vendredi 8 décembre 2017

Tintin en Chine

L'équipe de Justintin Trudeau a encore fait preuve d'un brin d'inexpérience.

Ils avaient pourtant fait leurs devoirs. L'équipe de Trudeau avait consulté, depuis début 2017, plus de 600 consultants d'affaires, principalement d'origine chinoise, ou qui ont déjà beaucoup commercé avec la Chine. Le rapport sur ces consultations sont même disponibles sur le net. Et quiconque les lit, y trouvera des centaines de pages de bémols. De la part de gens qui ont fait affaire avec la Chine depuis longtemps. Faire affaire avec la Chine, c'est compliqué. Vous faites affaire avec des gens qui accordent une valeur démesurée à la hiérarchie, ce qui est très peu cultivé chez nous.

Donc dès le départ, le Canada, ce n'est pour eux qu'une succursale des États-Unis. Les États-Unis de Donald Trump. Et comme on ne s'entend déjà pas avec Trump sur des accords de libre-échange, comment voulez-vous que la Chine prenne le Canada au sérieux pour des échanges commerciaux?

Le régime en place ne correspond en rien aux valeurs de chez nous.

Dans une émission d'humour à la radio, on faisait dire au président chinois, sur un ton ironique, le lendemain de la victoire de Trump aux États-Unis:

"Et vous vous demandez pourquoi on ne laisse jamais notre peuple choisir son président?"

Si le président chinois à la radio était un personnage joué par un comédien Québécois, ce que suggérait le gag était vrai. Le peuple chinois n'a rien à dire sur ces élus. Il obéit. Dans la hiérarchie.

Mais la Chine a-t-elle besoin du Canada ou le Canada a plutôt besoin d'une soupape en cas d'assassinat de libre-échange avec les États-Désunis?

Ce qu'on peut lire dans les médias chinois (contrôlés par le parti communiste), est que le Canada souffre d'un complexe de supériorité et de narcissisme, et qu'il n'existe (à leurs yeux) que dans l'esprit d'une colonie des États-Unis, qui ne s'entend même pas avec ceux-ci de toute manière.

On a même dit que "si vous êtes si fort, Canada, pourquoi vouloir tant faire affaire avec la Chine? Si vous voulez vraiment faire de la business avec nous, commencez par faire taire vos vulgaires médias."

Donc dès le départ, la presse libre, NOTRE presse libre, est une embûche pour les Chinois. Faire affaire avec des gens qui vont la commenter? Pas question.

Ce type de condamnation chinoise de la liberté d'expression n'est pas nouvelle. Ils ont traité l'anglaise BBC de "dégueulasse station" et s'es est aussi pris au Washington Post.

On s'attaque donc à Trudeau, en visant les médias qui le couvrent, mais d'autres pensent aussi que ce que raconte les médias, dans ses chroniques d'opinions, sont les réelles visées du Premier Ministre, puisque de leur point de vue, ce qui se raconte dans les médias est TOUJOURS contrôlé par le parti.

Que ce soit l'un ou l'autre, ça gêne beaucoup la Chine. Cette "indiscipline" des médias. Tout comme leur absence de considération pour le simple droit humain nous affole. Ce que Trudeau tâte, peu à peu, c'est un mariage contre raison. Avec un peuple qui a assez peu en commun avec le nôtre.

La Chine ne respectait en rien Stephen Harper. Ce qui n'était pas anormal, il était irrespectable. Si on a accueilli (deux fois) Justin, c'est surtout pour son nom de famille. Son père, Pierre Eliot, avait été salué avec respect Mao avant même de reconnaître les États-Unis de Nixon. La Chine s'en rappelait.

Si la première rencontre était l'accueil d'une étoile dans le firmament. Le dernier séjour à tout simplement remis les pendules à l'heure. On a normalisé les relations. Le Canada n'est qu'une graine dans la plage mondiale pour la Chine.

Plusieurs ont dit que Trudeau revenait bredouille de la Chine. Sa mission économique a peut-être débuté, justement comme une mission économique, mais s'est transformée en "exploration" pour un possible libre-échange. Ça fait un peu junior.

Mais ce qui fait traîner le voyage dans l'ombre de l'inefficacité, c'est aussi que les Canadiens John Chang et Allison Lu sont détenus en Chine depuis mars 2016. Pour avoir sous évalué (volontairement) la valeur du vin qu'ils exportaient en Asie (Ils sont vignobles en Ontario et en Colombie-Britannique). Alisson Lu a été libérée après qu'une caution eût été payée mais n'a pas le droit de quitter la Chine. Chang est toujours en prison et ne peut communiquer avec sa fille, au Canada, que par l'intermédiaire de son avocat.

Plusieur pensaient que Justin serait en mesure de revenir avec Chang & Lu.

Et ben non.

Tintin en Chine, c'était pas une super mission.

Aucun commentaire: