vendredi 11 novembre 2016

Trainspotting

Le livre de l'auteur écossais Irvine Welsh est lancé en 1993.

Il s'agit d'un recueil de nouvelles racontant les histoires de jeunes adulescents, forts consommateurs d'héroïne, et/ou complices d'activités destructives pour eux-mêmes et pour les autres. Ce sont des histoires de dépendances. Des voix punk, qui peu à peu, grandissent flirtant avec la maturité tout en plaçant la sagesse, toujours un peu dans la poche d'en arrière. Celle sur laquelle on s'écrasera en s'assoyant.

Des voix rebelles qui ont vite fait écho chez moi.

Le livre a un tel succès qu'on en a fait une adaptation au théâtre, Ewen Bremner, qui incarne Spud dans le film, sera la principal personnage sur scène dans la peau de Mark Renton. Danny Boyle, que j'avais beaucoup aimé pour son premier film, m'a totalement gagné pour son deuxième: l'adaptation du livre culte d'Irvine Welsh en 1996. La qualité du casting, le choix des plans, la musique carrément tirée de mes cd's.
Depuis, je l'avoue, Boyle m'intéresse moins. Bien que j'ai vu 5 de ses 11 films suivants, un seul et demi m'a plu pour vrai.

Trainspotting, le film, raconte (principalement) les aventures de Mark "Rent boy" Renton, Daniel "Spud" Murphy, Simon "Sick boy" Williamson et Françis "Franco" Begbie et de leur entourage dans les dépressives années économiques de la fin des année 80 dans le secteur d'Edimbourg, en Écosse. La langue (et ses slangs) y sont tout à fait charmants. Une traduction française de la chose doit être une torture et un sabotage absolu du contenu vocabulaire et de la musique lyrique. Voilà pourquoi je n'ai jamais lu les livres de Welsh encore, car je ne les trouve qu'en franchouillard français.

Ironiquement, lorsque j'avais vu le film en 1996, je ne me doutais pas encore que j'allais le visionner dans la ville poche qui m'abriterait maintenant. J'habitais Montréal et nos voisins d'appartement direct au troisième étage étaient nos meilleurs amis. Je ne sais trop ce qui avait retenu le bon docteur Breton ce jour-là, mais il n'était pas avec nous. Sa conjointe, Jazzy Jazz, et ma conjointe m'accompagnaient pour aller voir le film au cinéma Tops. Tout juste avant le film, les filles avaient réclamé passer quelque part pour se prendre à grignoter pendant le visionnement, ce qui ne pouvait que coûter moins cher que ce qui se vendrait sur place. Ce qui est toujours vrai de nos jours.
J'avais stationné la voiture, ne voulant rien, et était resté au volant avec vue sur le Boulevard St-Martin et j'attendais mesdames au volant pendant qu'elles se choisissaient du bon manger cheap. Soudain, à quelques 10 pieds devant moi, une importante intervention policière en direct. Pas une, pas deux, mais bien trois voitures de police coupent et encadrent une quatrième voiture, de civil celle-là, et la force à enjamber le trottoir et à monter presque jusqu'à moi. Immobilisée, la voiture est forcée de s'arrêter et le chauffeur en sort. les mains dans les airs car deux des voitures de police pointent leurs fusils sur le chauffeur et tout le monde crie. Je me rends compte que j'ai moi-même, dans une loge involontaire pour ne rien manquer de ce spectacle impromptu, les mains dans les airs au volant de mon char. On menotte le bougre. tout le monde repart. Personne ne m'a accordé une seconde d'attention. Je suis ébranlé. Les deux filles reviennent dans l'allégresse avec leurs chips et leur manger cheap. Elles n'ont rien vu, rien entendu. Aucune trace de ce qui vient de se passer sinon mon regard stupéfié.

"Qu'est-ce que t'as Jones, t'es blanc comme un fantôme?".

Ça c'était avant le visionnement du film. Le voyage offert par Boyle/Welsh allait tant me plaire par la suite que j'allais en acheter le DVD. Le mariage visuel/auditif et narratif se trouvant pour moi dans la calibration parfaite de ce que devrait toujours être le cinéma pour stimuler mes sens. De plus, Jonny Lee Miller est mon sosie. Encore plus facile de s'y identifier. Mon propre fils en regardant la photo m'identifiant sur le blogue m'a même dit "Papa! T'as mis ta vraie photo?".

Welsh a écrit une suite intitulée Porno, en 2002, se déroulant 9 ans plus tard, avec les mêmes personnages, qui ont maintenant choisi la vie et qui s'aventurent dans l'univers érotique, bon gré mal gré. En 2012, il a aussi écrit un prequel appelé Skagboys. Il y aurait beaucoup d'histoire personnelle dans les trois livres et les personnages seraient fortement inspirés de lui-même et de ses potes. Welsh a eu de lourdes dépendances aux drogues dures. Dans le film de Boyle, il a un amusant caméo.

À chaque Noël, depuis 20 ans, sur les listes de suggestions de cadeaux, j'ai demandé des livres d'Irvine Welsh. d'abord mollement, comme dernier choix. Sans préciser de titres. Puis avec le temps, j'ai été plus précis: Filth, The Acid House, Crime, The Sex Lives of Siamese Twin*. C'était parce que je les demandais en anglais ou encore parce que les titres inquiétaient, je ne les ai jamais eus.

Quand nous étions sortis du film (mettant aussi en vedette une jeune Kelly MacDonald dans son premier rôle), les filles étaient traumatisées, là où je planais.

"Qu'est-ce que vous avez les filles, zêtes blanches comme des fantômes?"

Nous étions aussi allé voir (en deux temps, crise du verglas obligeant un premier report) la pièce de théâtre au Quat'sous qui mettait en vedette un ami commun à tous, (le bon docteur Breton y étant cette fois) ami qui terminait la pièce de manière grandiose avec une seringue plantée en plein engin sexuel.

Spectaculaire sortie...

J'ai eu vent cette semaine d'une adaptation libre de Porno, mettant en vedette les mêmes acteurs qu'il y a 20 ans. Ewan McGregor, Ewen Bremner, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle et Kelly MacDonald, ont repris du service avec Danny Boyle et une suite sera lancée fin janvier/début février 2017.

J'ai dit à l'amoureuse "pour ma fête prochaine, j'ai juste besoin qu'on aille voir le film ensemble".

La bande-annonce a non seulement fait ma journée, mais toute la fin de mon année et le début de ma prochaine.

Je sais déjà que j'achèterai.
Et que je n'attendrai même pas Noël pour aller m'acheter des Welsh en langue d'Edimbourg.

Pour tout ce que j'ai envie de lire, boire, voir ou entendre,
mon passage sur terre sera toujours trop court.

*En raison du titre, je n'ai jamais osé demander Porno...

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