lundi 2 mai 2016

Couilles Kenyennes

C'est un message à l'Asie (et au monde entier) qu'a envoyé le Kenya cette semaine en ce qui concerne l'industrie de l'ivoire.

C'était, au début, un peu difficile à croire de ma part. Un tel "fuck off" au Dieu Argent?

On a d'abord stocké, puis brûlé 105 tonnes d'ivoire dans un parc national de Nairobi. La quantité d'ivoire totalisait la somme d'ivoire extraite sur à peu près 6700 éléphants. C'est pour justement envoyer le message que le Kenya a à coeur le bien de ses éléphants, ne considère pas légitime le marché de l'ivoire (principalement populaire en Asie) et dans le but d'enrayer le braconnage, qu'il a fait ce qu'il a fait.

Car malgré de lourdes peines criminelles et même des menaces de prison, les ressources pour lutter contre le braconnage sont aussi rares que les braves bêtes qui doivent être protégées. On parle de la mort de quelques 30 000 éléphants par année pour ce type de chasse à l'or blanc.

On avait fait la même chose en 1989, sous le régime du Président d'alors Daniel Arap Moi et une autre fois, plus modeste des années avant.
Depuis les années 90, au Kenya, la chasse à l'éléphant est interdite. 14 autres pays africains auraient imité le Kenya en brûlant aussi de l'ivoire depuis, avec ou sans publicité.

L'ivoire prend une longue semaine à brûler. On réussit à le faire avec de l'huile sur les défenses, mais en alimentant aussi le feu par un système de flammes par tuyaux au niveau du sol.

L'éléphant, animal que je trouve personnellement extraordinaire, est considéré comme une espèce vulnérable par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). On le retrouve en liberté en Afrique et en Asie. En Asie ce même animal est considéré comme en péril, Voilà aussi pourquoi les Asiatiques se tournent donc alors vers l'étranger pour l'ivoire.

Les dangers d'extinction de ce majestueux animal est rendu important en raison du braconnage au profit du marché de l'ivoire, de la destruction de leur habitat naturel et de leur mauvaise exploitation par les Hommes. (en Asie, principalement,  où il s'agit, dans plusieurs pays, d'un animal de travail comme le serait le cheval de ferme chez nous). La Tanzanie a perdu plus de 65% de ses éléphants dans les 5 dernières années.

On a clamé haut et fort au Kenya, pendant le feu, que personne sur terre, et on a insisté sur personne, n'avait intérêt à faire affaire avec le marché de l'Ivoire chez eux. En Asie, le marché de l'ivoire est considéré comme légal.

Ça prenait des couilles, pensais-je. de dire non aux grands profits que génère cette industrie que le Kenya dit ne pas reconnaître.

Mais voilà, ce sont des sous que le pays ne touche pas de toute manière puisque le braconnage ne rend riche que celui qui braconne. Et qui ne rend aucun compte au gouvernement, puisque c'est illégal.

Mais ça prenait des couilles quand même.

Ce sont l'équivalent de quelques 100 millions de dollars US qui ont été flambés publiquement dans un parc national du Kenya.

Mais ce geste flamboyant, au sens propre comme au sens figuré. sert aussi très bien le braconnage. L'ivoire, déjà rare, plus rare encore de 105 tonnes, prendra de la valeur financière. Et les braconniers se permettront surement de se servir de l'évènement pour monter leur prix sur l'or blanc.

En Ouganda, le succès est total. Après avoir atteint le niveau dramatique de seulement 700 éléphants dans les années 80, ils ont maintenant autour de 5000 mammifères de la famille des Elephantidae.

Au Gabon, on chasse carrément les chasseurs à coup de fusil. 650 gardes armés travaillent à ce niveau.

Au Botswana, on fait la même chose, ayant étendu l'interdiction, en 2014,de la chasse d'animaux de toute sorte à TOUS les animaux.

Finalement en Tanzanie, on a arrêté autour de 1000 braconniers seulement l'an dernier.

Romain Gary a dû esquisser un large sourire dans sa tombe.

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