samedi 12 août 2017

Clochette Suspendue

Suzie ne croyait plus beaucoup aux hommes. Ni à la vie. Elle ne voulait pas mourir, mais elle pouvait complètement comprendre que quelconque ne veuille plus beaucoup de cette vie.

Démissionnant des Hommes, avec grands et petits H, elle se trouva un job dans une animalerie. À l'entretien des bêtes. Seulement là, croyait-elle avoir trouvé un sens à sa vie. Adoptant elle-même, pas moins de 5 chiens, 4 chats. un oiseau en cage, quelques écureuils, une tortue, deux poissons, une grenouille. Les animaux donnent de l'amour inconditionnellement. Même si ils exigent de manger et ne font pas leurs besoins tout le temps intelligemment.
De plus, les animaux pouvaient, en cas extrême, être abandonnés au pied d'un volcan ou plus responsablement dans une animalerie, justement. Pour de meilleurs maîtres.

S'étant endormie sur le divan, un après-midi. À son réveil, elle avait choisi d'aller se chercher un verre d'eau, un oeil sur sa ménagerie, pour la plupart dans la cour arrière. Un vent étrange souffla sur la monotonie du jour et fît sonner la petite cloche suspendue sur sa galerie arrière. C'est à ce moment qu'elle cru avoir la berlue.

Elle entendait ses animaux dialoguer entre eux! Et les bêtes parlaient d'elle!

"Sérieux, cette conne est tellement creuse!"

"J'en reviens pas de voir à quel point les humains peuvent penser facilement qu'on s'intéresse vraiment à eux. Cette fille pense vraiment qu'on l'aime nous aussi!"

"C'est pas comme si quelqu'un d'autre pouvait vraiment nous nourrir, on est fourré en maudit!"

"Moi je trouve ça pire que la famine. Tu vas être cool avec elle ce soir, toi?"

"Pas tellement le choix, j'ai faim"

Suzie sortit en trombe:

"TRAÎTRES! TOUS COMME VOUS L'ÊTES! JE NE PEUX MÊME PAS VOUS FAIRE CONFIANCE À VOUS? MES PROPRES ANIMAUX?"

Les animaux se regardèrent entre eux. quelques un soupirèrent, d'autre firent une lâche course hypocrites feignant de vouloir jouer, d'autres roulèrent leurs yeux au ciel.

"Fuck! on est mis à jour!"
"C'est pas comme si tu nous avais surpris sur vidéo, qui croira ce que tu leur racontera?"

Suzie n'avait pas son téléphone de toute manière, elle était hors d'elle.

"Je vous faisais confiance!"

"Mais encore...?"

"Je vous croyais nobles et gentils, bons, fidèles. aimants. Vous faites semblant simplement pour que je vous donne à manger!"

"Pour se faire gratter derrière les oreilles aussi...des fois..."

"Ou regarder entre tes jambes pour une érection facile..."

"Je suis tellement déçue, comment croire au monde maintenant?"

Les animaux se consultèrent du regard avant que l'un d'eux ne dise:
"Suzie, tu penses tellement être différente et mieux que nous..."
"Condescendante est le mot que tu cherches, dit la tortue, du salon dans la maison.
"...condescendante merci! toute ton espèce se pense tellement meilleure que nous, divine ou "race choisie"..."

"...pardon?"

"Ah Ta gueule! T'es de mauvaise foi, Tu nous ennuies. Si tu étais un animal autre qu'un être humain, tu serais l'animal le plus seul au monde..."

"Tu serais Lonesome George!" ajouta la tortue du salon, dans la maison.

"...Vous pensez tous que vous nous êtes supérieurs, êtes vous seulement capable de faire ça?" a dit un chien en se passant la patte derrière le cou.

"Tu n'a confiance en personne parce que tu ne te fais pas confiance en toi-même" a ajouté un chat.

"Je ne peux certainement pas vous faire confiance en tout cas!" protesta Suzie.

"Fais une Femme de toi bordel! si quelqu'un devrait comprendre les lois de la jungle, c'est bien toi, joualvert!"

Le vent souffla à nouveau de cette drôle d'envolée, à la fois chaude et froide, sans bruit, mais décoiffant les toupets, et faisant à nouveau sonner la clochette de la galerie arrière.

Suzie eût tout juste le temps d'entendre de la part des animaux:

"Content de pouvoir enfin te parler, boss..." fût la dernière phrase.
D'on ne sait trop qui.

Les animaux redevinrent des animaux,  et ne reparlèrent plus jamais.
Mais le rapport avec Suzie ne fût jamais le même par la suite.

Suzie sentit même l'équivalent du rapport qu'elle entretenait avec ses collègues de travail. Des amis aux conversations plus ou moins sincères qui ne se souciait absolument pas de sa vie.

Ou d'elle-même


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