminine Lise Thériault la semaine dernière.

J'ai lu le titre, sans lire l'article et me suis longuement questionné. Que peut-on gagner à faire une telle affirmation? Dans son rôle surtout. Ministre de la condition féminine. Je trouvais que c'était un peu comme si un ministre de l'économie disait: "Je ne suis pas économiste, je le suis à ma manière" (ce que Thériault a aussi précisé).

Qu'était-on supposé ressentir à apprendre son détachement des féministes?

Devait-on être rassuré par une telle déclaration? Le féminisme serait-il une maladie? Il est clair que dans l'esprit de Madame Thériault, et dans celui de Marie-France Bazzo qui l'a imitée le lendemain, que les mots "féministe/féminisme" ont une forte connotation péjorative à leurs yeux.

Il est vrai que souvent, on a entendu des gens répondre "féministe" à la question "Quel est l'équivalent féminin de misogyne? soit une femme qui méprise systématiquement les hommes". Mais je dirais que plus souvent c'était pour rire. Sinon ça pouvait aussi relever de l'ignorance.

Toujours sans lire le contenu et le contexte de cette affirmation de Lise Thériault, je me suis dit que sa définition du féminisme ne correspondait probablement en rien à la mienne.

La mienne se résume à bien des luttes mais principalement et presqu'exclusivement à ces 5 mots:
La femme est l'égale de l'homme.

Ça semble facile à dire comme ça, mais ce n'est pas aussi simple.

Même moi j'ai mis ma non-employabilité chez Radio-Canada injustement sur le dos de certaines mères baby-boomers qui avaient maintenant élevés leurs enfants et qui me "volait" mon job. La vérité c'est que je n'avais qu'à être meilleur qu'elles. Si tel avait été le cas. on m'aurait gardé peu importe le sexe.

Puis, en lisant la suite de l'entrevue accordée par la ministre, j'ai vu que sa vision rejoignait la mienne.
"Je suis beaucoup plus égalitaire que féministe" (ce qui ne fait aucun sens selon la définition que je vous donnais tantôt, puisque selon moi, c'est la même chose!). disait-elle.

Le titre était donc facile à interpréter autrement.
Tout comme les mots "féministes" et "féminisme" semble-t-il.
Comment comprennent-elles ce mot, Thériault et Bazzo?

Un article intéressant à faire suivre dans les jours qui ont suivi aurait été de demander à plusieurs personnes leur définition de ces mots. Leur compréhension. Dans les cas de Thériault et de Bazzo, on parle beaucoup du fait que ce ne sont pas des femmes qui vont souhaiter militer en groupe, mais plutôt des femmes qui vont foncer en se débrouillant, la plupart du temps, toute seule pour atteindre leurs objectifs et prendre leur place là où elles le souhaite.

Tout à fait d'accord, mais dans la même entrevue, Thériault parle aussi de faire en sorte que le nombre d'hommes et de femmes soit égal en terme de représentation de candidatures aux prochaines élections pour son parti. Ce qui relève toujours pour moi de l'absurde. Le parti Libéral a affiché son pire score depuis longtemps à ce niveau avec seulement 35 femmes sur 125 candidats aux dernières élections.

Mais vouloir à tout prix le 50/50 avec ce type de choses, c'est toujours faire le mauvais choix. C'est comme vouloir 12 joueurs Québécois francophones, 12 joueurs anglophones, et un bilingue dans son club de hockey professionnel. C'est choisir d'avoir des demies-mesures pour rien. Et là je ne dis pas seulement que certaines candidates ne feraient pas le poids, la même chose tient pour les hommes, pourquoi s'embourber avec des thématiques handicapantes? Prenez le talent: point à la ligne!

Mais revenons au mot "féministe". Qu'est-ce qui fait si peur à être associée au mot? J'ai d'abord trouvé dommage que ces deux femmes aient tenu à prendre leur distance du féminisme. Je n'y vois aucun avantage. Aucun.

Le féminisme c'est l'insoumission. Se dire non féministe peut laisser transparaître le contraire. Je dirais que la plupart des femmes ont des visions absolument différentes du féminisme.

La femme a énormément évoluée depuis 70 ans. Au Québec, peut-être plus qu'ailleurs dans le monde.
La femme est multiple, complexe, riche et variée. Beaucoup plus que l'homme en général.
Voilà pourquoi elle est aussi séduisante chez nous, aussi.

Si l'homme peut être une fleur, une seule femme est bien souvent un bouquet.

Une journée comme aujourd'hui, où l'on célèbre la femme, me parait toujours un peu étrange. Pourquoi la femme plus que l'homme? pourquoi plus que l'enfant?

Justement, parce qu'elle crée les deux. Et elle les porte,

Ça c'est unique.

Ce qui me fait le plus de bien en cette journée des Femmes, c'est de voir tout le chemin parcouru, parfois sans fracas, tout naturellement, par les femmes de nos jours.

Par exemple, quand j'étais plus jeune, si on interviewait une jeune joueuse de hockey et qu'on lui demandait qui était son idole au hockey, elle vous aurait répondu Wayne Gretzky ou Mats Naslund ou Martin Brodeur. Aujourd'hui, elles vous répondent Marie-Philip Poulin, Hayley Wickenheiser ou Cammi Granato.

Juste ça, c'est une montagne de progrès.

Bonne journée à toutes les femmes du monde.
Les soumises comme les insoumises.

Et je propose l'orthographe feminis, si l'autre vous fait trop peur.
C'est pas toujours gênant de se dire féminis.

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