lundi 4 juillet 2016

Eduard Streltsov

Eduard Anatolyevich Streltsov était très beau.

Il avait un peu les traits de Pavel Bure, autre moscovite reconnu pour son charme naturel.

Soldat de première ligne et officier de l'intelligence soviétique, il est en 1950, un important et habile joueur de soccer pour la Fraser Factory. Il n'a alors que 13 ans ! Trois ans plus tard, l'équipe de l'usine joue un match amical contre le Torpedo de Moscou. Ceux-ci sont si impressionnés par le jeune de 16 ans qu'ils l'embauchent. Avec le Torpedo, entre 1953 et 1970, il jouera 222 matchs, totalisant 99 buts. En 38 matchs pour l'équipe Nationale Soviétique, il jouera 38 fois, marquant 25 buts.

Aux Olympiques de 1956, il marque trois buts dans une victoire de 16-2 contre l'Australie dans un match préparatoire, puis marque le but gagnant contre l'Allemagne, quand ça comptera vraiment. Le match suivant contre la Bulgarie blesse deux joueurs Soviétiques qui jouera avec des effectifs réduits. La Bulgarie marque après 90 minutes de jeu. Mais à la 112ème minutes, Eduard Streltsov marque le but égalisateur et prépare tout de suite après le but gagnant. Les Soviétiques iront en finale contre la Yougoslavie.

Mais les raisonnements soviétiques sont obliques. Valentin Ivanov est le partenaire naturel de Streltsov. Ensemble, ils se complètent naturellement et avec beaucoup de succès. Ivanov est blessé pour la finale. L'entraîneur, considérant le tandem Ivanov/Streltsov comme un inséparable combo, choisit de ne pas faire jouer Streltsov. Ça semble étrange comme raisonnement, mais Streltsov aime beaucoup faire la fête. Et sur le site Olympique de Melbourne, il se sert de son charme et abuse de plusieurs corps athlétiques féminins. Ceci déplait hautement aux prétendus disciplinés russes. De plus, la vodka est très familière avec la gorge d'Eduard. On craint qu'une publicité malsaine naisse autour du joueur et comme les Olympiques sont une vitrine internationale, Streltsov ne correspond en rien à l'image du parfait Soviétique que l'on veut transmettre dans le monde. Il ne jouera pas la finale "en soutient à Ivanov". La Russie gagne quand même et seuls les joueurs ayant joué la finale auront une médaille d'or.

Steltsov reçoit 2 votes pour le ballon d'or de 1957.

Pour la Coupe du Monde de 1958, il marque les deux buts qui qualifiera son pays.

Mais revenons un peu en arrière. Quand le Politburo du parti communiste fête la médaille d'or de 1956, Streltsov, 19 ans, portant ses cheveux à la Teddy-boy comme les anglais d'Angleterre, charme la fille de 16 ans de la première femme membre du politburo, Ekaterina Furtseva. Si la fille est charmée par le joueur de soccer, celui-ci préfère les autres femmes. Quand Ekaterina, une proche du Président Khrushchev, suggère à Streltsov qu'il pourrait un jour épouser sa fille, celui-ci aurait répondu "J'ai déjà une fiancée, je ne la marierai pas".  Plus tard, plus saoûl. il aurait aussi dit "Je ne marierai pas un tel singe, je préfèrerais être pendu que de marier une telle fille!", des propos qui ont été rapportés à Furtseva et qui l'auraient profondément humiliée.

Puisqu'il avait beaucoup attiré l'attention, en Suède et en France notamment, dans les tournées mondiales du Torpedo, avec le style teddy-boy anglais, et la mode de vie indiscipliné, il avait tout du potentiel déserteur du pays. Les communistes n'aimaient rien de tout ça. Les journalistes avaient même signés des articles titrant "Ceci n'est pas un héros national" en soulignant qu'il représentait tous les travers et le mal impérialiste de l'occident.

Après un match de préparation pour la Coupe du Monde, Streltsov et deux coéquipiers ignorent un couvre-feu et se rendent à une fête. Ils y croiseront Marina Lebedeva, une jeune fille de 20 ans.

Le lendemain matin. les trois joueurs sont arrêtés pour viol.

Un viol à la soviétique, un "Julian Assange rape", qui n'avait jamais eu lieu.

On force Streltsov a confesser le crime imaginaire en échange d'une participation assurée à la Coupe du Monde.

Nikita Khrushchev, étant au coeur de tout ça, s'assure que rien ne sera honoré des promesses. Sinon les 12 ans au goulag, à faire des travaux forcés, imposées par la suite Eduard Streltsov. Il sera battu si violemment à son arrivée au camp de concentration qu'il passera 4 mois à l'hôpital. Les deux autres joueurs qui l'accompagnaient ce soir là seront bannis à vie de représentation nationale.

L'Union Soviétique sacrifie ses vedettes sportives au nom du parti.

L'équipe Russe est éliminée à la Coupe du Monde 2-0 par les Suédois. Une équipe que les Russes avaient battus 6-0 auparavant, avec les trois autres joueurs, Streltsov ayant alors marqués la moitié des 6 buts.

Streltsov fera 7 des 12 années imposées au Goulag et sera relâché le 4 février 1963. À 26 ans, jouant aussi au Goulag pour égayer les prisonniers, il est loin d'être un joueur fini. Il fait gagner le championnat à son club dès son retour au jeur, et en 1968 fait gagner au Torpedo la Coupe Soviétique.

Il se retire à 33 ans en 1970 et fonde une école de soccer où il y est entraîneur.

Il décède du cancer de la gorge le 22 juillet 1990, à l'âge de 53 ans.
Marina Lebedeva, qui a avoué par la suite ne pas avoir très bonne mémoire, sera vue aller porter des fleurs sur sa tombe.

Sa femme dira qu'il a été empoisonné au Goulag, se faisant servir des aliments irradiés.

Mais non! les Russes n'empoisonnent jamais personne, d'où prends-elle cette idée?...

L'Euro en est rendu à ses demies finales, la troupe de Théâtre du Portugal affrontera les Comédiens du Pays de Galles mercredi, et les acteurs de la France (les favoris) feront face à l'Allemagne theater (mes favoris) le lendemain.

La finale suivra dimanche.

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