samedi 10 décembre 2016

Si Les Chemises Brunes Épousent Ta Cause...

...pose-toi des questions.

Je ne voulais pas vous en parler. Parce que ces gens veulent surtout que l'on parle d'eux.
Peu importe la manière, et on y viendra à la manière.
Il me semble que je vous parle que de malhonnêteté depuis quelques temps.

Zoom sur les moins habiles dans la classe.

Guy Nantel s'en pose beaucoup de questions. Il nous les pose aussi de la scène. Beaucoup. Il les soulève. Des questions pas tout le temps pertinentes. Dirigées. Pour mener à un gag. Pas souvent très drôle. Un gag, dit social, qui fera réfléchir le spectateur moyen. Toutefois, on a presque toujours le temps de dire à voix haute "...à quelle heure le punch?..." avant que le gag, moyen, ne rejoigne le spectateur. On caricature gauchement.

Guy s'est un jour découvert une passion pour Yvon Deschamps et a choisi d'en devenir l'enfant illégitime. Mais la filiation reste mince. Ce qui semble un lieu commun pour Nantel ne l'est presque jamais pour moi.

 Après un passage remarqué et couronné de succès à La Course Destination Monde, Nantel retourne à ses premières amours: l'humour et la scène. Il sera humoriste. Au Québec, on compte pratiquement un humoriste par tête de pipe. Guy voudra se distinguer comme humoriste social et engorgé engagé. Mais engagé dans quoi au juste? Le débat prêt à déraper surtout.

Pour montrer que les milléniaux sont surtout peu géniaux, Guy s'infiltre dans les manifestations étudiantes. pose des questions toute simple à des tonnes d'entre eux, et ne garde que les plus idiotes réponses pour un montage final voulu comique. Ces capsules, au montage douteux, je le répète, sont un grand succès, surtout sur le web, et nourrissent lâchement de malhonnêtes préjugés. Guy c'est l'humoriste où on ne rit pas, et qui vit très bien avec ça. C'est le gars à qui on lâche un grand "Haaaaaaaaa!..." quand il lance sa grenade. Guy est moins humoriste que lanceur de grenades. Des grenades toujours lancées dégoupillées, mais qui n'éclatent pas tout le temps.

Et derrière ces grenades, il y a le support de ce que le Québec a de plus laid à offrir. Des supporteurs à qui je ne ferai pas l' honneur de faire un montage des pires commentaires, sans risquer de faire la même chose que Nantel, avec ses montages injustes.

Guy, c'est l'ami de Dieudonné, qu'il vénère (vers la 17ème minute ici). Vous comprenez donc le genre. C'est celui qui choisira toujours de marcher sur la ligne entre le bon jugement et le mauvais, pour voir ce que le Québec est capable de tolérer. Avec pour but avoué de le faire évoluer.

Cette année, on a entendu Guy Nantel dans les mauvais corridors. On ne l'a pas entendu dans le corridor de celui qui fait rire et réfléchir, on l'a retrouvé dans le corridor de celui qui brandit la liberté d'expression comme passeport pour le mauvais jugement. Un numéro "comique" faisant allusion à la Commission des Droits de la Personne, a été censuré quelques jours avant le Gala des Oliviers, gala visant à récompenser les humoristes du Québec. Nantel en était le co-auteur avec Mike Ward. Ce dernier a été accusé et condamné pour atteinte à la personne de Jérémie Gabriel, un jeune handicapé devenu très public il y a quelques années. Tout cet épisode avait peu à voir avec la liberté d'expression et beaucoup à voir avec le manque de jugement.

Plus Nantel tentait de faire savoir que lui, Ward et les auteurs en général, étaient victimes d'une grave injustice, plus je sympathisais avec la famille Gabriel. Pour faire réfléchir, il faut avoir le talent de faire réfléchir. Martin Matte, en quelques petites minutes, recevant un prix au gala des Oliviers cette année , soulignait habilement le côté malhabile et de Ward et de Nantel dans cette petite tempête dans le monde de l'expression humoristique. Je ne suis même pas certain qu'ils l'ont eux-même compris. On peut rire de bien des choses. tout est dans la manière de le faire.

C'est justement la manière qui a coûté son emploi à Fred Dubé sur les ondes de Radio-Canada cette semaine. Plusieurs fois, j'ai trouvé qu'il usait d'originalité dans ses interventions, mais plusieurs autres fois, j'ai aussi trouvé qu'il avait remisé son jugement au vestiaire. Sa dernière intervention aura été trop creuse du côté du mauvais jugement. L'indigestion n'a pas passé.

C'est aussi la manière qui fait défaut quand Guillaume Wagner, se fait davantage remarquer pour ses fréquentations amoureuses, que l'on veut publiques, mais pas trop, et qui envie dangereusement ceux qui font plus d'argent que lui, au lieu de se faire remarquer pour ses blagues.

Finalement, c'est dans la manière que je méprise Guy Nantel qui a choisi cette semaine de lancer une conférence de presse avec des acteurs incarnant les grands tabous Québécois de 2016-2017 en promettant de rire d'absolument tout dans son prochain brulôt show "Nos droits et libertés".
Non ce n'est pas une rencontre d'un parti socialiste, c'est un spectacle d'humour.

Venez huilés, j'aurai des allumettes.

Guy a prétendu, faussement, être allé 3 fois à la Commission des Droits de la Personne, afin de savoir quelles sont les limites à respecter pour le contenu de son prochain spectacle et que les 3 fois, ils ont catégoriquement refusé de lui répondre...

Non, Guy.,.soit honnête.

Non seulement la question pue la mauvaise foi (Je n'aurais que répondu "utilise ton jugement"), mais ce n'est pas comme ça que ça c'est passé. La première demande visait une participation de la Commission à une vidéo promo pour le show à venir de Nantel, visée commerciale à laquelle la Commission n'a pas le droit de s'associer. La seconde fois était une variation de la première demande, avec encore une participation commerciale dans une vidéo promo de son futur show. La dernière était un piège, Nantel se pointant le 25 novembre dernier, caméra à l'épaule et sans s'annoncer, pour recueillir des commentaires à des questions impromptues au Président de la commission, mais celui-ci n'y était (heureusement) pas.

Malhonnête encore.
Comment dors-tu, Guy?

Suis-je le seul à voir un enfant testant les limites de ses parents?

Tu voudrais que le Québec se regarde dans le miroir. Si j'étais toi, je regarderais les spectateurs qui rient de tes blagues dans le blanc des yeux. Et je me poserais la question suivante. celle que les États-Unis, la France, l'Autriche, le Danemark, l'Italie ne sont pas tous franchement posés quand est venu et viendra le temps de voter non plus:

Suis-je en train d'ouvrir les bonnes vannes?

Le fou du roi existe depuis la nuit des temps pour secouer la poussière de la cour et divertir, mais il a toujours fait son show pour le roi.

Le roi ici, c'est le public des humoristes. C'est lui qui te fait vivre, Guy.

Et ton public n'est pas ce qu'il y a de plus joli.

Et n'est très certainement pas drôle.

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