mercredi 19 avril 2017

Femmes & Taureaux

"Une femme peut-être petite et délicate, mais forte et intrépide aussi"

C'est ce qu'a dit Kristen Visbal, sculptrice de la fearless girl, petite fille de 9 ans, les deux mains sur les hanches, inspirée de la fille d'un ami, sous des traits un peu latins. La statue y a été placée dans le quartier de Wall Street il y a un an, en mars, afin de protester contre la décision annoncée des bonzes de Wall Street de ne pas miser sur le sexe des grands dirigeants, mais bien sur la compétence de ceux-ci, sans égard pour le sexe mis en candidature.

La proposition n'est pas ce qu'il y a de mieux. Je suis complètement d'accord avec la compétence avant le sexe (ou la race, ou la langue-Canadiens de Montréal m'entendez vous?). Mais j'aime lire la première ligne en haut et y faire ma propre interprétation. Les femmes, de tout âge, ont besoin de se tenir forte face à la mâlitude de Wall Street. Qui peut être affreusement malsaine. Je trouve la sculpture très belle et inspirante pour toute les femmes du monde.

Pas Arturo Di Modica.

Di Modica est l'auteur de la sculpture du taureau qui charge de Wall Street. Une autre splendide oeuvre.

La sculpture du taureau a sa petite histoire. Jamais la ville de New York ne l'a commandée. En réponse au krach boursier de 1987, Di Modica et son équipe ont posé un acte de guérilla artistique deux ans plus tard, le 15 décembre dans la  nuit, et ont placé sous le sapin de Noël, face à la bourse de New York, le taureau en question. En guise de cadeau aux New Yorkais et pour souligner la force et la puissance du peuple. La police a saisi au petit matin la sculpture de 3,2 tonnes et l'a aussitôt placée à la fourrière. Mais elle a plu à pas mal tout le monde. La ville l'a reprise et le New York City Department of Parks & Recreation lui a permis d'être transférée à son endroit actuel, sur la place de Bowling Green à deux blocs au Sud de la bourse.
Il s'agit de l'une des statues les plus photographiées de New York et la légende urbaine veut que si on lui gratte le nez, qu'on lui saisit les cornes et qu'on lui flatte les testicules, la fortune nous sera bonne et rapide.

La statue de la petite fille sans peur a été placée à New York directement face au taureau qui charge.  Le bravant. Elle y est depuis plus d'un an. C'était la durée du contrat.

Mais le succès a été grand. Et l'image forte. C'est tout simplement superbe. Avec Donald Trump qui fait reculer l'importance des femmes de 50 ans, la statue a pris une valeur plus grande encore. Indépendamment de Wall Street.

La semaine dernière, le triste Arturo Di Modica s'est plaint de la décision de New York d'étendre le contrat d'une autre année. La petite fillette sans peur restera là où elle est jusqu'en mars 2018. Puis, elle ira ailleurs. Ces quatre derniers mots sont importants. ELLE IRA AILLEURS, ARTURO.

Di Modica s'est plaint que la présence de cette petite fille dénature son oeuvre original qui n'avait pas besoin de rajout et qui n'avait pas été créée pour avoir des complément(s).

Sa réaction, à elle seule, justifie le prolongement du séjour de la petite fille sans peur, un an de plus, là où on la voie présentement.

Je peux comprendre qu'il trouve que l'oeuvre originale soit légèrement dénaturée, mais ce n'est pas pour toujours. La critique y est légitime, mais y a pas de quoi en faire un drame, sa présence n'est que temporaire.


Le nombre d'affronts que subissent les femmes est inimaginable pour un homme. Ça passe de petits affronts quotidiens, à de plkus subtils perpétuels à des horreurs, comme en Turquie en ce moment, où tout ce qui se vote autour d'Erdogan est un recul pour le statut de la femme dans tous le pays. Nous vivons dans un monde de mâles où les femmes doivent se battre en tout temps. Et bien souvent contre d'autres femmes pour s'y tailler la place qu'elles se souhaitent obtenir dans le monde. Et encore là, une fois trouvée, cette place, la femme fera face a nettement plus de jugements que la plupart des hommes. Et devra souvent se battre plus longtemps pour la garder et plus fort passé un premier congé de maternité.

Une femme peut être petite et délicate, mais forte et sans peur aussi.
Elle se doit de l'être. Et pas juste dans nos Amériques.

Wall Street est majoritairement mâle, et il est bien et nécessaire de rappeler que la femme y a aussi sa place. Ironiquement, c'est un homme qui a imposé ses couilles de taureaux qui se plaint justement de la présence, temporaire, de la petite fille. Ce qui lui donne toute les raisons d'y rester encore 11 mois, selon moi.

Après? une seule place me semble nettement faire du sens.

Elle devrait être placée, de l'autre côté de la rue, face à la Trump Tower.

Sans aucune espèce de doute dans mon esprit, ça me parait tout à fait pertinent.

Parce qu'une femme peut être petite et délicate, mais doit être forte et sans peur, aussi.

Plus que jamais, aux États-Unis.

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