jeudi 21 avril 2016

La Caricature Efface le Préjugé

Dans moins de 4 mois, les yeux du monde entier seront tournés vers Rio pour y accueillir les Jeux Olympiques d'Été.

Ce sera un pays hôte sans Président ou avec une nouvelle tête toute neuve qui accueillera la planète.

Car c'est aussi Rio qui se regarde en ce moment, qui fait le ménage avant la grande visite et qui implose politiquement.

Dilma Rousseff a été remplacée par son vice-président Michel Temer. Dans une session excessivement mouvementée et pleine d'émotion criardes, on a voté pour la destitution de Madame Rousseff  "pour la paix à Jérusalem", "pour les camionneurs", "pour les francs-maçons du Brésil" et "parce que le communisme menace le pays" (ce qui est faux). En somme, on voulait faire comprendre que peu importe la raison, Madame Rouseff devait partir.

Et elle partira. Mais laissant quoi comme bateau derrière?

L'Opération Lava Jato (opération lave-auto) commence en mars 2014. Il s'agit d'une enquête sur une affaire de corruption et de blanchiment d'argent impliquant notamment la société pétrolière publique Petrobas. Les faits reprochés incluent des commissions pour des personnalités politiques en échange de leur implication dans des contrats publics surfacturés. L'affaire concernerait un volume de 3,5 milliards de dollars ce qui présente un scandale d'un ampleur inédite au Brésil. Dilma Rousseff prétend n'avoir jamais été mise au courant et n'avoir rien vu de reprochable se produire et se prétend aussi outré que le public de ce qui a été découvert. Ce qui est, comme Présidente et selon l'avis de ses proches, impossible. Le "petrogate" a mené à l'emprisonnement des directeurs des entreprises OAS, IESA oleo Gas, Camargo Corréa Construçoës, UTC et Construtora Quieroz e Galvao ainsi qu'un des ex-directeurs de Petrobas.

Fin 2014, début 2015, la valeur des actions de la société pétrolière s'écroule à la suite de la révélation du scandale. Moody's place alors Petrobas dans la catégorie des valeurs spéculatives.

L'enquête a mis en lumière une pratique de corruption qui, un peu comme chez nous, semblait être devenue la norme.

Contrairement à plusieurs autres politiciens, Dilma Rousseff n'était pas elle-même accusée directement de quoi que ce soit. Sinon d'aveuglement volontaire à la Gérald Tremblay. Mais madame Rousseff était une Présidente impopulaire et considérée comme Francois Hollande faible. L'économie Brésilienne stagne en raison, entre autre chose, de la baisse des prix du commerce intérieur et en raison de mauvaise gestion économique répétée durant son premier mandat. Elle aussi, a alors misé sur l'austérité, ce qui en fait une victime toute désignée pour éponger la colère populaire.

Sa destitution est l'apogée d'une rage grandissante depuis deux ans. C'est comme l'épisode final d'une série télé qui "se termine" avec éclat. Ça montre aussi à tout les politiciens en herbe tentés de plonger leurs mains dans la corruption pour le futur, que le public scrutera ses moindres faits et gestes. Que le peuple Brésilien a l'oeil ouvert.

Mais ceux qui ont mené le mouvement de destitution contre Madame Roussef sont aussi sous enquête. Ce qui rend tout ça plus brouillon. Ils ont tout intérêt à faire tomber le patron afin de jeter la lumière ailleurs que sur eux-mêmes. Ce sont une cinquantaine de polticiens du parti de Roussef qui sont sous enquête. Ils espèrent, en faisant tomber la grande chef, que leur peine puisse être elle-même, réduite.

La tête du serpent a été coupée prétendent-ils.

Il souhaitent éviter la prison, et tout comme leur chef, au pire, simplement perdre leur emploi.

Mais Roussef compte se battre pour rétablir sa crédibilité politique. Et sa chute n'est pas la conclusion logique d'une belle histoire. De l'aube d'une nouvelle ère que symbolisait son élection en 2010, son histoire est devenue celle du cliché du politicien corrompu, grisé par le pouvoir qu'il avait en main.

Une plate et de plus en plus courante histoire de filou.

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