jeudi 3 novembre 2016

Fuck, J'ai dit Fuck

"A writer is never interesting. His work is all that matter"
-Samuel Beckett

Je n'écoute pas le gala de l'ADISQ. Je suis assez peu fervent de musique de chez nous.
J'écoute de moins en moins les galas avec le temps. Les Oscars sont peut-être l'exception. Mais encore. Je ne crois plus tellement à ce type de reconnaissance.

Je m'y pointe pour y dénicher une ombre d'humanité.
D'émotion. Entre deux pubs. Mais j'écoute de moins en moins la télé en direct.
À cause des pubs.
Et cette année n'a pas fait exception, je n'ai pas regarde l'ADISQ.

C'est l'ADISQ qui m'a regardé.

Le hasard a voulu que je sois justement dans un cycle assez Québécois. J'ai dernièrement visionné Mankiewicz, Carle, Nguyen, j'ai un film de Manon Briand sur l'étagère qui attend d'être consommé. J'écoute les soeurs Boulay duquel je suis amoureux et Dumas dans ma voiture. J'avais de bonnes raisons d'avoir les dispositions pour écouter le gala de l'ADISQ. C'est un clip de Safia Nolin, recevant son trophée de révélation de l'année qui est venu me chercher.

On m'a révélé un Québec grossier. Pas là où vous le pensez.

J'ai pleinement savouré en direct une spontanéité tout ce qu'il y avait de plus rafraîchissante (oui, Stéphane E.Roy). Un "weird" échappé en recevant son trophée, suivi aussitôt d'un "fuck! ça fait deux fois que je dis weird!" puis d'un tout aussi hilarant "Fuck! j'ai dit fuck!".

Et ensuite "merci premièrement et deuxièmement, j'aimerais dire à toutes les filles du Québec: vous pouvez faire tout ce que vous voulez. Faire de la musique. Faire des jobs de gars, on s'en crisse! et aussi votre corps vous appartient!"

Là, j'ai presque versé une larme. Encore en vous écrivant et en revisitant le moment, j'ai dû freiner des larmes.
Je me disais que c'était EXACTEMENT les mots qu'il fallait utiliser envers les femmes sous l'emprise des dogmes islamiques. Ici. In the land of the free. Sur la terre de nos aïeux. Chez les gens du pays.

Tous les mots.
Sauf peut-être le "on s'en criss". Parce que justement, on ne devrait pas s'en crisser. la liberté est un devoir quotidien.

Denise Bombardier, qui réunit en sa personne ce qu'il y a de plus irritant, détestable et déplacé chez les femmes de sa génération à aussitôt dit de Safia Nolin: "elle réunit en sa personne ce qu'il y a de plus infantile, détestable et déplacé chez un artiste" Pas une artiste. un artiste. Denise aime que le masculin domine son féminin. Comme chez Tony Acurso. Bravo, Bombardier, les hommes t'ont bien agenouillée.

J'aimerais dire à toutes les filles du Québec: vous pouvez faire tout ce que vous voulez. Faire de la musique. Faire des jobs de gars et aussi votre corps vous appartient!

Tout, dans ce qu'elle a dit est parfait. SU'A COCHE.

Sophie Durocher, superficielle à souhait, a pour sa part choisi de regarder l'emballage.
Christ
de
conne.

En plus de critiquer le jab mérité qu'a fait Louis-José Houde aux penseurs de l'émission La Voix Junior, elle a critiqué le choix vestimentaire de Safia Nolin.

Cette fois la phrase de Nolin doit être ramenée "ON S'EN CRISSE!"

MESDAMES' VOTRE CORPS VOUS APPARTIENT!

Sophie ne voulait pas l'entendre. Ne veut toujours pas l'entendre. Elle veut le voir.

La musique est un plaisir d'abord pour l'oreille. Ariana Grande fait beaucoup moins de sens sans vidéo.

Lise Ravary en a rajouté sur Safia, se confirmant vieux croûton et plus petite dans sa tête encore.

C'est déjà ardu pour ces Femmes de devoir convaincre les Hommes qu'elles sont 100% notre égale, voire sont supérieures à nous, c'est terrible de constater qu'elles n'ont même pas l'appui des voix féminines de la presse écrite. Une presse moins bien éclairée que le vocabulaire de Safia Nolin, même.

Des voix sourdes et répugnantes.
3 voix qui lui disent et répète "ton corps n'est pas ton territoire, il est pour nos yeux"
Vous la pensez riche? Et même si elle l'avait été, porter du linge c'est affirmer quelque chose.
Bravo de ne pas avoir joué au christ de tapis rouge. Rien n'est plus plastique qu'un tapis rouge.

Fuck! Réveillons-nous! véhiculer la stupidité comme l'ont fait Bombardier, Durocher*) et Ravary (et des centaines d'internautes) c'est édifier le temple de la superficialité et obscurcir les vrais enjeux qui sont de plus en plus pertinents avec vos coups en bas de la ceinture: VOS CORPS VOUS APPARTIENNENT, MESDAMES!

L'enfer c'est les autres disait Sartre.

Fuck les autres! Plus que jamais. Et viva Safia!

Fuck, j'ai dit fuck!

Pour citer les lumineuses soeurs Boulay:
"C'pas que t'es pas fière, mais y comprendraient pas"
Ils l'ont prouvé

Stay high, Safia

* 2 fois, puisque la première fois, elle a dû se relire et se trouver gnochonne.

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