vendredi 21 avril 2017

Épicerie Princière

Une betterave, un navet, une aubergine et un autre navet.

Dans le grand supermarché qu'est le monde des arts, certains acteurs se pensent chanteurs. Certaines personnalités publiques s'improvisent acteurs. Certains animateurs se pensent humoristes, tandis que quelques chanteurs se découvrent artisans de films.

Le défunt chanteur Prince s'était négocié dès le début de sa carrière quelque chose d'excessivement rare. Un contrôle absolu sur le produit final de son art musical. Personne d'autre que lui n'avait droit de regard sur la production de ses disques. Baveux comme pas deux, il avait exigé de son gérant au début des années 80 de prendre part à un long métrage. L'histoire "Dreams" de William Blinn allait être achetée par Warner. Albert Magnoli et Prince allaient réécrire le film et le mouler à la semi-autobio de Prince.

Prince se commettra 4 fois en films. Toujours dans le contrôle presqu'absolu.

Voici son épicerie cinématographique. Qui n'égalera jamais sa galeries de sons.

La betterave.
Merveilleux tubercule, la betterave est pleine de bienfaits, la quantité de fer et l'acide folique entre autre.
PURPLE RAIN. 1984.
L'histoire est de calibre adolescent. Prince est minuscule. Il passe donc facilement pour un ado. Je vois le film, deux ans plus tard, sur Musique Plus, dans un français assassinable, j'ai 14 ans. Je le loue donc au club vidéo, en VHS, en anglais, s'il vous câlisse de plaît. Les traductions européennes de nos réalités américaines...tabarnak! Une rivalité entre band, le band de Prince, celui de Morris Day, et pour les beaux yeux d'Apollonia, qui aura aussi son band, qui chante en tenue de nuit. Prince s'est toujours merveilleusement bien entouré de femmes. Je suis adolescent, je communie complètement au film, Parce que j'ai 14 ans. Avec le recul, le film est plus ou moins ridicule. Il est adolescent. Prince, dans ses fictions, ne dépassera jamais vraiment ce calibre. Mais en 1984, et encore en 1986, et encore de nos jours, sa musique sauve la mise. Un petit côté culte vient se frotter à mon coeur.

Un navet.
Pâle, fort peu calorique.
UNDER THE CHERRY MOON. 1986.
Heureusement qu'il y a la musique. Ce film, commencé sous la main de Mary Lambert, mais très vite, Prince veut prendre le contrôle et le fera. Son film précédent à fait gonfler les coffres de la Warner dans les sections films, musique et vidéos. Il a carte blanche. Il scénarise, joue le personnage principal et signe la trame sonore. Ce n'est que dans cette dernière catégorie qu'il score un peu. Il incarne un joueur de piano, dont le frère travaille dans le même hôtel de Monaco , et avec lequel il combine de petites magouilles afin de faire un peu d'argent ici et là. Une riche héritière (Une jeune et adorable Kristin Scott-Thomas de 21 ans) aura présumément 50 millions pour son anniversaire. Les deux frères se déchireront sur elle dans leurs approches cabotines. Affffffffffffreux film du calibre d'un film de fin de session au secondaire. Extrêmement amusant à visionner de nos jours. Ne serais-ce que pour les beaux yeux de Kristin Scott-Thomas et de la ravissante Francesca Annis, dont le talent est complètement gaspillé.
Tourné en noir et blanc, avec Jerome Benton, de la formation The Time, qui incarne le frère de Prince, mais qu'on a beaucoup de difficulté à l'imaginer en hétérosexuel. Steven Berkoff, dans le rôle du père de la belle semble le seul professionnel (avec Kristin et Francesca qui elle, se cherche un espace) de l'entreprise. Ouch!

Une aubergine.
Légume-fruit, mélange des genres.
SIGN O' THE TIMES*. 1987.
Prince est dur à décourager. Son dernier film s'est mérité 5 prix aux Razzies Awards, récompensant les pires choses du cinéma cette année là (pire acteur, pire acteur de soutien, pire film, pire réalisation, pire chanson pour "Love or Money", je suis d'accord avec tout ça). Il persiste dans son envie de faire un film. Comme les ventes de tout ce qui a suivi Purple Rain ne font que péricliter vers le bas, Prince choisit de filmer sa tournée européenne, faisant la promotion de son album-double, mal aimé. Mais les images sont presque inutilisables. On refera un show à Paisley Park, ou Prince contrôle absolument tout, puisque c'est chez lui. 80% de ce qui est à l'image est issue du show à Paisley Park. Et outre Little Red Corvette et un morceau de Charlie Parker, afin de faire honneur à ses musiciens, tout ce qui sera joué sera tiré de son album double Sign O' The Times. Sheena Easton, Sheila E., Cat Glover...Prince ne s'entoure que de belles femmes...J'ai 15 ans.

Un autre navet.
Toujours pâle. Sans calorie.
GRAFFITI BRIDGE. 1990.
Puisque Purple Rain était une semi-auto-bio de Prince, Graffiti Bridge sera une semie-suite. On y reprendra les mêmes personnages, Prince est maintenant proprio d'un bar et principal interprète et Morris Day, Jerome et la bande de The Time, sont maintenant des magouilleurs professionnels, On se défie, on rivalise, ce qui devait être un véhicule de promo principalement pour The Time, devient le show de Prince, dans un film ou ni la musique, ni rien ne vient valoriser rien. Tout y est risible. Sauf Ingrid Chavez, 25 ans, à l'aube d'une belle carrière auprès de Madonna et de son amour David Sylvian. Madonna s'était vue offir le rôle de la belle, mais avait trouvé que le scénario était de la pure merde. Si Madonna. l'une des actrices les plus merdiques qui soit trouve que...alors c'est dire! Prince se raisonne, le film est une catastrophe à tous les niveaux. Il n'en fera plus jamais vraiment. Écrit et réalisé par Prince? même résultat qu'en 1986. Stick to the music, dude.

C'est con, parce qu'il pouvait être drôle et généreux.

Mais les légumes mauves c'est aussi bon. C'est selon.

Prince Rogers Nelson dit Prince, The Artist Formely Known As Prince, puis Prince encore a été retrouvé mort dans un ascenceur de Paisley Park aujourd'hui il y a un an, à Minneapolis.

Vaincu par les opioïdes.

Il avait 57 ans.





  *Hyperlien en vitesse accélérée et au son faible.

Aucun commentaire: