mercredi 9 mars 2016

Nancy, Dutch & Drogues.

Nancy Davis Reagan est décédée cette semaine.

La femme du 40ème Président des États-Unis avait 94 ans.

C'est l'un des risques d'une vie si publique si longue: que la population change d'avis sur ce que vous considérez le meilleur travail que vous auriez produit de votre vivant.

C'est ce qui s'est produit avec Nancy. Dur de trouver des chiffres encourageants sur sa campagne "Just Say No" (to drugs).

L'actrice de série B était tombée en amour avec le Président de la Guilde des Acteurs des États-Unis, un autre acteur de série B. Il allait plus tard devenir Président du pays le plus puissant au monde. Il serait l'un des plus mémorables républicains au pouvoir en partie, parce qu'il avait d'abord été longtemps démocrate.  Ce qui devait, j'imagine, le rendre plus dosé.
On dit de Nancy qu'elle avait joué un grand rôle de "redirection" des valeurs politiques sur "The Dutch", surnom que Ronnie se donnait lui-même car il trouvait qu'il avait la stature d'un petit colonel Allemand.

Nancy Reagan aura été le parfait écran de fumée dans la "guerre à la drogue" qui a marqué les politiques de son mari dans les années 80. Nancy était la figure de proue et la porte-parole de la candide et naïve campagne "Just Say No" aux États-Unis, prenant souvent la marijuana comme la pire des consommations.

La médecine et la société a rendu cette peur ridicule. Tout comme les propos qui disait alors que la marijuana mène directement au cancer et à la stérilité. La marijuana menait à peu près tous les problèmes de la société selon cette campagne. Votre ado ne veut pas tondre la pelouse et fait de l'attitude? Marijuana. La compagnie recule devant les compétiteurs japonais? Marijuana. Pourquoi barrez vous vos portes le soir avant de vous coucher? Les drogues dures, en commençant par la marijuana. (qui n'en est pas une!)

Nancy a été le rempart contre la drogue sans relâche pendant toute la tenure de la présidence de son époux. Et ce, dès 1982. Des pamphlets Parents, Peers & Pot étaient dissémines aux travers des États dits Unis. avec des avertissements sur les jeunes adultes qui travaillaient ou veillaient tard le soir,  avaient soudainement de mauvaises notes scolaires,  avaient de soudains changements de personnalité, devenaient résistants, secrets et incapables de suivre les désirs familiaux. Certains pamphlets rajoutaient odieusement ne font plus les tâches requises par la famille et oublient les anniversaires. (duh!)

Cette campagne a excessivement mal vieilli et laisse plutôt poindre une large intolérance. Et masquait une plus large encore hypocrisie.

Dans cette campagne, la marijuana sera la seule drogue que l'on osera mentionner par son nom. Car on la savait inoffensive.

Et ça donnait bonne conscience.

Car en sourdine, on cachait plutôt une tolérance pour le marché de la drogue.

Sous la présidence Reagan, les États-Unis ont augmenté leur implication dans les conflits du Moyen-Orient, fournissant en armement l'Irak et l'Iran dans leur guerre intestine. Ils l'ont aussi fait un peu partout dans le monde, en Amérique du Sud entre autre endroit.

C'est sous la présidence Reagan que la coopération entre la CIA et les Contras a battu son plein. Les Contras étaient un groupe para-révolutionnaire qui se battaient contre les Sandinistes au Nicaragua afin de ramener au pouvoir le corrompu régime de Somoza, auquel les États-Unis étaient favorables. Reagan voyait le communisme dans le régime des Sandinistes. (Ils étaient socialistes de gauche)

En 1986, la cocaïne circulait largement aux États-Unis, avec la bénédiction de la CIA. Afin de financer leur armée, les Contras avaient besoin des revenus du trafic de la drogue. Comme l'aide aux groupes militants en Amérique du Sud avait été coupée par le Congrès des États-Unis, Ronald et la CIA se voyaient alors obligé de fermer les yeux sur leur méthode de financement: le trafic de la drogue aux États-Unis et aux frontières de l'Amérique Centrale et l'Amérique du Sud. Le crack en est né.

Ce n'est qu'en 1998 que la CIA a dû avouer tout ça, grâce au brillant travail de John Kerry.

Mais si sous l'administration Clinton, ce type de collaboration n'a pas ralenti, c'est que l'épicentre de la coordination de tout ça se trouvait en Arkansas, le fief des Clinton.

Et on parlait de très très gros sous.

Inavouable avant 1998.
Pendant que tout le monde regardait ailleurs.
Et que The Dutch ne se rappelait plus de rien.

Mais Nancy, se battait toujours contre la marijuana.
Comme dans une série B.

Candidement.

Dans une campagne qui semble tout à fait ridicule aujourd'hui.

Et hypocrite à sa manière.

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